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Critique d'album

Led Zeppelin


Houses Of The Holy


(28/03/1973 - Atlantic Records - Blues, Folk and Heavy Rock - Genre : Rock)
Produit par

1- The Song Remains The Same / 2- The Rain Song / 3- Over The Hills & Far Away / 4- The Crunge / 5- Dancing Days / 6- D'yer Mak'er / 7- No Quarter / 8- The Ocean
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Exploratoire, progressif et entreprenant, Houses of the Holy évite toute stagnation au monument du hard-rock anglais"
François, le 28/01/2023
( mots)

Après avoir aligné quatre albums en les intitulant sobrement selon un ordre chronologique (bien que la quatrième n’ait pas de titre en soi, l’usage ayant tranché pour Led Zeppelin IV), Led Zeppelin choisit pour la première fois d’offrir à son nouvel opus un nom en bonne due forme : Houses of the Holy. Paradoxalement, celui-ci renvoie à un titre éponyme composé mais finalement renvoyé à une publication postérieure sur Physical Graffiti (1975).


Cette innovation ne peut que susciter un sentiment de rupture dans leur discographie, sentiment renforcé par l’absence de sortie studio en 1972 alors que le groupe s’était montré jusqu’alors très régulier dans ses parutions. Rupture, quand certains y voient un revirement stylistique voire même le début d’un déclin, considérant ce cinquième opus comme étant, qualitativement parlant, en deçà de ses prédécesseurs. Dans tous les cas, il est en décalage avec la quadrilogie "culte" qu’on ressort inlassablement dès qu’il s’agit d’évoquer l’un des groupes fondateurs du hard-rock et des plus brillants de l’histoire du rock.


De notre point de vue, Houses of the Holy est pourtant l’un, si ce n’est le meilleur opus du combo.


Réglons d’abord l’affaire de la temporalité. En 1972, Led Zeppelin est sur la route, situation qui laisse parfois du temps pour composer voire enregistrer (comme ce fut le cas aux Etats-Unis), mais qui délaye dans le temps les moments consacrés à un nouvel opus. Ensuite, le groupe a rencontré des problèmes graphiques avec Hipgnosis, le fameux collectif chargé de confectionner la couverture ; après une première proposition vertement rejetée, un projet péruvien improbable, le choix est fait de migrer sur la Chaussée des Géants en Irlande du Nord qu’ils font escalader par une manade d’enfants (en réalité, ils sont seulement deux, à partir des photos desquels un montage fut réalisé). Ajoutez à cela une pluie incessante et une luminosité très problématique, vous avez la combinaison parfaite pour retarder la sortie de l’album – aucun problème par contre pour photographier des enfants nus, mais Scorpions s’apprête à faire bien pire quelques années plus tard (voir Virgin Killer, 1976, pour ceux qui n’auraient pas la référence …). De là à dire que l’opus aurait pu sortir en 1972 et maintenir la cadence du groupe … C’est en tout cas ce qui était initialement prévu !


S’il y a bien une rupture par contre, ou plutôt une évolution, c’est d’un point de vue stylistique, car Houses of the Holy diffère de ses prédécesseurs par son orientation plus progressive et dans la variété des styles abordés.


En effet, niveau diversité, on a le droit à deux surprises de taille. "The Crunge" d’abord, parodie assumée de James Brown, à mon sens franchement désagréable aussi bien dans l’interprétation du chant que des sons décalés au clavier. "D’yer Mak’er" ensuite, hommage au reggae (le titre renvoie à la mauvaise prononciation de "Jamaica"), souvent moqué et pourtant diablement entraînant : les traits de guitare sont bien plus complexes que dans le moindre titre du genre, les lignes mélodiques vraiment superbes, et les aspérités rock ne sont jamais sacrifiées (écoutez les refrains).


De façon plus conventionnelle, Led Zeppelin offre du hard-rock ciselé à la perfection grâce à une section rythmique impressionnante ("The Ocean") et poursuit ses pérégrinations folks en Terre du Milieu avec "Over the Hills and Far Away". Il s’agit d’une petite perle sublimée par la douze-cordes et la transition électrique typique du groupe. Présenté en single, il avait pour B-Side "Dancing Days", un titre a priori plus conventionnel mais garni de ruptures rythmiques et de dissonances qui augurent du tournant progressif du groupe sur cet opus.


