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Actualité

Plein de bougies bougies : L.A. Woman, The Doors


Etienne, le 19/04/2016

Album : L.A. Woman - Artiste : The Doors - Date de sortie : 19 avril 1971 -  Producteurs : The Doors, Bruce Botnick, Joey Levins, Adam McCabe - Label : Elektra - Chronologie : 6ème et dernier album studio (avec Morrison)

Une femme crucifiée sur un pylône, c'est la première image que l'on découvre en ouvrant l'ultime album des Doors. Étonnement, celle-ci saura passée outre la censure pourtant on ne peut plus rigide sur ce genre de blasphème ostentatoire, particulièrement au pays de l'Oncle Sam. Morrison pousse la provocation à son paroxysme - rien d'inhabituel jusque là - alors que celui-ci est en plein procès après une arrestation mouvementée à la suite d'un concert à Miami où il aurait volontairement montré l'objet du délire de ses dames à toute la foule.

À l'ouest, grossi, barbu, dépressif, l'ex-sex symbol du rock psychédélique californien n'est plus que l'ombre de lui-même. La figure angélique du Roi Lézard s'est muée en triste vétéran boursoufflé d'un rock n' roll qui voit ses émérites représentants rejoindre les cieux à vitesse grand V. Car nous sommes en 1970 et le monde pleure les disparitions prématurées de Jimi Hendrix et Janis Joplin. C'est d'ailleurs pour aller produire l'album posthume de cette dernière (Pearl, dont nous parlions déjà dans cette rubrique en début d'année) que Paul Rotschild, producteur de toutes les productions des Doors jusqu'alors, fout le camp devant l'ampleur du désastre annoncé.

Car en plus des frasques extra-musicales débilitantes de Morrison, la musique présentée par les membres restants des Doors convainc si peu Rotschild qu'il n'hésitera pas à qualifier ces ébauches de "pâtée pour chien". Pas démoralisés pour un sou, Krieger & co. enrôlent leur ingénieur du son Bruce Botnick comme producteur et foncent enregistrer l'album sur un banal huit pistes. Pour revenir aux fondamentaux simples et bruts du premier album selon Densmore.

Pourtant, L.A. Woman n'a rien à voir avec l'éponyme acclamé à l'époque à l'exception peut-être de son éclatante réussite. Jerry Scheff (bassiste d'Elvis Presley) et Marc Benno (guitariste de Leon Russell) viennent en aide aux Doors pour des sessions qui voient Manzarek enfin abandonner son rôle d'architecte et s'adonner aux joies d'un jeu décomplexé qui donnent lieu aux parties de claviers les plus diaboliques et follement mélodiques du répertoire des Doors.

Krieger fait rugir une guitare blues, sablonneuse tout le long d'un disque empreint d'une incroyable densité. Le credo est simple: revenir au blues terreux, puissant et faire de la musique des Doors, trop associée à tous les excès et autres délires psychiques, un tremplin d'accès aux émotions pures et provoquer les tourments de l'âme par le simple son d'un bottleneck crasseux ("Been Down So Long") ou le venin d'une wah-wah malsaine orgiaque ("Cars Hiss by My Window").

Mais tout ça ne serait rien sans l'extraordinaire chanteur qu'est Morrison. Même avec une voix fracassée par des années de tournées et d'alcool, il délivre sa poésie lubrique et malicieuse avec une prestance unique, intemporelle. Se glissant dans la peau d'un sexagénaire éperdu d'une jeune fille inaccessible ("Love Her Madly") ou contant l'histoire délurée d'une prostituée cheveux en flammes (la voilà la fameuse L.A. Woman...), Jim Morrison n'a jamais semblé si libéré et assume enfin le merveilleux parolier qu'il est, racontant autant les douces amourettes d'amants passionnés ("Cars Hiss by My Window") que sa frustration et sa colère d'homme dans "Crawling King Snake".

Et si "L'America" voit enfin le jour après avoir été refusée par Antonioni pour la BO de Zabryskie Point, c'est bien le sublime épitathe "Riders on the Storm" qui marque de sa virtuosité émotionnelle ce disque épique d'un groupe culte. Se refermant sur un grondement de tonnerre annonçant d'imminentes trombes d'eau, cette sublime ode à la mort californienne sera le dernier morceau enregistré par les Doors avant le tragique et sordide épisode parisien du désormais troisième "J".

Tel un symbole, c'est dans l'eau que la vie quittera celui qui aura porté le rock aux confins d'une poésie torturée et viscérale, magnifiée par un dernier disque magistral qui ne pouvait lui offrir meilleure sortie. La fin de l'homme est pathétique. La fin du chanteur, magnifique.

Break on through to the other side, Lizard King...

La chronique par Maxime est par ici.

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