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Critique d'album

Unknown Mortal Orchestra


V


(17/03/2023 - Jagjaguwar - Rock indé - Genre : Rock)
Produit par

1- The Garden / 2- Guilty Pleasures / 3- Meshuggah / 4- The Widow / 5- In The Rear View / 6- That Life / 7- Layla / 8- Shin Ramyun / 9- Weekend Run / 10- The Beach / 11- Nadja / 12- Keaukaha / 13- I Killed Captain Cook / 14- Drag
Note de /5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Le charme de l'indépendance, malheureusement plombé par quelques longueurs."
Mathieu, le 29/03/2023
( mots)

Il y a ces groupes que l’on identifie sans peine dès les premiers tours de platine, à la première vibration de corde, tant le jeu, l’interprétation ou la production imprègnent immédiatement l'atmosphère sonore des compositions. Unknown Mortal Orchestra, projet du multi instrumentiste néo-zélandais Ruban Nielson rentre indiscutablement dans cette catégorie : production lo-fi, batterie métronomique compressée à l’extrême et filtres vocaux en pagaille façonnent le terreau de ce grain sonore unique sur la scène indie internationale. 


Cette atmosphère à la fois intrigante et chaleureuse déteignait sans surprises sur les deux premiers singles révélés à l’été 2021 (!), collant parfaitement à la saison et se plaçant instantanément parmi les compositions les plus catchy du collectif (“That Life” s’est même positionné sans peines au niveau de leurs plus grands moments). Autant dire qu’un album était attendu de pied ferme suite à cette mise en bouche plus que convaincante. Il aura finalement fallu attendre Octobre 2022 et la découverte de “I Killed Captain Cook” pour obtenir la confirmation qu’une nouvelle galette était effectivement en préparation puis février accompagné de “Layla”, pour voir se transformer cette nouvelle offrande en double album. Les jalons furent posés et nous voilà comme promis, à accueillir le printemps en compagnie du sobrement intitulé V. Emboitant le pas à l’excellent Multi-Love, magnifique pièce d’indie pop psyché feel good franchissant la barrière lo-fi imposée par ses deux (également très bons) prédécesseurs et à un décent Sex & Food un brin en deçà, V semble s’inscrire dans la suite logique des évènements. 


Toujours dans cette approche lo-fi qui leur est propre (c’est en partie ce qui façonne le charme et l’intérêt que l’on porte au groupe), nos kiwis délaissent ici les véritables sauts d’orgueils acides, qui popaient çà et là auparavant ("American Gult”, “Nerve Damage”, “Like Acid Rain”) pour embrasser pleinement un style à la cool bien plus lisse. Une place de choix est ici laissée au groove laiteux qu’on leur aime tant, mené par un Nielson distillant ses textes avec aisance du côté soul de la force. Ce timbre chaleureux exprime une nouvelle fois tout son potentiel sur des pièces de la trempe d’un “Nadja”, envoutante de par son groove à la force tranquille. Le traitement magique appliqué systématiquement à l’enregistrement des voix depuis la genèse du projet il y a 13 ans de celà n’est toujours pas passé de mode et se révèle tout aussi captivant, que l'instant soit aérien (“I Killed Captain Cook”, “Layla”) ou plus dansant (“In The Rear View”, “That Life”).


Toute nouvelle production d’UMO s’apprivoise et demande un certain temps, bien souvent incompressible, pour s’imprégner et adhérer pleinement au remaniement de cet univers sonore atypique. Le brouillard épais palpable à la découverte de V nécessite une acclimatation d’autant plus assidue pour évoluer à vue et peut, au premier abord, laisser apparaitre ce disque comme très hermétique. Heureusement, pour les initiés et les plus rigoureux d’entre nous, l’évidence de ces 14 nouvelles pièces se dévoilent peu à peu, au point de rendre l’ensemble un poil addictif. Le choix de disséminer tout du long une poignée de titres plus immédiats (“Meshuggah”, “That Life”, Weekend Run”) permet de prendre plus aisément ses marques et c’est avec cette vue d’ensemble, que s’impose une réelle volonté de saisir toute l’essence de l’œuvre complète. Ce sentiment de reviens-y est notamment renforcé par un “The Garden” convainquant, ouvrant avec modernité cet opus, solo de guitare grandiose et accords plaqués délicatement au piano en pôle position. Ce dernier, que très peu employé lors des travaux antérieurs, constituera ici une sorte de fil rouge dans un ensemble où même l’enchainement des pistes a été considéré avec soin. Prenez pour exemple la conclusion de l’instrumental “The Widow”, amorçant subtilement le thème de l’excellent “The Rear View”, nouvelle démonstration de la sensualité hors pair de notre vocaliste.


C’est cependant cette même vision panoramique qui révèle en contrepartie le caractère périlleux du double format et qui laisse place à la principale tare de V : les titres instrumentaux. Ces quatre pièces misant sur la répétition de patterns mélodiques s’essoufflent systématiquement au bout d’une poignée de minutes et auraient grandement gagnées à tirer parti du statut de simples interludes (comme le fait parfaitement “Keaukaha”). Orpheline du support de la voix caractéristique de Nielsen encensée déjà maintes fois, la musique d’UMO perd malheureusement un peu de son sens et ces passages à vide ébrèchent systématiquement la dynamique du déroulé. Bien que “The Widow” aurait pu constituer une franche réussite, il est rattrapé par ce solo de saxophone aux fades saveurs d’une bande son d’ambiance (ascenseur, standard téléphonique : choisissez votre vice). De son côté, le sympathique riff du conclusif “Drag” aurait très certainement gagné à s’associer à un bon petit refrain feel-good, pourtant coutume dans les pratiques habituelles du groupe (il est temps de se repasser “That Life, eh oui, encore lui).


Vous l’aurez compris, V ne détrônera pas un Multi-Love ou un II en termes d’équilibre, de cohérence et de qualités sonores. Mais malgré ses quelques défauts, qui ma foi, se font vite oublier, celui-ci s’inscrit dans la continuité d’une discographie solide pour un groupe qui ne succombe définitivement pas aux standards radiophoniques et qui continue, en toute indépendance, à proposer un son personnel et bien à part dans son écosystème. Ne boudons en définitive pas notre plaisir de retrouver l’Unknown Mortal Orchestra près de 5 ans après leur dernière production, et qui, de plus, saura constituer la parfaite bande son pour accueillir les beaux jours à venir. 


 


A écouter : “That Life”, “Meshuggaah”, “In the Rear View”

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