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Critique d'album

Anneke van Giersbergen


The Darkest Skies are the Brightest


(26/02/2021 - Inside Out - Rock atmosphérique - Genre : Rock)
Produit par Gijs Coolen

1- Agape / 2- Hurricane / 3- My promise / 4- I Saw a Car / 5- The Soul Knows / 6- The End / 7- Keep it Simple / 8- Lo and Behold / 9- Losing You / 10- Survive / 11- Love You Like I Love You
Note de 5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Le retour en solo d'Anneke, pour un magnifique album, solaire et mélancolique."
Maxime L, le 08/03/2021
( mots)

L'oreille et le cerveau humains sont quand même d'étranges machines. Alors que deux petites écoutes d'un nouvel album semblent nous avoir laissé de marbre, on se surprend quelques minutes plus tard, à fredonner presque inconsciemment un refrain qu'on avait à peine remarqué durant une écoute pourtant assidue de ces nouvelles chansons.


Et pour qui connait cette sensation, elle est aussi fascinante qu'inexplicable. Tout comme cette passion qui nous lie à certaines sonorités ou à certaines voix, en l'occurence ici pour votre serviteur, celle d'Anneke Van Giersbergen ; "parce que c'était elle, parce que c'était moi" serais-je presque tenté de dire, tant elle m'accompagne depuis si longtemps.


1995 : Anneke Van Giersbergen, jeune néerlandaise de 20 ans, débarque au sein du groupe The Gathering, à l'origine formation de death-doom métal et qui, sous son impulsion, va donner ses lettres de noblesse au métal rock atmosphérique (sur les opus Mandylion et Nighttime Birds), pour s'aventurer ensuite vers une sorte de trip-rock ciselé et magistral (à partir de How to measure a planet en 1998) qui fera des merveilles, jusqu'à son départ du groupe en 2007. Depuis, la belle Batave a multiplié les expériences et les projets divers et variés. Que ce soit en solo (d'abord sous le patronyme d'Agua de Annique), ou par le biais de nombreuses collaborations (Ayreon, Danny Cavanagh d'Anathema, The Gentle Storm, Arstidir et surtout aux côté du doux dingue Devin Townsend), Anneke Van Giersbergen nourrit nos oreilles et notre esprit depuis plus de 25 ans, de sa voix douce et angélique.


Et la sortie d'un album solo de sa part est toujours un évènement pour celles et ceux qui la suivent depuis ses débuts, à plus forte raison lorsque son précédent disque, Drive, en 2013 n'était pas complètement une réussite. 


The Darkest Skies are The Brightest, qu'on va considérer comme son sixième effort solo, bénéficie en plus d'une histoire et d'une génèse assez singulières.


Inspirée par le Kintsugi, un art Japonais consistant à réparer des objets cassés en porcelaine avec du fil d'or, Anneke Van Giersbergen profite d'une période de profonde instabilité pour se mettre face à elle même et affronter ses doutes. En proie à des difficultés financières avec son projet métal "Vuur" qui n'a pas reçu l'accueil escompté, Anneke Van Giersbergen doit en outre se mesurer à une problématique finalement assez commune mais bien réelle : un mariage qui s'érode et qui invite à se poser de multiples questions. C'est dans cet état d'esprit qu'Anneke Van Giersbergen décide de s'extirper de son quotidien, pour investir une petite maison isolée dans une forêt d'Eindhoven, dans une retraite méditative et créatrice avec deux idées en tête : s'interroger sur sa vie et en profiter pour extérioriser artistiquement ce questionnement, et avec pour seul compagnons une guitare et un matériel d'enregistrement basique.


The Darkest Skies are The Brightest : ce nom d'album qui résonne comme un mantra semble être une magnifique conclusion aux divers questionnements de la chanteuse, qui parvient à tirer de cette expérience une issue lumineuse. Car c'est un disque à la fois solaire et très personnel que nous offre l'artiste, à l'image de l'artwork de la pochette, très à propos.


Musicalement, et autant le dire tout de suite, au delà de sa voix, rien ne rapprochent ces 11 chansons de ses oeuvres précédentes. The Darkest Skies are The Brightest est un disque doux et délicat, dont chaque piste fût pensée et composée sur une guitare acoustique, comme le titre "Agape", première perle éclatante qui s'ouvre sur une guitare voix, épaulée de cordes discrètes pour déjà nous conquérir avec un refrain (qui donne son nom à l'album) qui sous ses airs naïfs, saura s'instiller durablement dans vos oreilles.


