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Critique d'album

Can


Tago Mago


(00/08/1971 - United Artists - Krautrock - Genre : Rock)
Produit par

1- Paperhouse / 2- Mushroom / 3- Oh Yeah / 4- Halleluhwah / 5- Aumgn / 6- Peking O. / 7- Bring Me Coffee or Tea
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Le Krautrock comme paradigme"
François, le 18/12/2021
( mots)

Si l’appellation était initialement insultante, le Krautrock (littéralement "rock-choucroute" en référence à l’origine germanique) est devenu une catégorie à part entière de l’histoire des musiques populaires, possédant même une certaine noblesse désormais – retournement classique du stigmate. Du point de vue de rock, et du rock progressif en particulier, il renvoie à une école allemande expérimentale active de la fin des années 1960 au milieu des années 1970 (pour son âge d’or), inspirée par le rock psychédélique (et ses longues plages instrumentales improvisées), le jazz, la musique savante contemporaine, et affirmant un penchant pour les instruments modernes qui lui donnent des ramifications électroniques certaines. Il faut noter qu’au sein de l’histoire du rock progressif, cette scène allemande est particulièrement précoce puisque concomitante avec son homologue anglaise, en précisant que le rock progressif allemand ne se résume pas au Krautrock (il y a également eu une belle scène heavy-prog’ et une autre plus symphonique), et que le Krautrock ne se limite pas au rock progressif. En effet, on pourrait être tenté de donner une certaine autonomie au Krautrock, notamment quand on considère les groupes les plus électroniques qui en font partie sans avoir de liens esthétiques avec le rock (on pense avant tout à Kraftwerk, qui n’est pas des moindres). 


Laissons à chacun le  soin de réfléchir à ces débats lunaires sur la musique cosmique et penchons-nous plutôt sur l’un des représentants les plus fameux de ce courant, Can. 


Son importance vient premièrement de son ancienneté, le groupe ayant initié sa discographie en 1969 avec Monster Movie. Deuxièmement, par bien des aspects, Can est paradigmatique du genre, que ce soit par ses idées politiques (Communisme Anarchisme Nihilisme, toute une époque), par sa vie communautaire (au château de Nörvenich même si cet aspect n’est pas aussi poussé que chez Amon Düül II), ou enfin par ses expérimentations musicales et les hybridations proposées. Pour le comprendre, Tago Mago constitue une porte d’entrée parfaite. 


Rejoints par l’artiste japonais Damo Suzuki au chant, les membres de Can donnent à Tago Mago une gestation très longues, pendant plusieurs mois, tandis que le résultat est un montage du bassiste Czukay à partir de jams enregistrés, tout cela pour un double-album inclassable. L’originalité de l’entreprise musicale commence donc dès la phase "de composition". Mais ce n’est pas tout. 


Si l’on voulait souligner son côté le plus radical, on évoquerait évidemment les deux longs titres que sont "Halleluhwah" et "Aumgn", qui prennent chacun une face (aux alentours de 18 minutes pour chacune des pistes). Le premier emprunte déjà les chemins du funk par ses petits traits de guitare, ses percussions parfois tribales, sa ligne de basse répétitive et pleine de groove à la Herbie Hancock, puis glisse dans des univers sonores plus expérimentaux sans jamais dévier de sa base initiale. On sent les côtés improvisés, le jam incessant, mais le rythme soutenu et accrocheur permet de tenir la longueur. "Aumgn" est beaucoup plus bruitiste et difficile d’accès, une véritable audace typique des exemples les plus intransigeants du Krautrock. On s’y penchera pour l’histoire et pour l’ovni sonore qu’il représente, mais ce genre d’entreprise musicale connait ses limites dans sa longueur comme dans son côté daté. "Peking O", parfois jazzy, reprend cette expérimentation jusqu’auboutiste dans le chant (cris et onomatopées), les bruits, les parties atonales … 


On remarque rapidement que les structures répétitives, le côté mantra, sont un des axes principaux de Tago Mago. On retrouve cela sur l’hypnotique et explosif "Oh Yeah", sur lequel le travail aux claviers est remarquable (de même que les interventions de guitare), ou sur le court et trippant "Mushroom", avec son chant flegmatique, ses percussions étouffées qui lui donnent un côté pendule. 


L’album n’est pas toujours aussi expérimental qu’il n’y parait, et c’est surement ce qui donne un avantage esthétique au groupe par rapport au reste de la scène. "Paperhouse" joue sur le contraste entre un premier moment soyeux puis une seconde partie plus énergique. A la fois expérimental, répétitif, et relativement accessible, on remarque un dosage savant qui fait la force de Can par rapport à d’autres formations contemporaines. En conclusion, "Bring Me Coffe or Tea" lorgne du côté d’un psychédélisme jazzy et bluesy avec des références orientales et latines, sans perdre sa patte caractéristique. 


On aura du mal à donner un avis définitif sur ce genre d’album, à la fois très daté et intemporel, mais il est certain que c’est une pièce historique pour l’histoire du rock, du Krautrock bien sûr, et des musiques populaires. Les amateurs d’expériences musicales excessives ou les pèlerins de l’histoire du rock y trouveront largement leur compte, surtout quand on sait à quel point cette scène allemande a eu un impact important – mais à rebours – sur nombre d’artistes du XXIème siècle. 


A écouter : "Halleluhwah", "Mushroom", "Oh Yeah", "Paperhouse"

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