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Critique d'album

The Specials


The Specials


(19/10/1979 - 2 Tone - Ska Rock - Genre : Autres)
Produit par Elvis Costello

1- A Message to You, Rudy / 2- Do the dog / 3- It's up to you / 4- Nite Klub / 5- Doesn't Make It Alright / 6- Concrete Jungle / 7- Too hot / 8- Monkey man / 9- (Dawning of A) New Era / 10- Blank Expression / 11- Stupid Marriage / 12- Too Much Too Young / 13- Little Bitch / 14- You're Wondering Now
Note de 5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Un premier album qui frôle la perfection absolue"
Guillaume , le 06/01/2023
( mots)

Terry Hall, le frontman au faciès de Pierrot, aussi monolithique que son compagnon de scène Neville Staple était remuant, vient de passer l’arme à gauche. Avant une passionnante carrière solo, il tenait le micro pour les Specials, indéniablement la formation la plus excitante du Post-Punk britannique. Vaisseau mutli-racial piloté par le démiurge visionnaire Jerry Dammers, les Specials ont initié le revival du ska qui allait déferler sur cette bonne vieille perfide Albion. Ils vont le faire perdurer avec la création du label 2 Tone (qui peut signifier noirs et blancs ensemble mais peut aussi désigner un sous-genre du ska… ou le sourire édenté de leur leader !) et son inimitable logo de rude boy noir et blanc. En ces lugubres temps de thatchérisme et de saillies racistes d’Enoch Powell, ce label se veut une véritable confession de foi antiraciste pour une société plus tolérante. Et la fièvre du ska se révèle être une véritable bouffée d’air frais pour des milliers de jeunes lads. Ska bien sûr mais pas seulement. Chez ces oiseaux touche-à-tout, on peut y picorer du reggae, du rocksteady, du dancehall (sans oublier les influences punk)… soit un catalogue complet des musiques jamaïcaines, lequel s’ouvrira par la suite sur la world music, du jazz, de l’easy listening. En ce sens, le premier album des Specials représente un éblouissant florilège de tout leur savoir-faire qui pourrait faire office de best-of tant les chansons proposées se présentent telles une collection de tubes inoxydables (s'adjugeant, l’air de rien, une place de choix dans le top 10 des meilleurs "premiers albums" de tous les temps).


Précédé du météorique "Gangsters", The Specials débarquent dans les charts en octobre 1979. En fin musicologue n’hésitant pas à piocher dans sa pléthorique collection de disques, Dammers place sur ce premier effort quantités de reprises/relectures de classiques jamaïcains oubliés. Un sacré pied de nez à la vague punk iconoclaste à peine inhumée. Joyau reggae de Dandy Livingstone, "A message to you, Rudy" file instantanément la banane : célébration universelle de l’amitié festive, la chaleur des cuivres ainsi que les tendres harmonies vocales - le timbre nonchalant de Terry Hall se marrie à merveille à celui bienveillant de son collègue toaster - agissent tel un chocolat chaud pour l’âme. La batterie explosive de John Bradbury pulvérise le "Do the dog" de Rufus Thomas - après avoir promené le chien ("Walking the dog"), on se comporte comme lui -  et va donner le tempo de ce qui va suivre : les Specials ne vont pas nous laisser de répit, pour nous faire danser jusqu’à ce que mort s’ensuive. En effet, The Specials  carbure à l’adrénaline pure, à l’image des lives du groupe où l’énergie terrifiante des musiciens électrisait une foule qui n’en demandait pas tant. Toujours au rayon des reprises, le ska "Monkey man" de Toots and the Maytals arrache le plancher pour nous faire basculer dans le délire total (mention spéciale aux chœurs magnifiquement stupides)."Too much too young", resucée du libidineux "Birth control" de Lloyd Charmers, est un dancehall irrésistible aux parfums calypso avec des paroles plutôt controversées sur la contraception. Comme à l’accoutumée tout au long de cet album, la section rythmique tue le chien, insufflant un groove mortel à chacun des titres.


Les Specials, un groupe de reprises ? Pas exactement. Question compos originales, les gars n’étaient pas des gougnafiers… Loin de là. Premier élément de réponse avec "Nite Klub", nouvelle preuve du scandaleux potentiel dansant de chaque titre de l’album, doublé d’un brûlant instantané social de la jeunesse britannique, plus soucieuse de trouver un bon club pour s’éclater que de trouver un travail. Requiem pour un monde plus inclusif, le langoureux rocksteady "It doesn’t make it alright" met en lumière la voix tout en feeling de Terry Hall, qui n’a rien à envier à celle de Ken Boothe, et la basse ultra mélodique d’Horace Panter. Sans aucun rapport avec le titre de Bob Marley, "Concrete jungle" flirte avec le punk le plus mordant pour nous mettre en garde contre les périls urbains présents à a chaque coin de rue, notamment les membres du du Front national britannique (ou plus communément les skinheads), qui par un paradoxe déconcertant, adoraient danser le moonstomp lors des prestations scéniques des Specials et semer le chaos au passage. Association qui causera bien du tort au groupe, pourtant farouchement anti-fasciste. "(Dawning of a) new era" et "Little Bitch" démontrent une nouvelle fois le science du ska contagieux de Jerry Dammers, dont les giclées d’orgue Farfisa flattent les oreilles. Reggae du petit matin, point final d’une nuit de bringue, "You’re wandering now" signe la fin des réjouissances, ritournelle douce-amère sur le dur retour à la réalité. Retour à la réalité qui se fera bien plus brutal sur More Specials, durcissement de la politique de la "Dame de fer" oblige (les inflexions désenchantées de Terry Hall prendront alors tout leur sens).


Désireux d’aller de l’avant, Dammers donnera à son clan une autre orientation avec l’album suivant : moins festive et moins spontanée, plus complexe, aux effluves surannées d’easy listening et de musiques de film. Mais le premier album des Specials demeurera pour toujours une stupéfiante machine à danser gavée d’hymnes impérissables, authentique commémoration de la vie illuminant notre grisaille quotidienne.


A écouter : "Nite Klub", "Concrete jungle", "Monkey man", "Too much too young"

Commentaires
Tranxen, le 10/01/2023 à 09:17
Effectivement je pense que c'est clairement la période du reggae et du ska la plus sympa à découvrir pour un néophyte (ce qui est mon cas) du genre. Je conseille vivement les différentes compil' de Trojan Records (les Pioneers !!) qui sont pleines de pépites !
Daniel, le 07/01/2023 à 16:55
Un petit moment magique dans nos existences de rockers. Le ska a réconcilié la musique et la danse (une espèce de bourrée punk où tout était plus ou moins permis). En raison de ses limites techniques, le style en lui-même a tourné rapidement en rond. Mais cet album reste emblématique d'une fin de décennie qui ressemblait à une fin de siècle. Retournons écouter Desmond Dekker et quelques productions Trojan ! :-)