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Critique d'album

Babyshambles


Sequel To The Prequel


(03/09/2013 - EMI - Dohertisme - Genre : Rock)
Produit par

1- Fireman / 2- Fall From Grace / 3- Penguins / 4- Minefield / 5- Seven Shades Of Nothing / 6- Picture Me A Hospital / 7- New Pair / 8- Dr. No / 9- Sequel To Prequel / 10- Farmer's Daughter / 11- Maybeline / 12- Nothing Comes To Nothing
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Les Babyshambles accouchent enfin de leur excellent album de pop anglaise. "
Pierre D, le 07/10/2013
( mots)

Comme à son habitude, Babyshambles déboule sans prévenir. On pensait le groupe disloqué depuis son dernier effort studio en 2007. Que s'est-il passé depuis tout ce temps ? Pour Babyshambles on ne sait pas trop vu qu'on a toujours suivi le groupe essentiellement via son fantasque leader Peter Doherty. Lui a sorti de son côté un excellent album solo en 2009 (Grace/Wastelands), il a dessiné des fringues pour une boutique de mode, il a même joué dans un film excessivement médiocre tout en se produisant dans tout ce que la capitale française compte de rades pourris. Et puis apparemment Drew McConnell, le bassiste des Babyshambles, s'est dit qu'il était temps de relancer la machine (et le tiroir-caisse) maintenant que Doherty avait commis l'impensable en reformant The Libertines le temps d'une lucrative tournée des festivals en 2010.

Drôle de groupe que ces Babyshambles. En 2004 les Libertines se dissolvent pendant que Doherty apparaît sur toutes les scènes du monde avec ses Babyshambles, un groupe de baltringues sévèrement intoxiquées. Le DVD Up The Shambles capté à Manchester cette année-là donne une bonne idée de ce qu'est alors le groupe : une formation qui débute et qui, sans la présence de la coqueluche des tabloïds, n'aurait sans doute pas joué ailleurs que dans les pubs de Camden. Sauf qu'à cette époque Peter Doherty est présent partout, notamment dans la presse, rarement pour des raisons musicales, et le public afflue à ses concerts plus qu'aléatoires. Il parvient en 2005 à faire la une de Rock & Folk deux fois en moins d'un an avant même d'avoir sorti le moindre album avec Babyshambles.

C'est cet état de groupe débutant qui déterminera la manière dont seront appréhendés les disques des Babyshambles. Quand paraît Down In Albion, admirateurs et détracteurs s'accordent sur le caractère brouillon et chaotique du disque. Il y a de grandes chances pour que cet album ait été considéré comme très mauvais malgré quelques éclairs mélodiques, si n'était la personnalité (au mieux amusante) de Peter Doherty. Mais on apprécie l'ex-Libertines avec une curiosité morbide qui pousse à aimer dans ses disques leurs aspects les plus bordéliques, sensés refléter son existence en bâtons de chaise. Or la triste vérité est que, les années passant, il devient bien difficile de se satisfaire de ça. L'oreille s'est affûtée et la poudre aux yeux blafarde et maladive balancée par les Babyshambles ne fait plus effet. On y voit surtout esquisses, chaos indigne d'être couché sur bandes voire foutage de gueule éhonté.

Heureusement Sequel To The Prequel doit plus au sublime Grace/Wastelands de Peter Doherty qu'au chantier orchestré aux débuts du groupe. Produit par Stephen Street, le disque a le malheur de débuter avec "Fireman", charge punk rock un peu pénible alors qu'on n'a jamais particulièrement aimé les Babyshambles pour leur capacité à faire du boucan avec des guitares au son de casserole sur lesquelles s'égosille le chanteur. Avec le single "Nothing Comes To Nothing" on retrouve un visage de la bande de Doherty plus avenant : un groupe qui tente d'écrire de la pop anglaise classique, guitares en arpèges, légèreté du ton. On oserait dire sans prétention mais la pop anglaise n'est jamais meilleure que lorsqu'elle se veut immortelle, cf. l'ensemble de la Britpop des années 90 qui tenait absolument à rivaliser avec l'âge d'or des sixties (quand seul The La's y est parvenu). "Nothing Comes To Nothing" n'est rien d'autre que de la Britpop remise au goût du jour dans un contexte où les Etats-Unis ont la main en matière de pop depuis une dizaine d'années maintenant (The Strokes, Jack White, My Morning Jacket, The Pains Of Being Pure At Heart...).

Sequel To The Prequel prolonge Grace/Wastelands en faisant preuve d'un éclectisme réjouissant, d'autant que Doherty a toujours affirmé ne pas vouloir se cantonner à la version du punk ferraillée chez The Libertines. Il y a donc du music-hall qui swingue avec indolence ("Sequel To The Prequel"). À une époque le groupe se serait peut-être contenté d'une esquisse, en 2013 les choses sont faites avec plus de sérieux et le piano bastringue fait des merveilles. Les Babyshambles s'en sortent même avec l'exercice périlleux qu'ils foirent lamentablement à chaque fois : le titre reggae-ska. "Pentonville" (Down In Albion) était incongru et embarrassant, "I Wish" (The Blinding EP) confinait au ridicule, "Dr. No" est tout à fait honorable. Il faut croire que Babyshambles a peut-être écouté avec attention le "Ghost Town" des Specials pour y trouver climat dépressif et paranoïaque, mélancolie sautillante, basse grondante et vocaux enfumés. Peter Doherty fait tellement d'efforts pour incarner une Angleterre fantasmée, entre Yeats, Oscar Wilde, les Beatles et le métissage de la Londres jamaïcaine, qu'il a fini par transcrire fidèlement sa vision dans un album de son groupe.

Entre réelle érudition et pirouettes mélodiques, Sequel To The Prequel s'en tire toujours avec les honneurs. "Maybelline" est une vieille chanson déjà jouée mille fois en concert, qui tient sur deux accords efficaces, et pourtant ça fonctionne. "Fall From Grace" et "Picture Me In A Hospital" tricotent le même canevas, lui-même piqué au "I Want You" de Bob Dylan, mais là encore la grâce est au rendez-vous. Parce que malgré toutes ces astuces et ces ficelles, Babyshambles compose toujours une musique parfaite pour tomber amoureux, entre élan de voyage, romantisme et décontraction. Les arpèges acoustiques de "Fall From Grace" et les violons adorables de "Picture Me In A Hospital" suffisent à porter des ritournelles simples et enchanteresses. Il faut dire que Babyshambles dispose d'un personnel polyvalent (la basse louvoie sans difficulté entre punk, reggae, pop et folk) et d'une voix unique. C'est heureux que la batterie se fasse discrète car la touchante douceur du timbre de Doherty reste un atout majeur du groupe. Après avoir forcé comme un malade sur l'accent cockney (aidé en cela par un très bon placement de micro par le producteur, on est d'accord) le chanteur reste plus que crédible dans le registre du sensible folkeux juvénile brûlé au crack. Il est toujours à la barre, Babyshambles est toujours son groupe.

Non seulement Sequel To The Prequel est inattendu dans sa parution mais il l'est également dans le fait qu'il est à coup sûr le meilleur disque du groupe. On n'aurait pas parié un centime sur la capacité des Babyshambles à accoucher d'un bon disque pop et celui-ci se révèle excellent, tenant les écoutes prolongées avec une qualité constante. Ça n'empêche pas Doherty de toujours faire des concerts un peu minables, ce qui n'est pas très important avec un disque pareil.

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