C'est le premier petit tour de force de ce disque après quelques minces écoutes, on se surprend à fredonner des lignes, sans doute aidé par la diffusion de singles sortis depuis quelques semaines. Gageons d'ailleurs que ces trois titres, "Agape", "Hurricane" et "My Promise" sont les trois premières chansons de l'album, et si c'est peut être totalement fortuit, cela permet d'être rapidement dans l'ambiance du disque, en terrain connu, pas encore conquis, mais avec quelques points de repères mélodiques. Et de la mélodie, "The Darkest Skies are The Brightest" n'en manque pas.


Au bijou inaugural qu'est "Agape" (et sa ligne de guitare électrique délicieusement cachée et qu'on ne découvre qu'après plusieurs écoutes) succède "Hurricane", sa rythmique très sombre et qui saura se révéler addictive, grâce notamment à cette trompette à mi-parcours, rappelant certains très bons titres de ses premiers disques post The Gathering (on pense spécifiquement à "Day After Yesterday" sur Air).


Si tout le disque a été composé par Anneke Van Giersbergen sur une guitare acoustique, les arrangements vont bien au delà du simple et caricatural "guitare-voix" introspectif. "My promise" s'ouvre sur un décor désertique, rehaussé de quelques percussions avant de délivrer un refrain aussi léger qu'inspiré, pour faire voyager la chanson jusqu'en Europe de l'Est et ses violons tziganes de toute beauté. Orchestrations folkloriques, cuivres, violons, les choix de production, menée par Gijs Coolen, un ami proche de la chanteuse, s'ils sont surprenants à la première écoute, vont parfaitement s'intégrer au paysage musical érigé par Anneke Van Giersbergen, qu'on sent vraiment libre et épanouie, et à qui l'acoustique va décidément très bien (ce dont on avait évidemment aucun doute tant elle excelle dans cette configuration).


S'il fût composé entre quatre murs, l'écoute de The Darkest Skies are The Brightest n'invite qu'à une chose : partir, voyager, s'évader, avec dans nos valises ses chansons, à la fois rayonnantes et mélancoliques. On a envie de se réveiller à l'autre bout de la terre, au son de "The End" et de sa pureté digne du premier matin du monde. Elle est peut être là d'ailleurs, l'utilité d'accoler au disque le terme "world-music", étiquette un peu fourre-tout employée dès qu'on entend un instrument "traditionnel" ou "foklorique". On est en tout cas très loin d'Eindhoven lorsque résonne "The Soul Knows", inoffensive au premier regard, mais dont la rythmique sautillante et le refrain qui tutoie les sommets s'imprégneront là aussi pour de bon dans vos oreilles en forme de carnets de voyages.


L'homogénéité de l'oeuvre est un autre de ses points forts, chaque chanson possède sa propre identité, souvent dans le même esprit, folk et contemplatif, tout en gardant une ligne directrice claire et cohérente. Ne dépassant que rarement les 4:00, les morceaux, simplement et sobrement troussés, s'enchainent naturellement, avec de fantastiques trouvailles (ces choeurs de sirènes en canon sur "Keep It Simple" à s'en délecter au casque), et toujours ce dénominateur commun depuis le début de l'histoire et depuis 25 ans : cette voix, superbe et incroyablement pure.


Et toute subjectivité mise à part, on ne peut que s'incliner devant la beauté de son timbre, sur qui le temps ne semble pas avoir d'emprise. Si Anneke Van Giersbergen n'a jamais cherché la performance et la démonstration vocale durant sa longue carrière, elle peut s'enorgueillir d'une technique assez folle, lui permettant de passer d'une voix de gorge à une voix de tête avec une facilité mais surtout un charme déconcertants. On pense en premier lieu au refrain de "The Soul knows", mais surtout à la splendeur qu'est "Losing You", nouveau tour de magie d'Anneke Van Giersbergen qui magnifie une ballade presque anodine en un diamant cristallin, avec un refrain qui, tout en douceur, va délicatement s'installer, sans faire de bruit.


Et c'est presque dommage que le titre suivant "Survive" nous sorte de notre mélancolie cotonneuse, car presque trop rythmé, nous qui nous étions habitués à nous lover entre le ciel et ses murmures. Sans doute le temps faible des 11 titres, avec les couplets de "Lo and Behold" très "folk américains et feux de camps" malgré un refrain qui s'envole et heureusement bien meilleur.


L'album n'est pas parfait, et seul le temps nous permettra réellement de juger de sa place dans la discographie d'Anneke Van Giersbergen, mais pour qui recherche de la douceur, de la musique inspirée et incarnée, The Darkest Skies are The Brightest arrive à point nommé, en même temps que les premiers rayons de soleil du printemps, et qui confirment les dires d'Anneke : le ciel le plus sombre finit toujours pas s'éclaircir.

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