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La série d'été Albumrock : #4 Dream Theater


Maxime L, le 07/07/2022

Pour occuper votre été, Albumrock vous offre cette année une série au principe assez simple : un rédacteur vous propose de découvrir ou de réviser un groupe plus ou moins culte en dix titres. Vous aurez droit à une sélection représentative qui vise à mettre en avant des morceaux pour leur place dans le répertoire du groupe, sans toutefois renoncer à la subjectivité avec des choix parfois plus inattendus. Aujourd’hui, les légendes américaines du Métal Prog, autant adorées qu’abhorrées.

 

10- "Stream Of Consciousness", Train of Thought – 2003. En tant que fervent détracteur de James Labrie, ça a été très tentant de pondre un Top 10 exclusivement constitué de pièces instrumentales. Mais l’objectif étant aussi de proposer une liste représentative, je me suis limité à un seul morceau sans James Labrie. Les puristes préféreront sans doute “The Dance Of Eternity”, mais ce “Stream Of Consciousness” a un double avantage : représenter l’album “Train Of Thought”, que j’aime beaucoup, et surtout ne pas (trop) tomber dans la démonstration technique, en tous cas moins que d’autres compos.

 

9- "The Spirit Carries On", Metropolis Part II – 1999. Si les titres instrumentaux font partie intégrante du cahier des charges de Dream Theater, il en est de même pour les ballades ou titres « mid-tempo », passant miraculeusement sous la barre des 8 minutes. Et quitte à choisir un titre calme, autant choisir le moins tartignole. « The Spirit Carries On », tellement Floydien dans sa construction et sa teneur que son titre de travail provisoire était « The Pink Floyd thing » (ou quelque chose d'approchant).

 

8- "A Fortune In Lies", Live At The Marquee – 1993. Aussi bizarre que ça puisse paraitre : oui, Dream Theater a eu dans ses rangs un chanteur moins bon que James Labrie. Charlie Dominici, sous ses allures à mi chemin entre Maradona et un Gipsy King, est venu poser sa fluette voix sur le premier album du groupe, When Dream and Day Unite en 1989. Un album aux compos déjà très affirmées, mais plombées par un chant disons…très en dessous du niveau des autres musiciens. Heureusement, James Labrie est arrivé (oui je sais…), et a permis de remettre au goût du jour certains titres de ce disque mal aimé lors des concerts du groupe. Parmi eux, “A Fortune In Lies”, son riff très heavy, cette double-pédale insistante (et des parties basse-batteries incroyables), et surtout un des plus chouettes solo de Petrucci.

 

7- "Learning To Live", Images And Words – 1992. Oui les sons de claviers sont imbuvables (Jordan Rudess n’est pourtant pas encore arrivé). Oui la production est catastrophique (ce son de batterie sur tout l’album…beurk). Mais ces éléments n’empêchent pas Images And Words d’avoir un statut de disque culte. Si Metropolis se taille la part du lion dans le coeur des fans, j’aime à considérer “Learning To Live” comme une des compositions les plus complètes du groupe. Structure alambiquée, variations rythmiques, alternance entre passages très techniques et moments très calmes, l’ADN des Américains transpire tout au long des 11’30 du morceau, avec ce supplément d’âme apporté par le texte du sous-utilisé John Myung, aussi convaincant parolier que bassiste prodigieux. Et puis, entre ce solo de guitare acoustique et ce break au piano tout en sobriété (je vous l’ai dit, Jordan Rudess n’est pas encore arrivé), la chanson regorge de très beaux moments.

 

6- "The Great Debate", Six Degrees Of Inner Turbulence – 2002. Ça n’est un secret pour personne, Dream Theater a longtemps utilisé son « inspiration corner » lors des sessions d’écriture de certains albums. En gros, l’idée est d’écouter certaines oeuvres en boucle pour s’inspirer des ambiances et énergies des « confrères ». Si le procédé s’avère parfois grotesque (l’écoute intensive de Muse durant les sessions d’Octavarium, cf Never Enough « un poil » pompé sur Stockholm Syndrom), les Américains savent parfois faire preuve de nuance et instiller leurs influences plus subtilement. Comme sur « The Great Debate », dont les lignes de basse, la production, les ruptures, et l’atmosphère progressive, froide, métallique et angoissante lorgnent clairement du côté de Tool. Une franche réussite, (en dépit d’une intro un peu longuette).

 

5- "Lines In The Sand", Falling Into Infinity – 1997. L’album de la honte pour la fan base, toujours plus exigeante envers Dream Theater. Changement de logo, compromissions artistiques, participation de Desmond Child le faiseur de tubes du tout Hollywood : Falling Into Infinity fût pour beaucoup, un camouflet à sa sortie. Pas pour moi. L’album vieillit très bien et groove plus que tout le reste de la discographie passée et à venir. Notamment grâce à ce “Lines In The Sand”, groovy, funky à souhait (cette section rythmique mes aïeux !), et sublimé par les choeurs de l’extraordinaire Doug Pinnick de King’s X. Et imaginez si les rôles de Labrie et Pinnick avaient été inversé...

