Depeche Mode
Salle : Groupama Stadium Lyon ()
Première partie :
La venue de Depeche Mode en France est toujours un évènement en soi. Ça l’est encore plus compte tenu de la carrière très avancée du groupe, de leur retour récent avec Memento Mori, et ça l’est également d’un point de vue personnel, n’ayant jamais vu le groupe en live malgré une bonne vingtaine d’années à les écouter très assidûment.
On fera l’impasse sur la première partie, Young Fathers, dont l’électro puissant et ses touches reggae-ragga m’ont laissé de côté, pas aidés en cela par un son très approximatif. Ça n’est jamais simple d’ouvrir pour un groupe, ça l’est encore moins dans un stade qui n’attend qu’une seule chose : l’entrée des légendes de Basildon.
Ce sera chose faite aux alentours de 20h45, sur les premières notes de “My Cosmos is Mine”, titre qui ouvre Memento Mori. D’abord Martin Gore et les musiciens additionnels, puis enfin l’immense Dave Gahan, sous les hurlements d’un public déjà conquis. Détail important, nous sommes en catégorie pelouse “classique”, derrière les premières barrières jouxtant les régies (elles mêmes reculées par rapport à la pelouse “or”). Le son est finalement assez bon, pour autant que ce soit possible dans un stade, la scénographie est à la fois assez “simple”, un immense “M” animé en guise de backdrop, sur lequel seront projetés des images, conjointement aux deux écrans géants de part et d’autre de la scène, mais tout à fait classieuse, à l’image de ce qu’a l’habitude de proposer un groupe de cette envergure.
Niveau setlist, je fais partie de ceux qui ne regardent pas à l’avance le programme des concerts précédents, et compte tenu de la densité de tubes et d’extraordinaires morceaux de Depeche Mode, être complètement satisfait de ce point de vue aurait tenu du miracle. Miracle qui n’a donc pas eu lieu, pire, la setlist constitue la première déception de la soirée. Non pas que les morceaux joués ne soient pas les bons (encore que), mais ils étaient agencés bizarrement. Lorsqu’on pense que le concert décolle enfin, vous savez, cette fraction de seconde où vous sentez qu’il se passe littéralement quelque chose sous vos pieds, autour de vous, et que 50 000 personnes sont en passe de chavirer, ici sur un “Everything Counts” frissonnant en diable, le groupe choisit d’enchaîner avec deux morceaux très (trop) calmes, qui font redescendre le public à une vitesse vertigineuse. Nous aurons droit dans la foulée au quart d’heure réglementaire de chansons chantées par Martin Gore, dont la justesse et le charisme seront complètement effacés par un Dave Gahan fidèle à lui-même : haranguant la foule, débordant d’énergie et grand vainqueur à l’applaudi-déhanchomètre général. Il lui suffit d’une simple main passée dans les cheveux pour provoquer une clameur dans chaque recoin du stade. Si d’un point de vue scénique, on peut difficilement lui reprocher quoi que ce soit, en revanche, vocalement le constat est bien plus nuancé. Disons les choses très clairement, aussi coûteux que ce soit tant j’ai une admiration sans bornes pour lui, mais il était faux sur 2 bons tiers des morceaux. C’était criant sur “World In My Eyes” (en dépit du bel hommage rendu à Fletcher) et un carnage sur “A Pain that I’m Used to”. Alors quand ont résonné les premières mesures de “Wrong” (leur meilleur single du 21ème siècle ?), on était en droit d’être inquiets tant la chanson est difficile, mais il faut reconnaître qu’il a su limiter la casse. Seuls les morceaux de Memento Mori semblent avoir été chantés dans la bonne tonalité. Dommage que ce soient les moins intéressants. Ce qui confirme au passage la qualité toute relative de l’album. Même “Ghosts Again”, pourtant solide dernier single pâtit du choix incompréhensible de réalisation : diffuser le clip sur les écrans géants durant toute la durée du morceau.
Malgré ses problèmes de justesse, Gahan (60 ans !!) ne faiblit pas quant à son jeu de scène déhanché et débridé, tendant le micro au public dès qu’il en a la possibilité, hurlant des “Come On” pour nous faire participer encore davantage. Quand bien même la prestation (vocale surtout) n’est pas parfaite, difficile de ne pas vibrer dès lors que les classiques (et quels classiques !) sont envoyés : “I Feel You”, “Stripped”, “Enjoy The Silence” et un rappel qui se termine par “Never Let Me Down Again” et “Personal Jesus”. Même un “Just can’t get enough” pourtant insupportable sur disque fera l’unanimité, Dave Gahan arborant un sourire tout à fait réjouissant, qui semblait dire “40 ans plus tard, on chante encore cette chanson, et vous n’en avez toujours pas marre”.
Plus de 2 heures de show, une vingtaine de morceaux joués, pas tous à la perfection vous l’aurez compris, mais tout de même la sensation grisante d’avoir vécu pour de vrai, un concert d’un groupe mythique, qui m’accompagne depuis tant d’années.
Setlist :
My Cosmos is Mine
Wagging Tongue
Walking In My Shoes
It’s No Good
Sister Of Night
In Your Room
Everything Counts
Precious
Speak To Me
A Question Of Lust
Soul With Me
Ghosts Again
I Feel You
A Pain That I’m Used To
World in My Eyes
Wrong
Stripped
John The Revelator
Enjoy The Silence
Rappel :
Waiting For the Night
Just Can’t Get Enough
Never Let Me Down Again
Personal Jesus