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Critique d'album

The Lounge Society


Tired of Liberty


(26/08/2022 - Speedy Wunderground - Post Punk - Genre : Rock)
Produit par Dan Carey

1- People Are Scary / 2- Blood Money / 3- No Driver / 4- Beneath The Screen / 5- North Is Your Heart / 6- Last Breath / 7- Remains / 8- Boredom Is A Drug / 9- It's Just A Ride / 10- Upheaval / 11- Generation Game
Note de 5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"La légende Speedy Wunderground"
Mathieu, le 19/12/2022
( mots)

La légende raconte qu’un producteur garderait captif dans son studio de Londres et pendant parfois plusieurs jours la crème de la scène montante britannique désormais des plus foisonnantes, pour en extraire pleinement la substantifique moelle. Cette captivité imposée, intégrant pleinement un processus créatif des plus immersif, est l’idée du non méconnu Dan Carey (à l’origine de la création du label Speedy Wunderground), ayant participé, comme vous le savez surement, à l’émergence des jeunes formations post-punk montantes du moment (Fontaines D.C., Black Country, New Road, Squid, black midi et tutti quanti).


A l’origine, la philosophie du label s’articulait autour de l’enregistrement d’un et un seul titre, en compagnie de groupes sélectionnés (il ne faut pas être n’importe qui pour avoir l’honneur d’être produit par Monsieur Carey), en suivant quelques règles strictes. L’enregistrement devait impérativement être achevé en une seule journée (minuit, dernier délai), tout comme le mixage, réalisé dans la continuité. Pas de pause dej’, pas d’overdub et un temps minium entre la mise en boite et la sortie sur 45 tours, voici les grandes lignes de la bible Speedy Wunderground du prophète Carey. On vous conseille chaudement de jeter une oreille aux compilations annuelles qui regroupent l’intégralité des archives (5 à ce jour), pour saisir pleinement les motivations de cette méthode de travail. C’est frai, saisi sur l’instant, direct et authentique, représentatif du fourmillement de la scène britannique actuelle en quelque sorte.


Suite au succès de la formule, le concept est venu s’élargir à la production ponctuelle d’EP et d’albums (4 EP et 4 albums à ce jour), sur des périodes de travail bien évidemment rallongées, mais suffisamment courtes pour préserver toute l’essence et la spontanéité à l’enregistrement. Après s’être prêtés à l’exercice pour un premier EP (Silk for the Starving, également recommandé), les quatre fanfarons indisciplinés de The Lounge Society ont souhaité réitérer l’expérience pour coucher sur bandes leur premier long format. Des tendances casanières ou masochistes ? On ne saurait dire mais il est certain qu'à l’écoute, le jeu en vaut la chandelle, le génie d'un producteur visionnaire une fois de plus au service d’une bande de musicos britons talentueux.


Modelé dans une tradition post-punk bien british (The Fall, Gang of Four, Wire), Tired of Liberty viendra titiller nos sens avec ses touches funky et new wave palpables dès l’intro. “People Are Scary”, au métronome capricieux, séduit d’emblée sur fond synthétique planant, prenant de plus en plus d’ampleur au fil des minutes. Plutôt que de composer autour de structures prédéfinies, le groupe préfère mettre l’accent sur de malines variations d’ambiances et de tempos, prodiguant à l’ensemble un dynamisme imparable (“Last Breath”, en parfait exemple). De ce fait, aucun single ne se démarque vraiment de l’ensemble, qui s’apprécie d’une traite. En ne franchissant que très rarement les 4 minutes, chaque piste va droit au but, et nous balance sans chichi riffs catchy, démonstrations rythmiques jubilatoires (le final de “North is Your Hearth”) et lignes de basse fantasques (“Boredom is A Drug”, d’autant plus impressionnant lorsque l’on sait que c’est Cameron Davey, le chanteur, qui assure derrière la 4 cordes). Promis, vous ne vous ennuierez pas ici.


On soulignera particulièrement la complicité palpable entre nos deux guitaristes, Herbie May et Hani Paskin-Hussain, évoluant en toute synergie entre nappes grondantes (“Remains”), touché funky (“It’s Just A Ride”) et lignes punchy (“Blood Money”), s’échangeant régulièrement thèmes et rythmiques avec adresse. Le filon synthétique intégré ponctuellement (L’intro de “No Driver”, dans une veine très New Order), rapporte également sa dose de fraicheur, Dan Carey en personne délivrant son groove sur “Beneath The Screen” derrière son Swarmatron. Le chant de Davey est quant à lui clair et expressif, rappelant par moments le timbre du Danois Elias Bender Rønnenfelt des très bon Iceage. Ce chant nuancé contraste réellement avec la thématique plutôt sombre abordée ici, entre société capitaliste muselée et jeune génération étriquée, plutôt classique pour du post-punk vous me direz. Petite anecdote pour finir, en survolant le disque dans sa globalité, on remarquera la subtile progression sonore accordée à la prise de voix. Vous n’avez pas senti ce voile brumeux s'installant peu à peu ? Une énième idée de notre producteur intrépide pour renforcer la progression du disque, éloignant au fil de son déroulé, le micro des cordes vocales de notre chanteur.


Les capacités instrumentales de nos quatre musiciens sont certes sidérantes, d’autant plus lorsque l’on garde à l’esprit la configuration dans laquelle les morceaux ont été captés, mais gardons tout de même à l’esprit que le facteur production a ici clairement participé à la pertinence artistique de l’album. Sincère, punk, funky, aérien, nombreux sont les qualificatifs pouvant être accolés à ce Tired of Liberty, qui, contrairement à ce que son intitulé laisse entendre, se permet une liberté artistique considérable. Permettant d’assurer la cohésion et la progression, tout en se laissant vaquer vers toutes sortes d’originalités, Dan Carey justifie une fois encore ses capacités à extraire le meilleur des étoiles montantes du rock d’outre-manche. Encore merci M'sieur Carey.


A écouter“People Are Scary”, “No Driver”, “Beneath The Screen”

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