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Critique d'album

Bruce Soord


Luminescence


(22/09/2023 - Kscope - Progressif - Genre : Rock)
Produit par

1- Dear Life / 2- Lie Flat / 3- Olomouc / 4- So Simple / 5- Never Ending Light / 6- Day of all Days / 7- Nestle In / 8- Instant Flash of Light / 9- Rushing / 10- Stranded Here / 11- Read to Me / 12- Find Peace
Note de 3.5/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Une belle progression musicale vers la sérénité rattrapée par une trop grande linéarité"
Quentin, le 31/10/2023
( mots)

Si l'appréciation de la valeur d'une œuvre musicale est par définition une affaire de subjectivité, chroniquer son artiste favori s'avère être un exercice particulièrement délicat. Or, depuis que notre oreille s'est posée sur Variations on a Dream il y a de cela ans 15 ans, la sortie de chaque album du maître à jouer du voleur d'ananas constitue pour nous un événement musical majeur que nous attendons avec fébrilité. C'est donc peu dire que ce Luminescence a fait l'objet d'une écoute religieuse de notre part à sa sortie et gageons que les quelques semaines qui séparent la parution de l’album de cet article nous auront permis de nous forger une opinion aussi mesurée que possible.


Un nouvel album de Bruce Soord, donc. Un type modeste et besogneux qui a longtemps connu la galère et un anonymat quasi-complet, jouant son rock d'écorché vif dans des salles à moitié-vides et devant un parterre de fans réduit mais au soutien sans faille. Ce manque d'écho et de reconnaissance a longtemps été inversement proportionnel à la qualité de sa musique avec des premiers albums particulièrement ambitieux et réussis publiés sur le label Cyclops Records, récemment réédités par le label Kscope dans un coffret collector et que vous retrouverez brillamment chroniqués, par d'autres que moi, sur Albumrock. Un compositeur surdoué au rendement très prolifique mais qui s'est longtemps considéré un peu maudit et qui a été surpris lorsque le succès est venu timidement frapper à sa porte par l'intermédiaire d'un certain... Steven Wilson, happé par l'écoute du dramatique Little Man.


Soord va ainsi bénéficier d'un double coup de pouce du natif d’Hemel Hempstead : une première fois lorsque ce dernier l'encourage à signer sur le label Kscope, fer de lance des nouvelles musiques progressives, puis une deuxième fois lorsque la "mise en pause" de Porcupine Tree libère l'un des batteurs les plus talentueux du marché actuel, le dénommé Gavin Harrisson, qui quitte PT pour TPT. L'arrivée du prodigieux cogneur anglais donne alors un second souffle au groupe, sur le point de raccrocher après la sortie de l'album Magnolia à la réception critique décevante et permet surtout à Bruce Soord de partager enfin le poids de l'écriture et la dynamique de création au sein du voleur d'ananas. Particulièrement visible sur leur dernier album en date, Versions of the Truth, The Pineapple Thief version 2.0 porte le sceau de ce nouveau processus de composition plus collégial et moins personnel qui permet de fait à Bruce Soord de donner un nouveau sens à sa carrière proprement "solo". Une trajectoire similaire là encore à celle d'un certain Steven Wilson, d'abord seul aux commandes de Porcupine Tree avant d'atteindre la notoriété en tant que groupe et de profiter de cette dynamique pour relancer une carrière sous son nom propre (à la seule différence que Bruce Soord n'envisage a priori pas de mettre un terme à The Pineapple Thief, qui reste bien son projet musical majeur).


Cette trop longue introduction pour dire que Bruce Soord jouit désormais d'une renommée bien établie dans le petit milieu du prog, et qu'il peut donc envisager sa carrière solo avec une certaine liberté et la seule envie de faire ce qu'il lui plaît. C'est dans ce contexte qu'est né ce nouveau concept album enregistré entre 2021 et 2023, notamment en tournée, inspiré par l'idée de retrouver la paix intérieure. Luminescence (soit l'émanation d'une lumière bleue intense dite "froide" en opposition à l'incandescence) vient en effet répondre aux angoisses de All This Will Be Yours, marqué une vision très pessimiste de l'état du monde, pour offrir à l'auditeur un moment de plénitude hors du temps.


