Contrairement à ce que l’on pense, le rédacteur (la rédactrice) rock n’est pas, même s’il (elle) aime entretenir cette légende, un être mystérieux et omniscient qui ne s’abreuve que de la musique du Diable. Derrière la collection officielle de disques qui occupe les étagères du salon, il y a un "Enfer", cette alcôve où sont cachées des œuvres épouvantables et "interdites". Ces musiques maudites doivent rester à l’abri du regard et de l’ouïe car elles pourraient dévaster la réputation de leur propriétaire auprès de ses pairs ou de ses lecteurs et lectrices. Les albums de l’Enfer ne sont écoutés que dans le plus grand secret (tentures fermées, éclairage tamisé et, évidemment, casque sur les oreilles).
Heavy Rotation dévoile les trois titres qui ont été réellement écoutés en boucle par les membres de la rédaction durant ces derniers jours. Alors, bienvenue au Paradis ou bienvenue en Enfer ?
Daniel
1. John Lawton – "Me And My Harley". La veuve de John Lawton (ex-chanteur du Butterfly Ball et de Uriah Heep) a rendu un touchant hommage à son bonhomme en publiant une compilation faite de bric et de broc. Parmi les brocs, il y a ce titre de 1982, enregistré pour une campagne publicitaire. Emouvant témoignage du fait qu’un artiste doit parfois tout concéder pour gagner sa croûte…
2. Blackberry Smoke – "Dig A Hole". Ce sera un de mes titres de 2024. Il contient toute la philosophie de vie rock que j’aime.
3. Abba – "Voulez-Vous". J’ai rangé tous mes complexes "pop" au placard lorsque j’ai lu que Abba était définitivement le groupe préféré de Ritchie Blackmore. L’occasion magnifique de ressortir ma compilation "Gold". Chef-d’œuvre…
Maxime L
1. Wayfarer - "False Constellation". Dans la catégorie "Je n’aime pas le Black Metal, mais ça j’aime bien". Ce titre est à l’image de tout l’album "American Gothic" : du black metal qui semble narrer l’histoire des Etats-Unis, façon western. Avec des zombies dedans.
2. Dua Lipa - "Break My Heart". Le moi de 17 ans un peu (beaucoup) obtus d’esprit m’aurait sans doute jeté des pierres. Oui, je connaissais le nom, mais je n’avais jamais pris la peine d’écouter. Par pur snobisme, ou schnokisme, appelez ça comme vous voulez. Alors oui, c’est très produit, calibré à 800%, mais ce pré-refrain au chromatisme à la "Need You Tonight" d’Inxs, quel délice tout de même. En tout cas, j’en ai redemandé et repris. Et pas qu’une fois, et pas que de morceau.
3. Sade - "No ordinary Love". Vous êtes vous déjà demandé quelle était votre voix féminine préférée ? Moi oui, et pas plus tard que cette semaine (et en écartant le cheat-code Anneke Van Giersbergen). Le choix fût rude, avec une bonne douzaine de noms difficiles à départager. Parmi ceux-ci, celui de Sade apparait comme une évidence. Certes, pas simple de faire fi des apparats et arrangements typiquement eighties, mais sur le strict plan de la voix, du timbre et de ce qu’elle procure, Sade est une reine parmi les reines.
Diego
1. Billie Marten - "I Can't Get My Head Around You". Un morceau qui porte terriblement bien son nom, tant il a viré à la quasi obsession pour moi depuis quelques mois. De la pop folk élégante, envoutante et une filiation indéniable avec Joni Mitchell. Une pépite.
2. Kanye West - "Black Skinhead". Ne tirez pas tout de suite, amis puristes ! Kanye n'a peut-être jamais autant mérité sa réputation de génie du mal que sur ce titre, bande son des enfers (compliment ou critique, sentez-vous libres d'interpréter). Sympathy for the devil...
3. Balthazar - "Fever". Les Belges font partie des chouchous de notre rédaction. "Fever" réussit la prouesse de faire se lever et danser mes deux gamins quasi instantanément. Le rock, porteur d'espoir pour l'avenir. Sympathy for Batlhazar...
François
1. Swan Valley Heights - "Microbe Galaxy". Pour planer en douceur, sans aucune autre substance que la musique.
2. Ramses - "Garden". L'un des trésors les mieux préservés du rock progressif allemand, incroyablement émouvant.
3. Mastodon - "The Motherload". Le titre le plus tubesque du combo, et pour cause !
Valentin
1. Bleachers - "Tiny Moves". Voici l’alter ego de Jack Antonoff, ex-membre de fun. et surtout l’un des producteurs les plus médiatiques de ces dernières années, étant plus ou moins le producteur attitré de Taylor Swift et Lana Del Rey depuis environ cinq ans. Rien d’essentiel ou d'immanquable chez Bleachers et ce dernier album sans nom se révèle même largement inconsistant, à quelques compositions près, notamment ce “Tiny Moves” et sa new wave triomphante et lustrée.
2. Camera Obscura - "We’re Going To Make It In a Man’s World". Camera Obscura, valeur sûre de l’indie pop des années 2000, revient après plus de 10 ans d’absence pour nous présenter un projet qui semble cette fois-ci très porté vers la musique country. Ce deuxième single au propos chaleureux et féministe incarne une belle promesse de sororité, comme un épilogue réconfortant de cette journée du 8 mars.
3. Kamasi Washington - "Prologue". L’un des saxophonistes jazz les plus en vue de ces dernières années nous introduit sa prochaine hyper-production attendue pour début mai avec ce “Prologue” autoritaire, épique et massif. Une performance tout simplement exceptionnelle.
