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Critique d'album

Elbow


The Seldom Seen Kid


(17/03/2008 - Fiction Records / Polydor / Geffen Records - Britpop classe - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Starlings / 2- The Bones of You / 3- Mirrorball / 4- Grounds for Divorce / 5- An Audience with the Pope / 6- Weather to Fly / 7- The Loneliness of a Tower Crane Driver / 8- The Fix / 9- Some Riot / 10- One Day Like This / 11- Friend of Ours / 12- We're Away
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Les vainqueurs du Mercury Prize 2008 n'ont pas usurpé leur titre."
Nicolas, le 17/07/2009
( mots)

Les lois du marketing sont ainsi faites qu'il aura fallu patienter près de dix ans pour qu'Elbow parvienne officiellement jusqu'à nos étalages français. Dix ans, soit, de façon plus pragmatique, quatre albums, quelques premières parties prestigieuses récentes (notamment U2), un changement de label, un emprunt de single pour une BO de film (le truculent Burn After Reading des frères Cohen), un jingle anglais pour les JO de Pékin, et surtout, surtout, un Mercury Prize 2008 remporté au nez et à la barbe de Radiohead (qui concourrait avec In Rainbows), ou encore British Sea Power et The Last Shadow Puppets, excusez du peu. Nos chers gérants de labels seraient-ils parvenus à un aveuglement (ou à une mauvaise foi) si énorme pour qu'ils sous-estiment ainsi l'un des groupes anglais les plus talentueux de la décennie ?

A l'écoute de The Seldom Seen Kid, pourtant, on comprend assez rapidement pourquoi personne n'avait encore osé miser ses prunes sur cette énième formation de Manchester. Car l'album n'est pas facile d'accès, pas du tout même. Les premiers passages de platine sont ainsi partagés entre un intérêt courtois et une incompréhension curieuse, entre une fascination immédiate pour la voix envoûtante de Guy Carvey, une excitation évidente pour la spontanéité de titres comme "The Bones Of You" ou "Grounds For Divorce", et une perplexité inquisitrice quant à tout le reste, entre down-tempos indolents, mélodies cryptiques et instrumentation souvent dispersée. De plus quelques choix de mixage étonnent, alternant entre atmosphères intimistes quasi-silencieuses et vacarme harmonieux arrachant quelques sursauts à l'auditeur assoupi, les cinq énergumènes allant même jusqu'à étaler sur différents niveaux sonores les parties vocales de leur charismatique leader. Elbow, phénomène anglo-anglais atypique condamné à n'être prophète qu'en son pays ?

Non, bien sûr que non. Une fois passé un certain cap, une fois convaincu que l'on a avant tout affaire à un groupe qui refuse de céder aux sirènes commerciales faciles et qui préfère délivrer une pop classe et personnelle, une fois effectué l'effort (petit effort) pour entrer dans l'univers poétique du quintette, The Seldom Seen Kid tient toutes les promesses liées à son rang. Le début de l'album est absolument remarquable, enfilant les ambiances comme autant de perles assorties avec soin, entre mélodie timide et surprenants coups de tonnerres de cuivre ("Starlings"), camaïeux de demi-tons et guitares expérimentales habiles ("The Bones Of You"), mélopée flottante et nappes majestueuses de violons ("Mirrorball") et grand hit anglais à reprendre en coeur à pleins poumons sur fond de basse vibrante à souhait ("Grounds For Divorce", imparable). Derrière ce sans faute, on retrouve des moments souvent mémorables : "The Fix" épatant de prouesse vocale et de richesse humaine digne des plus grands raconteurs, ou encore "One Day Like This" transcendé par ses orchestrations symphoniques flottantes. Le reste du temps, le groupe s'emploie simplement à délivrer une pop habitée, fignolée dans ses moindres détails, prenant tout son sens lorsqu'elle est écoutée dans le calme et le silence absolu ("An Audience With The Pope", "The Loneliness of a Tower Crane Driver", "The Riot", "Friend Of Ours"). Fuyez les auto-radios, les i-Pods concédés aux rames de métro tapageuses et les pièces bruyantes, c'est à la tombée de la nuit, au calme et dans le recueillement que la musique d'Elbow développe toute ses saveurs. Même "Weather To Fly", pourtant non exempte de redondances, gagne ses galons de noblesse dans la subtilité de sa progression et les inflexions émouvantes de Guy Carvey, immense chanteur qui surpasse bien souvent ses alter-egos de timbre que sont Chris Martin et Jimi Goodwin grâce à la sensibilité incomparable de son jeu vocal.

On aurait tôt fait de monter une énième comparaison entre Elbow et Coldplay, deux groupes qui n'étaient pas si éloignés que cela à leurs débuts mais qui n'ont aujourd'hui plus rien en commun. A quoi bon ? Laissons les seconds à leur succès pop-rock planétaire et à leurs millions de dollars, à leurs tubes évidents et à leur production calibrée pour plaire au plus grand nombre. Les amateurs d'authenticité anglaise préféreront quant à eux les premiers, sincères dans leur démarche, intègres jusqu'à la moelle des os, maîtres de leur destin et de leurs aspirations musicales, même si l'immédiateté n'est visiblement pas l'une des vertus que cultivent les cinq mancuniens. Certes, le succès d'Elbow est survenu bien tard, et il n'est encore que tout relatif. Mais qu'à cela ne tienne : les fondations de l'oeuvre sont solides, et il ne serait pas étonnant que le meilleur du groupe soit encore à venir.

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