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Critique d'album

Scott Kelly, Steve Von Till, Wino


Songs Of Townes Van Zandt


(12/06/2012 - Neurot Recordings - Folk - Genre : Chanson / Folk)
Produit par

1- If I Needed You / 2- St. John, The Gambler / 3- Black Crow Blues / 4- Lungs / 5- Rake / 6- The Snake Song / 7- Nothing / 8- Tecumseh Valley / 9- A Song For
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Car il est bon de voir le monde faire oeuvre de mémoire."
Geoffroy, le 09/07/2012
( mots)

Etrange de chroniquer un recueil de reprises de Townes Van Zandt sans avoir jamais rien écrit sur ce dernier. Disons que les circonstances se révèlent particulières et que celle-ci mérite le détour. Ayant eu la chance de m’épanouir sous la musique du joueur de folk texan et celle des Californiens de Neurosis à peu près à la même époque, j’éprouvai une intense vibration ventrale en découvrant que ces deux piliers de ma sensibilité actuelle étaient liés d’une certaine manière. Je connaissais déjà les penchants folk des deux chanteurs rauques, ne cachant pas avoir d’abord su apprécier leurs albums solo avant de finalement tomber à genoux sous les vapeurs étouffantes et lancinantes de A Sun That Never Sets. De là à penser que je finirai par entendre Scott Kelly et Steve Von Till reprendre parmi les plus belles perles de Van Zandt, je ne me serais pas tant avancé, bien que leur partage d’un amour profond des chansons mélancoliques semblait un rapprochement évident.

 

Lors d’un tout récent concert dans une galerie d’art à Belfort, Scott Kelly avait confessé la passion qui le liait à la musique de Townes Van Zandt, née quand un ami lui avait fait découvrir son œuvre il y a de ça une dizaine d’années maintenant. Lui aussi est tombé à genoux devant ces histoires de pauvres erres et d’âmes perdues contées d’une simple guitare et d’une voix fatiguée, et j’imaginerais presque aisément les larmes couler sur ses joues rêches d’ermite à l’évocation de Caroline. J’avais ouï avant ce concert des nouvelles à propos de ce recueil de reprises et, les attendant patiemment, me suis retrouvé empli de chaleur, yeux fermés devant cette force de la nature maintenant un peu vieillie, contant à la fin de sa prestation les puissantes "Tecumseh Valley" et "St. John, The Gambler", ce dans sa propre approche des choses, guitare débridée, voix caverneuse et lenteur pesante, comme face à lui-même, avec toute la profondeur et la pureté un brin brute dont savait faire preuve son ainé dans l‘interprétation.

 

Il y avait déjà ce côté poussiéreux, purement texan, cette sécheresse continuelle et ces nuits froides, largement défendus aujourd’hui par Kelly, Von Till et Wino. Van Zandt avait, paraît-il, la tendance à romancer ses textes, les embellir de tragédie et de tristesse, de fatalité certaine dans les derniers paragraphes, révélant son caractère fébrile et hanté par la mort. J’invite quiconque à aller s’envoyer "Waiting Around To Die" dans cette version vidéo où l’on voit le cow-boy jouer pour un vieux forgeron noir, Uncle Seymour Washington, qui se met à chialer au beau milieu de la chanson. Le film s’appelle Heartworm Highway et transpire la sueur de ces gens vrais de l’Amérique profonde, ceux que tout le monde oublie mais dont les folkmen parlent continuellement dans leurs chansons. Van Zandt étaient de ceux qui refusent le succès, effrayés par ce dernier, prêts à offrir jusqu’au dernier sou de son cachet au clochard qu’il croisait au coin de la rue.

 

Si la country vous a toujours fait l'effet d‘être perdu en plein désert avec pour seule compagnie une poignée de fermiers sudistes hyper-patriotes à l‘accent incompréhensible puisqu’imbibés jusqu’à l’os - l’angoisse - ce disque est l’occasion de découvrir ou redécouvrir la musique de Townes Van Zandt sous une lumière différente, parfois plus claire, parfois plus opaque, selon lequel de ces trois ours sensibles s’attèle à l‘ouvrage. Guitare plus sèche, arrangements moindres, soleil écrasant, la relecture de ce trio phare de la scène doom, partageant à l'aide d'une vie peu avare en tempêtes un pan de la vision du songwriter alcoolique et codéïné, est un hommage franc à l’un des plus beaux monuments oubliés de la chanson contemporaine, et à l’instar des consorts Drake et Jansch, il est bon de voir le monde faire œuvre de mémoire, aussi tristes soient les souvenirs.  

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