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Critique d'album

Doves


The Universal Want


(11/09/2020 - - Indie - New Prog - Genre : Rock)
Produit par

Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Les Doves signent un retour impeccable. L'album de 2020 ?"
Maxime L, le 24/09/2020
( mots)

Encore un énième groupe anglais dont tout le monde ou presque se fout. Trop vieux, trop sages, pas assez ceci, pas assez cela, les Doves, s'ils sont connus et respectés en Angleterre, sont des quidam totalement ignorés ici en France. Et pourtant.


Avant de s'atteler à l'analyse de ce cinquiéme album, il convient de revenir brièvement sur l'histoire de la formation originaire de Wilmslow, ville cossue au sud de Manchester. Jim Goodwin (chanteur et bassiste) et les jumeaux Jez et Andy Williams (respectivement batteur et guitariste) se rencontrent au milieu des années 80, fréquentent assidument toute la scène de "Madchester" et sont des habitués du mythique club Mancunien "The Hacienda", qui voit défiler à cette période toute la clique des Happy Mondays, New Order et consorts.


Les 3 amis forment un groupe de musique électronique en 1988, "Sub Sub" et iront même se placer dans les charts britanniques au début des nineties avec "Ain't no Love", single aussi électro que dispensable. La suite, c'est un terrible coup du sort, puisqu'un incendie en 1996 ravage leur studio et l'intégralité de leur matériel. Ce sera en réalité un mal pour un bien, puisque suite à ce fait divers, nos trois anglais vont abandonner l'idée de racheter platines et autres synthétiseurs pour se rabattre sur des instruments "conventionnels" et former leur groupe de rock.


Il faudra attendre l'année 2000 pour entendre le premier (et excellent) disque Lost Souls sorti sous leur nouveau nom, "Doves". Un album qui aura un vrai retentissement outre-manche avec nomination pour le prestigieux Mercury Prize, de bons classements dans les charts UK, vite confirmé par d'excellentes ventes de The Last Broadcast 2 ans plus tard.


Les 3ème et 4ème efforts en 2004 et 2009 suivent le même chemin : très bien accueillis par la critique anglaise, Doves fait partie de ces formations respectées, suivies de près au Royaume-uni, trop intelligentes pour être ignorées, mais avec ce soupçon de malchance qui les voit se déployer juste après Coldplay qui en 2 ans, sortent leur extraordinaire Parachutes et A rush of blood to the head dans la foulée.


Et pendant que le groupe de Chris Martin deviennent les nouveaux U2, Doves reste coincé à quai, plantés comme des pigeons avec leur respectabilité, leur intégrité et leur absence de vraie notoriété internationale. Kingdom of Rust, leur quatrième album sort en 2009, avec le même accueil soigné et poli en Grande-Bretagne, pendant que Chris Martin et ses sbires explosent leur bilan carbone avec leurs pop de stade aux quatre coins du monde.


Lassés et lessivés, Goodwin et les frères Williams mettent Doves sous l'éteignoir et se consacrent à différents projets solo, à la destinée encore plus anonyme, même en Grande-Bretagne. Alors quand ils reviennent sans crier gare, dans une rentrée 2020 forcément particulière, on est fatalement surpris. Pas forcément impatients, Doves n'est ni Deftones ni Idles, mais on est curieux, attirés autant par ce retour musical que par le visuel sombre et intriguant de la pochette. Et ces tons violets lumineux éclairant ce qui semble être un parking de station service paumé au milieu d'une forêt anglaise traduisent parfaitement l'atmosphère de The Universal want.


Après un "Carousels" prometteur, installant confortablement l'auditeur dans une ambiance chaude et familière, se laissant apprivoiser sereinement par la voix incroyable de Jim Goodwin (qui ressemble disons le tout de suite à celle de Chris Martin) ; on comprend rapidement qu'on est en réalité en train de se faire piéger béatement par la beauté des compos et des arrangements.


