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Critique d'album

ASG


Blood Drive


(10/06/2013 - Relapse - Heavy rock / sludge - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Avalanche / 2- Blood Drive / 3- Day's Work / 4- Scrappy's Trip / 5- Castlestorm / 6- Blues for Bama / 7- Earthwalk / 8- Children's Music / 9- Hawkeye / 10- Stargazin / 11- The Ladder / 12- Good Enough to Eat
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"C'est chaud, c'est heavy, c'est pop, ça vient de Caroline du Nord : voici ASG."
Nicolas, le 24/07/2013
( mots)

Ne nous lassons pas de l’exprimer encore une fois : on ne remerciera jamais assez Kurt Cobain d’avoir réussi à populariser le rock lourd en le soustrayant à la vindicte exclusive des metal heads. Dans sa critique de Bleach, Maxime via Patrick Eudeline mettait en valeur un trait de courant essentiel du grunge, celui d’être du metal joué par des punk-rockers. Assertion aujourd’hui devenue peut-être un peu réductrice - il n’y a que très peu de punk, vous en conviendrez, dans le style et la musique d’Alice In Chains par exemple - et que nous pourrions tenter d’élargir un peu : et si le grunge, c’était tout simplement du metal, c’est-à-dire du rock essentiellement sabbathien, joué par des personnes extérieures aux moeurs du metal ? Si la viralité Nevermind a durablement contaminé toute une frange de la génération 90, il a fallu attendre bien plus longtemps pour que l’infection ne commence à se développer au sein même du mouvement metallique. On a déjà parlé du sludge en général, on a déjà évoqué l’épiphénomène atypique de Torche, et il va maintenant falloir surveiller de très près le cas d’ASG.

ASG, ça veut dire All Systems Go, même si Jason Shi aime bien plaisanter en affirmant que la vraie signification de l’acronyme, c’est Anarchist School for Girls. Basé à Wilmington en Caroline du Nord, à peine à 300 miles au Nord de Savannah, le quatuor exerce son art depuis un peu plus de dix ans maintenant sans avoir à ce jour réussi à se faire entendre convenablement. Si la mention du repère géorgien du sludge n'apparaît pas fortuite, on a du mal à rattacher ASG à ce courant, à deux - trois broutilles prêts comme un split réalisé avec Black Tusk ou encore un artwork d’album dessiné par John Baizley. D’ailleurs, en terme d’art graphique, on vous recommande de vous attarder quelques minutes sur le superbe dessin style art nouveau ornant la pochette de Blood Drive, un genre que ne saurait renier le frontman barbu de Baroness. Mais revenons à nos moutons (noirs) : des splits, ASG en a réalisé deux autres, aux côtés, excusez du peu, de Karma To Burn et de Red Fang. A défaut d’une filiation lisible, on note a minima un socle de valeurs communes à ces sudistes forcenés pour qui le metal ne doit plus être ce qu’il est, qui l’affirment et qui en sont fiers. A la frontière de l’alternatif ricain qui balance la purée sur des mélodies goguenardes (Weezer), du punk-rock californien frondeur (Bad Religion) et du son lourd de la Géorgie, ASG, tout comme Torche (tiens donc), brouille les pistes et délivre un rock bodybuildé agrémenté d’un chant en voix (très souvent) claire, et délivrant de vraies chansons, de vraies mélodies. C’est du metal mais ça ressemble à du grunge, la souffrance en moins... mais comme le grunge et le metal, c’est la même chose, on va arrêter les divagations théoriques et attaquer par le menu ce quatrième album.

Quatrième album certes, mais premier à nous parvenir depuis 2007 et surtout premier sur le label Relapse Records alors que les trois précédents étaient parus sur le plus confidentiel Volcom (qui héberge également, ô coïncidence, Torche), et ça, vous vous en doutez, ça va augmenter significativement la visibilité d’un groupe qui gagne à être connu et reconnu. Metal / grunge encore, Cobain encore, car oui, le chant de de Shi fait souvent penser au défunt blondinet de Seattle. Un peu plus aigu peut-être, un peu moins écorché sûrement, mais il y a en lui la verve grinçante, la fibre punk parfois hardcore (cf le furieux "Castlestorm"), la diction et le flow qui font mouche ("Scrappy’s Trip") et l’exigence d’harmonie d’un chanteur de rock qui s’efforce de faire plus, bien plus que de beugler comme un sourd dans son microphone. Question style, ASG connaît la musique et bétonne un son dense, compact, rutilant comme un american truck lancé à pleine vitesse sur une highway du sud des états unis. La fibre heavy du groupe est constamment mise en valeur, avec des guitares qui ne rechignent pas à faire cracher la disto dans des graves qui résonnent doctement, mais comparativement à la production heavy metal quasi-interchangeable de notre chère époque, la bouffée d’air frais reste indéniable. L’album fait d’abord lentement monter l’intensité, "Blood Drive" se plaçant sans problème comme la carte d’identité parfaite des caroliniens, avant d’exploser sur l’hystéro-épique "Castlestorm", climax en furie d’un disque qui ne s’avère pas si agité que cela. La preuve : la pression descend d’un bon cran avec la power balade "Blues For Bama", laissant Jason Chi développer des graves solennels et chaleureux, ambiance poursuivie à merveille par le calme et contemplatif "Earthwalk" ou, un peu plus loin, par la jolie mélodie désespérée de "The Ladder" et l’électro-acoustique apaisé de "Good Enough To Eat". Quand les gaz sont de nouveau comprimés et relâchés avec hargne, on verse dans le punk torchesque candide ("Stargazin"), le chorus frontal ravageur ("Children’s Music") ou le hardcore mélodique en mode power pop ("Hawkeye").

Pas besoin de vous faire un dessin : Blood Drive assure méchamment. On pourra toujours reprocher à Shi de tourner parfois un peu en rond ou de ne pas tutoyer l’excellence de songwriting d’un Steeve Brooks (ni d’un Kurt Cobain, cela va sans dire), il n’empêche qu’ASG verse dans un pan du rock que l’on se plaît à aimer de plus en plus, et vient confirmer tout le dynamisme et la qualité du heavy rock des Etats du Sud. Pas de prise de tête, encore une fois : il est peu probable que le groupe ponde un disque anthologique dans les prochaines années, mais en attendant, on se repaîtra abondamment d’un album de ce type, les vitres ouvertes et la sono à fond. Blood Drive est l’un des disques à ne pas manquer cet été, alors foncez : on vous met au défi de le regretter.

 

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