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Compte-rendu de concert

A.A Williams


Date : 20/11/2023
Salle : Backstage O'Sullivans by the Mill (Paris)
Première partie : Kalandra

Un concert au plus près de A.A. Williams et Kalandra.

Franck, le 29/11/2023
( mots)

Quand l’occasion se présente, il est parfois intéressant de revoir un artiste dans un cadre et contexte différent. Cela permet en l’occurrence de vivre l’évènement d’une toute autre manière, de voir le groupe - ou l’artiste - en question sous un autre angle, et de s’attarder sur de nouveaux détails de compositions et de mise en scène. Véritable révélation du début d’année, Kalandra (que nous avions découvert en première partie de Leprous) nous avait fait forte impression malgré la durée relativement limitée de son set. Si le groupe norvégien avait parfaitement réussi son entrée en matière, arborant fièrement son univers folklorique tout en s’appropriant l’espace procurée par l’impressionnante salle Pleyel (Paris), il ne faisait aucun doute qu’un cadre un peu plus intimiste renforcerait la portée de ses envolées lyriques. Autant dire que nous ne nous sommes pas fait attendre pour prendre nos billets lors de l’annonce d’un passage par le Backstage (petite salle bar & concert du 18ème arrondissement de Paris) pendant l’hiver. Et ceci d’autant plus quand l’affiche se voit partagée avec une artiste aussi prisée que A.A Williams !

Avant d’assister à la représentation de cette séduisante tête d’affiche, nous avons pu découvrir les expérimentations sonores de Lys Morke, une auteure-compositrice-interprète catalane (accompagnée de son acolyte aux percussions électroniques) qui s’amuse à brouiller les frontières entre les genres, avec une musique au tempo lent qui évoquera PJ Harvey, Bjork, Massive Attack ou encore James Blake. Majoritairement électroniques, les compositions se voient accompagnées de projections visuelles en arrière-plan, renforçant le caractère contemplatif et viscéral – mais aussi étrange – de la musique de la jeune artiste originaire de Terrassa. Si les mélodies synthétiques s’avèrent assez hermétiques et imprévisibles au premier abord, le chant de Lys Morke constitue l’attraction principale, se positionnant comme un véritable repère au milieu des pérégrinations électroniques. Disposant déjà d’une esthétique et d’un univers sonore bien établis, il ne serait pas surprenant de réentendre parler très vite de Lys Morke dans le petit monde des musiques électroniques.

Contrairement à ce que laissait suggérer l’affiche, c’est A.A Williams qui prend la relève sur scène accompagnée d’un guitariste et d’un batteur. Tailleur noir, visage fermé, posture un brin austère, le style de la chanteuse-guitariste s’avère tout à fait en congruence avec sa musique : sombre, mélancolique et parfois farouche. Nous découvrons ainsi des compositions à la progression graduée - initiée par quelques arpèges de guitares et renforcée par moment par de légères nappes de synthés - laissant le champ libre à l’Anglaise pour marquer son territoire à l’aide d’une voix pénétrante, sans fard et non dénuée d’une certaine langueur. Il s’agit, en outre, d’une voix qui sous sa linéarité apparente, dégage tout une panoplie d’émotion qui la rendent d’autant plus captivante. Pour vous en convaincre, écoutez le très beau "Melt" (issu de l’album Forever Blue), un morceau qui nous cueille à vif avec un refrain d’une beauté et d’une évidence désarmante. Le set de l’artiste anglaise se révèle particulièrement solide, alternant judicieusement entre balades folk gothiques et mélancoliques, et envolées post-rock ombrageuses, décochant par moment quelques riffs bien sentis à la limite du metal. On pourra tout de même regretter une certaine froideur dans le spectacle proposé, la grande brune restant de marbre et n’interagissant que rarement avec le public. Il n’en reste pas moins une envie irrépressible de se replonger à tête reposée dans la discographie déjà bien fournie d’une artiste dont le potentiel ne semble avoir été qu’effleuré.

Si l’engouement peut varier d’un pays à l’autre (et au sein d’une même tournée), il ne faisait aucun doute que le public parisien était très majoritairement venu pour Kalandra, certaines personnes évoquant d’ailleurs leur découverte du groupe lors du fameux concert de Leprous. Après une attente interminable (liée à dysfonctionnement informatique mettant le groupe dans l’embarras), les quatre Norvégiens prennent enfin place sur scène après avoir posé le décor à l’occasion d’un sample d’introduction à l’aura mystique. Fidèle à lui-même, et malgré l’étroitesse de la scène du Backstage (la petite bande se livrant à une véritable partie de Tetris pour disposer l’ensemble de son matériel), le groupe livre une prestation particulièrement habitée et dynamique. Les Scandinaves déroulent les titres issus de leur premier album (The Line) avec une maitrise confondante, maniant aussi bien les codes de la pop ("Slow Motion", "Ensom") que les éléments de musiques folkloriques. A ce titre, nous avons droit à la traditionnelle partition à la corne, menée dans un calme contemplatif par un des deux guitaristes (n’est pas viking qui veut !). A quelques mètres seulement de la scène, nous profitons de toutes les nuances offertes par le jeu des Norvégiens, tout en étant captivés par la voix de la chanteuse Katrine Ødegård Stenbekk. Cette dernière fait part d’une tessiture plus large qu’il n’y paraît, capable de s’adapter aux différents registres imposés par les compositions, mais aussi de s’illustrer en s’appropriant des techniques vocales issues du folklore nordique et d’autres chants traditionnels. La chanteuse donne tellement de son énergie (ondulant au rythme de la musique et mimant les variations d’intonation avec ses mains) que l’on finit par dénoter une pointe de fébrilité et d’instabilité dans la voix au moment d’aborder le final exigeant du titre "Brave New World".

Là réside finalement l’intérêt des petites salles : nos groupes favoris y apparaissent plus humains, plus vulnérables aussi. Force est de constater que ce genre de contexte favorise l’émergence d’une énergie vive et communicative qui fait toute la différence.



Kalandra Setlist :
1.    Helheim (extended)
2.    Slow Motion
3.    Naive
4.    Borders
5.    Virkelighetens Etterklang
6.    Ensom
7.    Interlude
8.    It Gets Easier
9.    Brave New World


A.A. Williams Setlist :
1.    Wait
2.    Evaporate
3.    Murmurs
4.    Love an Pain
5.    Alone Into the Deep
6.    Control
7.    Melt
8.    For Nothing
9.    Golden
10.    The Echo
11.    Pristine
12.    Ruin (Let Go)
13.    Belong
14.    As the Moon Rests

Commentaires
Quentin, le 29/11/2023 à 09:56
Superbe compte-rendu de concert Franck ! Et je me doute qu'un concert de A.A Williams ce n'est pas la grosse poilade, mais quelle voix ! Je suis encore en boucle sur son dernier album. Et merci de nous avoir fait découvrir Kalandra, définitivement un vrai coup de cœur pour moi.