Solaris
Marsbéli Krónikák
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1- Marsbéli Krónikák I. = The Martian Chronicles I. / 2- Marsbéli Krónikák II.-III. = The Martian Chronicles II.-III. / 3- Marsbéli Krónikák IV.-VI. = The Martian Chronicles IV.-VI. / 4- M'ars Poetica / 5- Ha Felszáll A Köd = If The Fog Ascends / 6- Apokalipszis = Apokalypse / 7- E-Moll El?játék = Prelude In E Minor / 8- Legy?zhetetlen = Undefeatable / 9- Solaris
En 1984, la Hongrie demeure une République populaire mais son régime apparaît suffisamment souple pour qu’on parle de "socialisme du goulasch" : c’est d’ailleurs de ce pays que naîtront les premières fissurent qui creuseront le Bloc de l’Est, comme un écho au soulèvement de 1956. Et c’est ainsi qu’une scène rock a pu s’épanouir plus facilement, même s’il est vrai que les musiciens des pays l’Est sont parvenus à s’affranchir des barrières structurelles imposées par les dictatures et à donner naissance à un courant de musiques populaires électrifiées, si bien que le rock progressif s’y est développé dès les années 1970. Omega est sûrement la formation hongroise la plus connue, mais c’est au milieu des années 1980 que se déploie le meilleur combo d’au-delà du Rideau de fer : Solaris.
Le quintet de Budapest fait son apparition discographique en 1984, lorsque paraissent ses chroniques martiennes (traduction de Marsbéli krónikák), dont le cœur est une suite en six mouvements (et trois pistes) inspirée d’un récit du romancier polonais Stanislaw Lem. Ce premier album est l’ouvrage-clef du répertoire du combo tant il est brillamment composé et tant il assoie le style caractéristique du combo : un rock progressif instrumental centré sur les synthétiseurs, qui évoque tantôt Vangelis, Klaus Schulze, Tangerine Dream et même Jean-Michel Jarre, tout en étant plus dynamique grâce à l’apport d’une guitare électrique musclée et de la flute.
Le premier mouvement des "Marsbéli krónikák" installe une mélodie imparable et devrait faire le tri entre ceux qui succomberont immédiatement à la beauté du propos et ceux qui resteront sur le côté ; puis, les deux mouvements suivants affirment une esthétique plus proche du rock progressif à travers une ambiance camelienne épique (la guitare mélodique et la flûte joue pour beaucoup dans l’établissement de ce parallèle). Rassemblés en une seule piste de treize minutes, les trois derniers mouvements assemblent des nappes retro-wave et des lignes plus rock, où la guitare délivre des suites de notes sublimes et des riffs Heavy (et même un final acoustique). Mélodieux et captivant, ce travail d’orfèvre a rarement été égalé à l’échelle du rock progressif : c’est dire si Solaris fait figure de trésor caché.
Au-delà de cette épopée magistrale, le groupe disperse le quasi metallique "M’ars poetica" aux synthétiseurs virtuoses, la simplicité langoureuse d’"Ha felszáll a köd (If the Fog Ascends)" (qui évoque à nouveau Camel), la glorieuse chevauchée d’"Apokalipszis (Apocalypse)" proche d’une version synthétique de NWOBHM (tout comme le sont "Legyõzhetetlen (Undefeatable)" ou le solo de "Solaris").
C’est donc en Hongrie que s’ouvre une porte de sortie au rock progressif empêtré dans les années 1980 et un renouveau plus original que celui proposé par le mouvement néo-progressif en gestation, un sous-genre parfois brillant mais peu inventif. Solaris propose une musique instrumentale qui fait un usage intelligent des possibilités offertes par les synthétiseurs et des évolutions venues des musiques saturées alors en plein essor, le tout orchestré par une écriture progressive mélodique qui permet de tourner une nouvelle page dans l’histoire de la symphonie moderne – aussi appelée rock progressif.
À écouter : "Marsbéli krónikák part I-VI", "Apokalipszis (Apocalypse)", "Solaris"