Comme toujours, la musique de Soord reflète ses états d’âme et Luminescence se pense ainsi de bout en bout comme une invitation à la quiétude et l'apaisement avec, une fois n'est pas coutume, une certaine dose d'espoir et de résilience. C’est ce que suggère le titre d'ouverture "Dear Life" et son refrain élégiaque typique des compositions de Bruce Soord ou le conclusif "Find Peace", rythmé par le son cristallin d'une guitare rêveuse. Dominé par les sonorités acoustiques et organiques, l'album bénéficie comme d’habitude d'un soin de production exemplaire avec en particulier des arrangements délicats de cordes signés Andrew Skeet (connu en particulier pour son travail avec Neil Hannon), qui enveloppent les compositions dans un écrin de douceur, à l'image du très beau "Olomouc" et ses violons virevoltants.


N’espérez donc pas trouver le moindre riff ou la moindre déflagration d’électricité sur Luminescence, les douze titres qui composent l'album baignent en effet dans une atmosphère onirique et épurée seulement troublée par la légère réverbération des arpèges ou des lignes de chant et quelques beats électro bien dosés. Délaissant complètement ses racines progressives et la complexité de la construction mélodique, Soord se focalise ainsi sur la confection de ritournelles entêtantes, délicates et mélancoliques portées par une interprétation sensible, à l'image de la simplicité désarmante du duo guitare/voix sur "So Simple", de la ritournelle lumineuse de "Instant Flash of Light" ou de la descente d'arpège de "Day of all Days" et son jeu sur les silences amenant un refrain à la beauté touchante. Les habitués des compositions de l'Anglais le savent, ses compositions rêveuses s’immiscent sans crier gare dans votre esprit et à ce jeu "Never Ending Light" remporte certainement la palme avec sa richesse d'arrangements (boites à rythmes, claviers, guitare sèche, guitare électrique en arrière-plan et vagues de cordes évanescentes) qui traduit une nouvelle fois le talent de Bruce Soord pour façonner des petits bijoux de sensibilité. Les morceaux à tendance "électro" sortent également du lot et offrent un peu de diversité à l'album avec un "Lie Flat" qui distille une atmosphère brumeuse et hypnotisante et qui certainement aurait mérité de plus amples développements et surtout "Nestle In" qui réintroduit une tension bienvenue avec le bruit d'une sirène au loin et la superposition des lignes de chant conférant un réel sentiment d'urgence au titre.


Sans être époustouflant, Luminescence ne connaît donc pas vraiment de morceau faible, si ce n'est le dispensable "Rushing" qui sert davantage de prélude à la superbe complainte douce-amère intitulée "Stranded Here" et son enchaînement "Read to Me", les trois morceaux étant reliés par le même fil conducteur mélodique. Un bel album, bien produit, sans fausse note, qui démontre une fois de plus toute l'étendue du talent de compositeur de Bruce Soord et la profondeur de sa musicalité mais qui pêche néanmoins par son absence totale de prise de risque. La disparition de toute dimension progressive laisse Soord dans sa zone de confort et on peut regretter un manque global de caractère et d’audace pour ce Luminescence aux allures de rivière tranquille, bien loin des montagnes russes émotionnelles auxquelles l’Anglais nous a habitués par le passé.


Aussi critiquable que puisse être le tournant de la carrière solo de Steven Wilson depuis The Future Bites, on ne peut faire autrement que lui reconnaître un certain courage et une volonté de se renouveler sans cesse, quitte à déstabiliser ses auditeurs les plus convaincus. Certes, les douces mélopées de Luminescence nous touchent infiniment plus que le trop froid et cérébral The Harmony Codex, mais on est en droit d’en attendre plus de l’immense talent de Bruce Soord. Ou ce dernier est-il lentement en train de perdre la flamme sacrée qui lui a permis de façonner tous ces joyaux par le passé ? Réponse avec le prochain album de The Pineapple Thief, qui devrait paraître en début d’année prochaine et que nous attendons déjà avec la plus grande impatience, vous vous en doutez...

Commentaires
DjangoNero, le 01/11/2023 à 10:24
Jamais, jamais, il ne fera jamais mieux que sur le premier Vulgar Unicorn, quel formidable potentiel gâché.