Liz Phair
Funstyle
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1- Smoke / 2- Bollywood / 3- You Should Know Me / 4- Miss September / 5- My My / 6- Oh, Bangladesh / 7- Bang ! Bang ! / 8- Beat Is Up / 9- And He Slayed Her / 10- Satisfied / 11- U Hate It
Liz Phair a endossé des personalités multiples durant sa carrière. Elle avait tout d’abord joué la fille impertinente et mal peignée qui choquait par ses paroles crues, puis avait sombré dans la trentenaire cochonne, avant de finalement s’écraser dans un cliché de post-adolescence sur-lisse. Alors, il est aujourd’hui facile de se lâcher méchamment sur Liz Phair, de dire que cet album est complètement ridicule et que la pauvrette est totalement à la ramasse. Car aucune circonstance atténuante ne semble pointer le bout de son nez. Premièrement, elle écrit la bande originale de 90210, le spin-off de Beverly Hills (oui, si tu es un ancien fan de Phair, tu as le droit de sangloter un peu). Ensuite, le titre est à pleurer (Funstyle, ça promet) et la pochette est consternante. Mais Liz Phair n’est pas une artiste que l’on peut adorer détester, car les souvenirs de ses premiers albums laissent toujours poindre l’espoir d’un ultime rattrapage.
Pour appuyer la sortie de ce sixième disque, tapant dans la non-promo qui, finalement, buzze efficacement, elle nous gratifie d’un single proprement hallucinant. "Bollywood" est un mélange entre un Panjabi MC mou du genou qui aurait fumé de l'encens, et une wannabee-M.I.A. à la petite semaine. Ce rap sur de la musique orientale est sans conteste à côté de la plaque. Même Debbie Harry était moins ridicule sur "Rapture". Néanmoins, ce morceau reste l’un des meilleurs moments de l’album (c'est dire) avec la balade FM "You Should Know Me" ou l'électro "Bang Bang" qui témoignent de la diversité de Funstyle. D’autres sont insignifiants, comme "Miss September" ou "Oh Bangladesh". Le niveau rase parfois le sol et certaines chansons sont impropres à l’écoute. "Smoke", en ouverture, où Phair nous joue la scène de la fille qui se fait refouler d'une boîte alors qu’elle est connue quand même, est tout simplement gênante tellement elle est incongrue.
Funstyle est donc un ratage absolument fascinant par sa puissance. Comment une artiste ayant composé des albums aussi sincères et bruts qu’Exile in Guyville ou Whip-Smart a-t-elle pu pondre une galette aussi mal fichue et mal écrite ? Même l’infâme Somebody’s Miracle avait plus de pertinence dans la composition. Oui, se lâcher sur Funstyle aurait pu s’avérer jouissif et libérateur, si cela n’avait pas été, avant tout, aussi triste. Avec cet album, Phair enterre définitivement tout espoir d’un coup de génie indie. Car la chanteuse suit le chemin inverse des autres artistes. Au lieu de mûrir à chaque disque, elle sombre de plus en plus dans la facilité et dans le grand n'importe quoi. Depuis son album éponyme en 2004, elle enchaîne les chansons qui laissent penser qu’elle n’est pas encore pubère et qu'elle souffre d'un excès de confiance en elle. Le seul fait à saluer est qu’elle n’a pas peur de faire ce dont elle a réellement envie, mais hélas, cela n'a plus rien à voir avec le rock, ni plus largement, avec de bonnes compos.