↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

The Afghan Whigs


How Do You Burn ?


(09/09/2022 - bmg - Alternatif - Genre : Rock)
Produit par Greg Dulli et Christopher Thorn

Note de 4/5
Vous aussi, notez cet album ! (1 vote)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.0/5 pour cet album
"Le rock alternatif dans ce qu'il a de plus beau, véritable synthèse d'un groupe pas comme les autres."
Maxime L, le 11/09/2024
( mots)

Au rang des groupes ayant raté le coche de la gloire et de la reconnaissance internationale, The Afghan Whigs figure en bonne position.


Originaires d’Hamilton dans l’Ohio mais signés par SubPop au début des années 90, devenant justement un des premiers groupes du label à ne pas venir de Seattle. Il n’a sans doute pas manqué grand chose à la bande à Greg Dulli pour casser la baraque. Un tube peut-être, ou au moins une chanson très forte* qui se serait dégagée de la pourtant très solide discographie du groupe, foisonnante, très homogène, sans raté notable ni la moindre faute de goût (cf l'épisode de podcast Recoversion, en partie consacré au groupe).


Si on classifie, à juste titre, le combo américain dans la catégorie un peu fourre-tout dite “rock alternatif”, The Afghan Whigs se démarque, durant les nineties, par une influence loin de Seattle : la Soul, Dulli clamant à longueur d’interviews son amour immodéré, entre autres, pour les Temptations. Ceci étant, pas simple de déceler une quelconque référence noire américaine sur ce 9ème album : How Do You Burn?, qui fleure bon le rock à guitares sous toutes ses (hautes) coutures.


Un disque que personne n’attendait, et qui n’a pourtant pas surpris grand-monde, pour une raison simple : sa sortie se fait dans l’indifférence générale**, à l’instar, au minimum, des 3 ou 4 albums précédents, néanmoins plus que recommandables. Une bien belle erreur pour toutes celles et ceux qui n’ont pas daigné y poser une oreille tant ce nouvel album est réussi. Peut-être davantage encore que le génial In Spades, très bien noté dans nos colonnes. De là à dire qu’il s’agirait du meilleur disque des “Whigs”, il n’y a qu’un pas….que je franchis sans sourciller tant ce How Do You Burn? est une merveille.


How Do You Burn? est de ces albums qui sentent le feu. Dès le titre déjà (on y reviendra), mais aussi grâce à sa pochette (superbe comme toutes les autres), et son soleil rouge brûlant. Un rouge fumant, apocalyptique et menaçant. Des braises incandescentes dès le morceau d’ouverture, qui annonce la couleur (rouge donc si vous avez suivi) avec une force et une vélocité inédite chez les Whigs. Un titre rugueux avec des voix et une basse tendues comme des arbalètes. Il n’est plus question ici d’Hamilton ou de Seattle mais de désert Californien, avec une ligne mélodique qui ressemble furieusement à “Feel Good the Hit of The Summer”. Faites l’essai chez vous : les paroles du morceau des QOTSA s’intègrent parfaitement sur l’intro de “I’ll make you See God”.


Le chainon manquant entre le groupe de Josh Homme et The Afghan Whigs rôde d’ailleurs sur tout le disque, et porte le nom de Mark Lanegan. Les deux Américains étaient amis de très longue date, et avaient déjà collaboré ensemble à plusieurs reprises***, notamment via les excellents Gutter Twins. C’est l’ex-Screaming Trees qui souffla le nom de How Do You Burn? à Greg Dulli, et il pose des choeurs sur 3 chansons de l’album : “Take Me There”, “In Flames” et “Jyja”, morceau qui serait sa dernière intervention chantée avant son déménagement pour l’Irlande et sa disparition quelques semaines plus tard.


“Jyja” est d’ailleurs une des grandes réussites du disque, de par son introduction aux tonalités abyssales, sa basse râpeuse et hypnotisante, rappelant par moments les sonorités d’un Lullabies For Paralyze (avec déjà Lanegan, mais surtout ces notes de piano en arrière-plan). Si l’ensemble est d’une noirceur assez sûre (à l’image de ce qu’on connaît de Greg Dulli et des Whigs), sa musique sait parfois se parer, si ce n’est de lumière éblouissante, d’un peu d’espoir. On pense par exemple au refrain de “A Line Of Shots” parvenant à se frayer un chemin au milieu des voix reverbérées et du delay sur les guitares. La structure du disque est fichtrement bien construite et son tour de force réside autant dans le fait qu’il est à la fois très accessible, mais qu’il révèle à chaque nouvelle écoute, des petits détails qui nous avaient échappé. Cela peut être tour à tour les lignes de violons sur “Catch A Colt”, le tambourin sur “Please, Baby, Please”, ou des accords d’orgue ici et là qui rentrent en pantoufles pour ne plus jamais quitter notre cerveau. La production, co-signée Greg Dulli, comme depuis les touts débuts au presque, est à mettre en avant, de par les arrangements ou les subtiles petites touches électro apportées ici et là.


Difficile enfin de ne pas parler d’une des perles du groupe, la ballade “Please Baby Please”, ses lignes d’orgue délicates et les envolées vocales de Dulli, qui semble ne jamais avoir aussi bien chanté. Un tube qui n’en sera pas un, mais qui se révèle être une des chansons préférées de son auteur, et une pause rythmique salvatrice dans ce bouillonnement de guitares qui trépignent. Vous l’aurez compris, How Do You Burn? est un grand disque, qui peut en outre se targuer d’être une parfaite porte d’entrée pour découvrir le reste de l’oeuvre du groupe.


Se pose maintenant la délicate question de la suite pour The Afghan Whigs, groupe qui a déjà su renaître de ses cendres plusieurs fois. Entre l’aspect “testament” apporté sur le disque par le fantôme de Mark Lanegan, les difficultés liées à son enregistrement (il s’agit d’un de ces albums élaborés et produits durant le confinement), et le clin d’oeil sur “Domino and Jimmy” avec la participation de Marcy Mays (qui était déjà de la partie sur “My Curse” sur l’excellent Gentlemen en 1993), on serait en droit d’imaginer ce How Do You Burn? comme un point final à l’odyssée des Whigs. Rien ne permet de le confirmer, mais si ça devait être le cas, Greg Dulli a particulièrement bien soigné sa sortie.


 


À écouter : "I'll Make You See God", "Jyja", "Please, Baby, Please".


 


 


*le supposé morceau phare du groupe étant le génial "Debonair" sur l'album Gentlemen en 1993.


**pour preuve, c'est seulement le deuxième album du groupe a être chroniqué ici.


***Dulli apparaissait sur Bumblegum de Lanegan, sur le morceau "Metamphetamine Blues" avec également...Josh Homme.

Commentaires
DiegoAR, le 12/09/2024 à 11:47
Toujours un bonheur de voir ce groupe de l'ombre mis en avant (avec talent et pertinence !) Je te rejoins sur beaucoup de choses, en particulier sur l'admiration sans mesure portee a "Please, Baby Please".