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Download Festival 2016


Collectif, le 07/07/2016

Download made in France : pari réussi ?

Après trois jours riches en émotions diverses et variées, vient inévitablement l’heure du bilan : cette première édition française du Download Festival a-t-elle tenu toutes ses promesses ?


Il convient avant tout de se poser les bonnes questions : malgré de nombreux critères d’évaluation communs avec le Hellfest, on ne s’adonnera ici à aucune comparaison entre le festival de Clisson et son “homologue” parisien. Par honnêteté tout d’abord : aucun des rédacteurs présents à Longchamp ce week-end n’a assisté à la grand-messe metal clissonnaise par le passé - au grand dam de notre rédacteur en chef qui n’a pourtant pas manqué de leur rappeler que le jeu en valait la chandelle. Par angle de traitement ensuite : il s’agira plutôt ici d’évaluer le festival en tant que tel, et voir si une implantation pérenne dans le circuit français est envisageable pour la franchise anglaise.


D’emblée, les différences de patrimoine musical entre l’Angleterre et la France rendent l’entreprise un poil périlleuse : terre de festivals au rayonnement international et berceau de la musique rock, le royaume de Sa Majesté dispose pour le coup d’un background nettement plus approprié au développement d’un rassemblement annuel autour des musiques extrêmes. Ce qui fut effectivement le cas dès 1980, en pleine effervescence autour de la New Wave of British Heavy Metal, avec la tenue du premier Monster of Rock dont la popularité croissante au cours de la décennie fit rapidement des Midlands un haut-lieu du metal en Europe. Depuis, nombre de festivals dédiés au genre ont fleuri sur l’île de Grande-Bretagne, avec bien évidemment le Download comme figure de proue, actif depuis maintenant treize années consécutives.


De notre côté de la Manche, le climat est évidemment différent : à l’heure où les festivals français surfent sur la vague de l’éclectisme, le développement d’un festival entièrement dédié à un genre marginal dans le paysage musical contemporain semble beaucoup plus délicat. À ce compte-là, le Hellfest fait évidemment figure d’exception, ce-dernier s’étant rapidement imposé comme un pôle d’abord français, puis européen pour tous les chevelus fans de musiques à sensations fortes. Une première tentative eut lieu en 2011 avec l’arrivée d’un autre festival axé sur un metal davantage “mainstream” : malgré une première édition prometteuse, le Sonisphere France connut dès sa deuxième année une chute de fréquentation vertigineuse, la faute à une organisation bâclée ainsi qu’à des querelles administratives avec la municipalité d'Amnéville. Et malgré une édition 2013 en net progrès, les guerres internes au sein de la mairie coupèrent court à l’aventure Sonisphere, ne laissant plus que le seul Hellfest comme bastion inébranlable de la musique metal en France.


Pourquoi donc chercher à développer un nouveau pôle ? Au-delà des considérations pécuniaires, la réponse se trouve là encore dans son affiche : tout comme le Sonisphere en son temps, le Download propose une programmation essentiellement axée sur les mastodontes du genre - Maiden, Korn, Rammstein, Megadeth, Anthrax... Là aussi, une affiche “mainstream” qui saurait séduire un public peut-être moins pointu que celui de Clisson. On n’aurait malgré tout tort de ne s’en tenir qu’à cette étiquette, le Download ayant laissé la porte ouverte à d’autres catégories. On retrouve ainsi des groupes davantage orientés rock/hard rock (Biffy Clyro, Jane’s Addiction, Rival Sons…), plusieurs groupes français (Mass Hysteria, Gojira, The Inspector Cluzo, Last Train…), constat d’autant plus louable que le Download est, encore une fois, une franchise anglaise, et même deux groupes japonais (One Ok Rock et Babymetal). Sans aspirer à l’exhaustivité, le Download propose une certaine diversité offrant un rapide tour d’horizon de ce qu’est la scène metal aujourd’hui.


À ce niveau, la programmation du Download constitue donc l’un de ses réels points forts, conciliant mastodontes et outsiders pour une somme plus qu’honnête (comptez environ 150€ pour un pass 3 jours). Un prix qui n’a pourtant attiré que 100.000 spectateurs sur trois jours, ce qui reste bien en deçà des attentes des organisateurs. Bien que les récentes inondations et la tenue de l’Euro semblent expliquer en partie ces chiffres, la concordance des dates avec le Hellfest semble offrir une réponse plus crédible : on serait ainsi tentés de penser que le Download aurait peut-être su attirer plus de monde s’il avait eu lieu pendant l’été, pariant au passage sur une météo plus clémente que celle de ce déplorable mois de juin.