Les morceaux prennent leur temps, dépassant pour la plupart les 4 minutes, et le tour de force des anglais est de parvenir à proposer des ambiances différentes, loin du cliché "tout pour la mélancolie" mais en conservant une vraie cohérence tout au long des dix titres. De la pop léchée presque sautillante de "I will not hide" à la ballade finale "Forest house" mêlant choeurs et nappes de claviers (et quelle sublime ligne de basse ), on est cueillis, happés presque hypnotisés par l'intelligence musicale des anglais et de la production en tous points parfaite.


"Broken Eyes" saura dès la seconde écoute s'instiller de façon délicate mais assurée dans votre cerveau. Pop-song brillante, elle dispose de tous les éléments pour en faire une chanson parfaite, basse ronde et dodue, voix habitée, ligne de guitare glissante, solo mélodique, toutes les cases sont cochées. Et c'est au moment de l'enchainement avec "For Tomorrow" que l'on comprend que nous avons définitivement affaire à un grand disque.


Ce morceau qui s'étend sur plus de 5 minutes, commence presque avec une boucle soul, pour se muer rapidement en bijou mélodique à l'entrée du piano, et se transformer en chef d'oeuvre brit-pop mélancolique (quel refrain époustouflant encore). Chanson éminemment cinématographique, elle aurait sa place dans n'importe quelle bande originale de film soigné sur le questionnement de soi, avec cette pointe d'espoir entrevue au bout du tunnel, ce néon violet qui clignote sur ce parking perdu.


Si l'on n'achète plus de disques pour un morceau, il convient de s'arrêter durablement sur ce "For Tomorrow' qui personnellement trône en très bonne place des chansons imparables de 2020.


Si "Cathedrals of the mind" peut évoquer (une nouvelle fois) Coldplay, n'ayez crainte, il s'agit là du bon Coldplay, ambitieux et n'ayant pas encore mis la main sur les (trop) grosses ficelles faciles. "Prisoners", le premier single, rappelle aussi inévitablement Coldplay , mais certaines parties instrumentales piochent du côte de Radiohead, dans l'utilisation des guitares, notamment sur la partie break-solo.


Et si nous avons beaucoup parlé jusque là de Jim Goodwin au chant et à la basse, il convient de saluer la prestation d'Andy Williams, dont les parties de batteries sont particulièrement efficaces et originales.


Au delà de Coldplay, on pense évidemment beaucoup à Elbow, autre groupe mancunien, avec un aspect peut être plus crépusculaire, là où la voix de Guy Garvey se fait plus lumineuse, plus "bienveillante" que celle de Jim Goodwin. On peut même y déceler le fantôme du meilleur de U2 (phrase difficile à imaginer en 2020 j'en conviens) sur des chansons comme "Cycle of Hurt". Et pour continuer dans le catalogue de (bonnes) références, on peut également songer aux Smiths et à Morrissey sur la première moitié de "Mother Silverlake" chantée cette fois par Jez Williams.


The Universal want est un très grand disque, qui possède en plus toutes les caractéristiques pour perdurer dans le temps, et s'il est toujours ardu de coller des étiquettes à des albums, celui-ci symbolise le retour en grandes pompes d'une brit-pop scintillante et intelligente, mais qui a hélas toutes les chances de passer une nouvelle fois inaperçu.

Avis de première écoute
Note de 4/5
Un comeback particulièrement appréciable tant Doves a manqué à la scène post-britpop. Dans la même veine que Coldplay (en moins tape à l'oeil) ou Elbow (en moins intello), le trio de Wilmslow prouve que sa singularité n'a pas disparu. Des mélodies léchées, des arrangements finauds, une large palette de sonorités et d'instruments, un exercice d'équilibriste habillement relevé. Doves est probablement ce que la scène anglaise mainstream peut produire de mieux à l'heure actuelle, The Coral excepté, et The Universal Want témoigne d'un niveau toujours aussi flatteur. Vivement la suite, et prions qu'ils ne s'arrêtent plus, cette fois-ci.
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