 

4- "Finally Free", Metropolis Part II – 1999. Difficile d’isoler un titre en particulier d’un concept-album très écrit et très structuré. Pourtant si l’on met de côté la narration, les bruitages et les claviers Tomb Raider (période PS1, les vieux vrais savent) de l’introduction, « Finally Free » est une petite bombe à retardement, une grenade thermonucléaire dont la goupille tient en équilibre entre les baguettes d’un Mike Portnoy en fusion, notamment sur un final dantesque.

 

3- "Metropolis", Live At The Marquee – 1993. Je triche un peu en choisissant volontairement un titre live. Mais quel live ! À une époque où James Labrie savait (pouvait ?) monter dans les aigus avec une saturation tout à fait plaisante (merci les potentiels nombreux overdubs) et sans frôler la rupture d’anévrisme ou pire, déchirer la couture de son futal zebré. Metropolis, c’est LE morceau phare de la première période du groupe. Celui qui va presque définir leur style, et déboucher indirectement sur leur album référence, 5 ans plus tard. Une pièce de choix, progressive, mais accessible, technique mais pas démonstratrice, excepté lors de ce fameux solo de basse, gourmandise en forme de cerise sur un gâteau très copieusement garni.

 

2- "Scarred", Awake – 1994. Si vous êtes un•e fidèle d’Albumrock, vous savez qu’Awake est mon disque préféré de Dream Theater. Un album sombre, à la froideur caverneuse, symbolisé par une production en rupture totale avec Images And Words, et de prime abord sans titre épique à la Metropolis. Et pourtant, Scarred et ses 11 minutes de montée en tension est de loin le pinnacle de ce troisième album. James Labrie à des lames de rasoirs en guise de cordes vocales et n’a probablement jamais aussi bien chanté. Le reste du groupe est au diapason, mention spéciale au claviériste Kevin Moore, dont c’est ici le baroud d’honneur et qui livre des lignes de claviers sobres et glaçantes (notamment ce fade-out parfait qui glisse vers Space Dye-Vest).

 

1- "A Change Of Seasons", A Change Of Seasons – 1995. Pour terminer ce top, un choix en forme de cheat code. 1995, Dream Theater est à un tournant de sa carrière, et propose un « petit » EP en plein virage. Un EP de 57 minutes, dont la première chanson est une unique pièce de 23 minutes (du moins sur la version CD). 23 minutes, forcément progressives, avec le meilleur de Dream Theater, où nos 4 virtuoses (et James Labrie) parviennent à ne jamais nous ennuyer, en prenant leur temps, sans être redondants. Des gros riffs, des thèmes et des mélodies soignées, pas de sons de claviers de l’espace (Jordan Rudess n’est encore qu’un projet affectif), mais surtout une production globale très sèche, avec un duo basse-batterie proprement hallucinant (ce son de caisse claire miam). Une excellente carte de visite, et 23 minutes parfaitement dépensées.

 

 

Vous pouvez également écouter la playlist sur votre application préférée (Deezer, You Tube Music, Qobuz et autres) via ce lien : https://www.tunemymusic.com/?share=0cpdz1kd2fue

En savoir plus sur Dream Theater,

Commentaires
Ixiil95, le 02/09/2022 à 09:21
Merci pour cette super shortlist ! Mon morceau préféré reste Space dye vest qui clôture l'album Awake mais difficile de résumer toute la discographie du groupe en seulement 10 morceaux...
MaximeL, le 07/07/2022 à 11:40
Merci François ! "Home" était dans la short-list finale, mais disqualifiée pour cause de Jordan Rudess qui a appuyé sur la touche "random" sur ses 19 claviers lors de certains passages. Pour le reste, il faudrait presque faire un Top 10 période post Portnoy. Mais il sera plus dur à compléter..
FrancoisAR, le 07/07/2022 à 09:06
Assez d'accord sur le top 3, enfin surtout pour le 1 et le 3 (même si j'aurais inversé l'ordre ...), les commentaires et pour le choix des titres qui fait honneur au groupe - quoique pour deux albums en particulier, j'aurais respectivement choisi "Home" et "Peruvian Skies". Histoire de goût. Content aussi de lire la présence de Train of Thougt dans une sélection peu portée sur la période XXIème siècle, qui comporte quand même de sacrés titres ("The Count of Tuscany", "On the Backs of Angels" ... au hasard). En tout cas, une excellente porte d'entrée pour qui ne connait pas encore le groupe !