The Stranglers
Salle : Coopérative de Mai (Clermont Ferrand)
Première partie :
L'avantage des concerts du dimanche soir, c'est qu'ils permettent de prolonger le weekend jusqu'à la dernière minute ou presque, et qu'ils sont un parfait antidépresseur pour lutter contre le blues de la reprise du travail. Ce n'est pas toujours un cadeau pour les groupes qui prennent le risque de voir l'affluence amoindrie : pas les Stranglers en tout cas, qui remplirent triomphalement la Coopérative de Mai à l'occasion de leur retour à Clermont-Ferrand après une absence si longue que J.J. Burnel pensait ne jamais être venu sur place. Il est vrai que leurs nombreux passages en France contournent souvent l'Auvergne au profit de Lyon ou Saint-Etienne, comme ce fut le cas pour les sept dernières fois où nous les avons vus sur scène.
Pour l'occasion, les Stranglers se sont offerts les services d'une première partie locale en la présence du jeune combo clermontois de post-punk Sink Deeper, desquels je ne dirai pas grand chose ayant un petit conflit d'intérêt avec certains des membres. S'ils lisent ces lignes, qu'ils sachent qu'ils ont été de loin la meilleure première partie des Stranglers qu'il m'ait été l'occasion de voir, et surtout la plus adaptée. De plus, la qualité sonore et le jeu de scène dynamique étaient remarquables pour un groupe émergent. N'étant pas amateur de post-punk, j'ai néanmoins été très agréablement surpris par la qualité des compositions, qui font de l'œil aux Talking Heads et Joy Division tout en se parant d'un ramage parfois résolument metallique. Les conclusions et les transitions mériteraient d'être affinées, mais c'est de l'ordre du détail : des félicitations doivent être adressées.
Assister à un concert des Stranglers, c'est accepter de prendre plus d'une heure et demi de musique non-stop en pleine face sans subir les incontournables échanges des musiciens avec leur public : Burnel s'adressera à nous à deux reprises, en français bien sûr, avec humour et bonhommie (plus proche du boomer que du punk, mais passons). Le groupe n'en est pas moins heureux d'être là, communicatif, plein d'entrain, mais le concert est dédié à la musique, loin de toute démagogie mielleuse. Qui ne leur irait pas.
J'ai rédigé trop de comptes-rendus des shows du groupe pour qu'il soit utile de me répéter : les morceaux phares ont tous été joués, des pépites agressives du début de la carrière ("Nice 'n' Sleazy" et "Peaches" ont été sublimés) aux tubes langoureux qui ont fait leur triomphe ("Golden Brown" et "Always the Sun"). Nous préférons insister sur les belles surprises offertes pour cet anniversaire du demi-siècle. Car si le concert a commencé de manière très classique, en comparaison avec les dernières tournées (nous ne boudons pas notre plaisir, nos titres préférés arrivent ainsi très vite), plusieurs morceaux inattendus parsèment l'opulente setlist.
En effet, Raven a été mis à l'honneur avec "Duchess" certes, mais aussi avec les très rarement joués "Genetix" et "Don't Bring Me Harry". En outre, qui aurait cru avoir le plaisir d'entendre "Ships That Pass in the Night", qui fait pour la première fois de l'ombre à "Midnight Summer Dream" ? La plus belle surprise fut la version modernisée et rappée de "Just Like Nothing on Earth", un titre assez moyen qui a enfin révélé tout son potentiel - et quel potentiel ! Nous sommes aussi heureux que le très bon Dark Matters n'ait pas été sacrifié, notamment par la présence du très techno "White Stallion" qui déploie une puissance imparable.
Était-il écrit que les Stranglers fêteraient leurs 50 ans de carrière sur scène ? S'il ne reste qu'un seul membre originel, le "No Future" a définitivement était jeté aux oubliettes, fût-il la philosophie d'un punk provocateur ou l'expression du nihilisme néoromantique new-wave - pour reprendre les deux branches de la fusion réalisée par le groupe. Rendez-vous pour le siècle ?
Setlist
Waltzinblack (The Gospel According to the Meninblack, 1981)
Toiler on the Sea (Black and White, 1978)
(Get a) Grip (on Yourself) (Rattus Norvegicus, 1977)
Duchess (Raven, 1979)
Sweden (All Quiet on the Eastern Front) (Black and White, 1978)
Nice 'n' Sleazy (Black and White, 1978)
Just Like Nothing on Earth (The Gospel According to the Meninblack, 1981)
Princess of the Streets (Rattus Norvegicus, 1977)
This Song (Dark Matters, 2021)
Don't Bring Harry (Raven, 1979)
Ships That Pass in the Night (Feline, 1983)
Breathe (Dark Matters, 2021)
Peaches (Rattus Norvegicus, 1977)
Golden Brown (La Folie, 1981)
Always The Sun (Dreamtime, 1986)
Genetix (Raven, 1979)
White Stallion (Dark Matters, 2021)
Walk On By (single, 1978)
5 Minutes (single, 1978)
Hanging Around (Rattus Norvegicus, 1977)
Tank (Black and White, 1978)
Rappel :
Go Buddy Go (single, 1977)
No More Heroes (No More Heroes, 1977)