Revenons sur la pochette. L’idée de contacter Hipgnosis serait venue de la belle impression qu’avait eue sur le groupe la pochette d’Argus de Wishbone Ash. Il semble que l’écoute de ce somptueux album ait également suscité de nouvelles ambitions : Argus illustre la possibilité de joindre au hard-rock des effluves progressives sans user des orgues fanfaronnant du courant heavy-prog’ (à la Uriah Heep) ou de Deep Purple. C’était sûrement la confirmation que Led Zeppelin souhaitait avoir avant de se lancer dans des constructions alambiquées, bien que "Stairway to Heaven" eût déjà tracé un sillon prometteur dans cette direction.


Ainsi, l’ouverture de l’opus sur "The Song Remains the Same" est une des entrées en matière les plus époustouflantes jamais entendues, l’introduction résolument hard-rock alignant une variété invraisemblable de plans interprétée par Jimmy Page avec une virtuosité épatante ; le morceau est une véritable déferlante dans le courant duquel on est emporté subitement. Côté progressivité, on perçoit même des notes évanescentes à la Yes sur le premier couplet, quand ce dernier groupe semblera faire écho au titre sur "Going for the One". Ensuite, le pinacle de l’album est atteint par "No Quarter", chef-d’œuvre progressif absolu, planant comme Pink Floyd tout en étant incisif quand le riff principal débarque. L’exceptionnalité de ces deux titres est attestée par les hommages qu’en fit plus tard le groupe, le premier donnant son nom au film de 1976, le second à l’album marocain réunissant Page et Plant en 1994. Enfin, même la ballade soft-rock "The Rain Song", réponse à Harrison qui les pensait incapable de faire une ballade digne de ce nom, a des côtés prog’, au-delà de ses arpèges légers et de son orchestration imposante devant lesquels les sons de guitare hawaïens ressortent avec d’autant plus de relief.


Album exploratoire s’il en est, Houses of the Holy est entreprenant dans la diversité des styles abordée comme dans son ambition technique et dans la complexité de la composition. S’il peut dérouter de prime abord, il demeure préférable à un radotage qui n’aurait pas traversé les âges, et c’est là que réside sa force ainsi que le génie du groupe.


A écouter : "The Song Remains the Same", "No Quarter", "Over the Hills and Far Away", "D’yer Mak’er"

Commentaires
Billy, le 20/10/2023 à 19:43
J'ai toujours trouvé ce concept album très réussi. Tous les morceaux sont très différents les uns des autres, hyper travaillés. Led Zeppelin proposait clairement autre chose avec cet album. Chaque écoute dévoile des arrangements discrets et bien sentis.
Sebastien, le 30/05/2023 à 12:24
Oh ! Voilà une note qui me surprend un peu ! Si la prise de risque du groupe est à saluer, je trouve malheureusement que le pari n'est pas réussi. Je comprends le succès de "No Quarter" mais, personnellement, elle me laisse de marbre (sûrement mon côté rétif au prog), les excursions funk de "The Crunge" et reggae de "D’yer Mak’er" me sont tout aussi désagréables que la ballade pop de "The Rain Song". "Dancing Days" n'est pas mauvais mais n'apporte pas grand chose. Finalement, ce sont les titres les plus zeppeliniens "The Song Remains the Same", "Over the Hills and Far Away" et "The Ocean" qui me plaisent le plus. Trois bons titres mais qui n'atteignent toutefois pas le statut de classiques du groupe.
Quark, le 20/03/2023 à 20:55
Très bon article ! The rain song, dancing days et no quarter : magnifiques
SpiritOfSummer, le 28/01/2023 à 09:14
Merci pour la chronique ! Bien d’accord sur ‘No Quarter’ et ‘The Song Remains The Same’, deux titres d’exception, par contre je trouve que ‘The Crunge’ est quand même un des morceaux les plus réussis de l’album, avec un travail sur la rythmique extraordinaire (cette ligne de basse !)…