Live Nation avait pourtant limité les risques : en choisissant d’organiser le Download sur l’Hippodrome de Longchamp, la firme opérait alors un choix à la fois stratégique et facile. Connu pour héberger les Solidays depuis 1999, le site propose une certaine proximité (quelques 45 minutes sont nécessaires pour rejoindre Longchamp depuis le centre de Paris) tout en bénéficiant d’une surface idéale, ni trop vaste, ni trop réduite. En effet, les déplacements d’une scène à l’autre se font sans difficulté ni perte de temps, de sorte qu’il est même possible - pour peu que l’on renonce aux premiers rangs - d’assister à la grande majorité des concerts. De plus, avec de nombreux stands de restauration dispatchés un peu partout sur le site, se prendre une bière ou commander à manger ne demande guère plus de deux minutes, file d’attente comprise - une efficacité que l’on doit au système cashless qui tend à se démocratiser de plus en plus.


Malgré tout, on reste mitigés quant à l’identité, ou plutôt le manque d’identité du festival : mise à part l’énorme tête de doberman gonflable, l’habillage et la décoration sont totalement absents. Impersonnelle et maussade au possible, l’identité visuelle du festival est assurément l’un de ses plus gros défauts, et ce malgré quelques trouvailles à l’image du stand Fender avec guitares en libre service ou du barbershop adjacent aux salons de tatouage et de piercing. À ce compte là, on regrette aussi l’exclusion du Metal Market et du Metal Bar, cantonnés aux abords du camping : pour le coup, les deux auraient assurément gagné à être implantés au cœur du site afin d’offrir plus de variété au stand de merchandising relativement pauvre.


Impossible non plus de ne pas pointer du doigt la calamiteuse organisation lors de l’ouverture avec seulement une poignée de comptoirs pour distribuer des milliers de bracelets. Avec en plus une panne informatique relative au cashless, le Download prit rapidement des airs de véritable capharnaüm en ce vendredi, les hordes de fans se voyant retenues à l’entrée lorsqu’elles n’étaient pas simplement bloquées dans les files d’attente pour recharger leurs bracelets - les plus connectés purent heureusement créditer leur compte par smartphone. Une gigantesque cohue qui prit les festivaliers au dépourvu, nombre d’entre eux se voyant tout simplement rater les premiers groupes programmés en début de journée.


Tout n’est pourtant pas à déplorer : en termes logistiques, le Download s’en tire avec les honneurs, proposant non seulement un service de navettes gratuites continu (avec Porte Maillot et Porte Dauphine comme points de chute) mais aussi un partenariat avec Uber offrant 10€ sur toute première course. La clôture du festival à 23h30 permet de plus de bénéficier des derniers métros, compensant ainsi l’absence de parking imposée par la géographie du lieu - quoiqu'un parking vélo était aménagé à l'entrée du site, inutile de préciser que ce-dernier était évidemment désert.


Arrive ainsi le moment des mentions spéciales : au-delà des différents coups de cœur et des déceptions propres à chaque groupe, il nous paraissait indispensable de tirer notre chapeau au réalisateur en charge de la diffusion lors du concert de Babymetal qui, malgré les avaries techniques, a su offrir aux festivaliers un épique moment de marrade avec son œil averti pour les costumes les plus what-the-fuckesques. Mention spéciale aussi à la communauté metal qui, on n’aura de cesse de le dire, reste probablement la plus avenante et la plus enclin à assurer le spectacle dans la fosse malgré - ou grâce à, c’est selon - ses excentricités. À défaut de vénérer Satan et de sacrifier des enfants à la gloire de l’Antéchrist, tous ces metalheads savent célébrer dignement la musique, chose primordiale dans un rassemblement d’une telle ampleur autour de… la musique.
En définitive, l’expérience Download France fut plutôt concluante pour une première édition. On reste malgré tout bien loin d’une grande manifestation hexagonale, la faute à une identité visuelle inexistante et une organisation encore balbutiante. Il n’empêche que les organisateurs assuraient que le Download représentait avant tout un investissement sur le long terme, aussi paraît-il légitime d’affirmer qu’avec les moyens mis à sa disposition, le Download saura tôt ou tard combler ses lacunes et proposer enfin un festival d’envergure nationale… et mettre fin au monopole du Hellfest ?


Peut-être. Mais ça, c'est une autre histoire.


Crédits photos : Nicko Guihal

Alan

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