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Critique d'album

Ike and Tina Turner


Come together


(01/05/1970 - Liberty Records - Rythm'n'Blues / Rock - Genre : Autres)
Produit par Ike Turner

1- It Ain't Right (Lovin' to Be Lovin') / 2- Too Much Woman (For a Henpecked Man) / 3- Unlucky Creature / 4- Young and dumb / 5- Honky Tonk Women / 6- Come Together / 7- Why Can't We Be Happy / 8- Contact High / 9- Keep On Walkin' (Don't Look Back) / 10- I Want to Take You Higher / 11- Evil Man / 12- Doin' It
Note de 5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Le diamant brut d'Ike et Tina Turner"
Guillaume , le 02/06/2023
( mots)

L’histoire de vie de Tina Turner est probablement l’un des plus beaux exemples de résilience comme on les aime à Hollywood. Avant l’improbable renaissance Rock FM des eighties, la vie de Tina ne fut pas exactement celle d’un long fleuve tranquille. Elle suivit plutôt le cours des méandres tumultueux et périlleux du Mississipi, non loin de Nutbush où la grande dame poussa ses premiers râles.


Née Anna Mae Bullock en 1939, la jeune métisse (son père noir et sa mère afro-indienne) est très vite confrontée à la dure loi de la vie avec les départs successifs des auteurs de ses jours. Confiée aux bons soins de sa tante à l’âge de 11 ans, la jeune Ann se plonge dans le gospel corps et âme. A 17 ans, elle assiste à un concert des Kings of Rythm où officie un certain Ike Turner. Impressionnée, le jeune femme se met en tête d’harceler le caractériel guitariste afin de chanter pour son groupe. Elle obtient gain de cause et fait rapidement voler en éclat les réticences initiales de Ike. Sans le savoir, la jeune femme signe un pacte avec le diable : à elle la lumière des spotlights, à elle le devant de la scène avec sa présence atomique, puissante et lascive en amazone du "Deep South"...Et la contrepartie se nomme Ike Turner. A la fin des années 50, Ike n’était pas un perdreau de l’année. En 1951, il est aux claviers au sein de Jackie Brenston and his Delta cats sur "Rocket 88", considéré comme le tout premier titre de Rock’n’Roll de l'Histoire. Pianiste, producteur, arrangeur et surtout prodigieux guitariste dont l’éclectisme et la virtuosité allaient contaminer des nuées de guitaristes jusqu’à Hendrix. Et sous ces multiples casquettes se cachait un tempérament possessif et violent qui trouverait un sinistre exutoire en la personne de Tina (renommée par Ike après leur mariage) durant toute leur collaboration.


En 1969, le rock se durcissait, devenait adulte. Les Rolling Stones trustaient les charts. Ces blancs-becs pâlichons raflaient tous les lauriers en se la jouant bouseux du Sud, pillant au passage tout l’héritage Rythm’n’Blues américain. C’en était trop pour le bouillonnant Ike ! Lors d’une tournée commune avec les Stones, Ike coince Keith Richards dans sa loge, sort son flingue et somme ce dernier de… lui révéler le secret de l’open tuning qu’il venait de mettre au point (à partir de "Honky Tonk Women") ! N’ayant pas vraiment le choix, Keith s'exécute. Six mois plus tard sort Come together d'Ike et Tina Turner, entièrement joué avec le fameux open tuning. Et s’offre le luxe de sonner comme les Stones ne l’auraient jamais imaginé eux-mêmes. Les époux Turner se permettent même de venir saper les fondements de l’identification des "Glimmer Twins". Mick chante comme un chaton enroué face à Tina, la tigresse lubrique et Keith qui se prend pour un bad boy ténébreux devant… le Mal incarné. En ces temps de Blaxploitation, Ike se la joue maquereau ultra viril et plus particulièrement, il incarne à merveille la figure du "Stagger Lee", ce légendaire proxénète du début du XXème siècle, dont la figure est souvent repris dans la culture afro-américaine des années 60-70. 


L’album est truffé de pépites "Black Rock", auxquelles viendront se ressourcer les Stones et Ron Wood plus particulièrement (période Black and Blue). Difficile de résister à la bestialité rampante de titres comme "Too much woman (for a henpecked man)", de "Young and dumb" ou bien de "Evil Man" (titre des obscurs Crow, revisité au même moment par Black Sabbath sous le nom d’"Evil woman"). Les riffs sont saignants, la section rythmique tabasse sévèrement et la voix de Tina… ne ressemble à aucune autre. Gorgée de feeling, comme si elle avait vécu un milliard de vies et qu’elle les recrachait toutes dans son micro. Sa voix à fleur de peau, frottée au papier de verre, colle le frisson dès que le tempo ralentit et que les lumières se tamisent ("It ain’t right" et "Unlucky creature"). Bourreaux de travail, les époux Turner ont sillonné sans relâche le territoire américain, jouant dans les bouges les plus sordides mais aussi à Las Vegas en première partie d’Elvis Presley. Ces interminables tournées leur ont permis d’affiner leur formidable polyvalence, de la soul traditionnelle au hard rock naissant, genre abhorré par Ike. Ce dernier fait parler sa science de la guitare rythmique sur quelques tueries Rythm’n’Blues à faire pâlir Keith Richards de jalousie ("Contact High", "Keep on Walking"). Beau joueur, Ike se fend d’une relecture, quasiment à l'identique, du célèbre "Honky Tonk Woman" stonien. "The hardest working couple in show business" (sic) défenestrent un délirant "I want to take you higher", délesté des cuivres trop présents de la version originale (de Sly & The Family Stone), tout en nerfs et muscles saillants, capable de réveiller les morts. Celles et ceux qui n’ont pas envie de danser à l’écoute de ce titre sont des animaux. Fatiguée de tourner autour du pot, Tina passe aux choses sérieuses sur le final "Doin’ It" et son piano égrillard de bordel, laissant peu d'ambiguïtés sur ce qu’elle veut faire. En pleine furia Rock, les époux Turner allaient défendre Come together et Workin’ together (sortis la même année) lors d’un légendaire live à Paris en août 1971. La sainte trinité du "Black Rock" en quelque sorte.

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