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Critique d'album

Ride


Weather Diaries


(16/06/2017 - Erol Alkan - shoegaze - noisy pop - Genre : Rock)
Produit par Erol Alkan

1- Lannoy Point / 2- Charm Assault / 3- All I Want / 4- Home Is A Feeling / 5- Weather Diaries / 6- Rocket Silver Symphony / 7- Lateral Alice / 8- Cali / 9- Integration Tape / 10- Impermanence / 11- White Sands
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Un come-back en demi-teinte pour les chantres de la noisy pop anglaise"
Nicolas, le 24/01/2018
( mots)

Un rédacteur du site me signalait encore récemment en aparté : “La meilleure chose qui soit sortie du split d’Oasis, c’est la reformation de Ride. Une affirmation qui, si elle ne m’a pas semblée aussi saugrenue que ça sur le moment, ne manque pas de m’interpeller à l’écoute de ce Weather Diaries. Car enfin, fallait-il vraiment que le couple terrible Gardener - Bell remette le couvert ? Certes, le second mérite à l’évidence bien mieux que de cachetonner à la basse dans Oasis, ou pire, dans Beady Eye. Certes, la perspective de voir à nouveau se réunir l’un des quatuors les plus réjouissants de l’Angleterre pré-britpop peut avoir de quoi mettre l’eau à la bouche. Mais quand bien même les augures seraient de nouveau favorables, le carré d’Oxford peut-il, vingt-et-un ans après le calamiteux Tarentula, retrouver de sa superbe passée ? Réponse ci-dessous, une réponse des plus contrastée comme vous allez le voir.


Déjà, Ride, c’est avant tout l’histoire d’une méprise. Nowhere, catapulté illico comme disque fondateur du shoegaze alors qu’on n’y trouve quasiment pas de guitares gavées de réverb’. Une étiquette qui n’a d’ailleurs pas manqué d’irriter Mark Gardener et Andy Bell dont le manifeste noisy éclaté se voulait avant tout un hommage aux Smiths, à Sonic Youth et aux Stone Roses. En cela, Nowhere se pose comme une synthèse froide, irisée et chaotique de toutes ces influences (avec certes une pincée d’un My Bloody Valentine pré-Loveless dedans), mais faut-il s’étonner en définitive que le groupe soit ensuite allé titiller la pop planante ou le rock punchy, voire qu’il ait essayé de se raccrocher aux wagons de la britpop lorsque la locomotive est entrée en gare ? Vilains petits canards de la catégorie, les membres de Ride le sont aussi par leur mémorable inimitié : qui se souvient de leurs caprices de cour d’école ayant conduit Carnival Of Light à se retrouver scindé en deux faces disparates, l’une avec les compositions de Gardener et l’autre celles de Bell parce que le second refusait catégoriquement que ses morceau côtoient ceux du chanteur ? Soyons honnêtes deux minutes : Ride, c’est Nowhere et Going Blank Again, point. Un groupe qui aurait pu devenir grand mais qui n’a pas su surmonter ses problèmes d'ego ni maintenir une trajectoire lisible à son esquif. Reste qu’au bout de presque deux années de concerts faisant suite à leur improbable reformation, on pouvait leur accorder le bénéfice du doute et se dire qu’après tout la maturité ne pouvait décemment nuire à une telle entreprise.


Réponse contrastée donc, mais qui n’a finalement rien d’étonnant à la lumière du développement précédent. Plus de vingt ans plus tard, le son de Ride s’est lissé, poli, aidé en cela par la production d’Erol Alkan, DJ bien connu pour avoir chapeauté les émoluments de Late Of The Piers et Mystery Jets. Curieux choix, mais qu’importe vu qu’Alan Moulder est passé derrière pour injecter profondeur et amplitude à l’ensemble. Mark Gardener semble n’avoir pas pris une ride : sa voix frêle réalise toujours aussi bien le pendant des cordes tour à tour rugueuses et amples de la formation anglaise. La section rythmique demeure imposante, et on ne dira jamais à quel point Laurence Colbert s’avère un batteur précieux par la densité et la prodigalité de ses frappes. Là-dessus, Ride a politisé son propos, aidé en cela par le Brexit et les lois anti-immigration de Theresa May qui ont récemment secoué le Royaume Uni, quoique le “All I Want” qui résulte de cette prise de position se révèle très peu intéressant sur le plan purement musical, voire limite agaçant dans la systématisation de ses samples vocaux qui ne parviennent pas à redynamiser un titre mollasson. Ainsi en est-il, presque paradoxalement donc, des morceaux étiquetés shoegaze qui ne font clairement pas partie des meilleurs fresques de ce tableau. Si la dream pop glandeuse de “Home Is A Feeling” se laisse appréhender sans déplaisir, elle n’a franchement rien de révolutionnaire. Quant à “Weather Diaries”, brossé sur fond d’angoisse climatique, il se montre aussi long qu’un jour sans pain et ne distille son intérêt sonique qu’en toute fin de piste. Ne parlons pas de loonnngue - et inutile - introduction de “Rocket Silver Symphony”, demi-pièce qui aurait bien mérité un traitement plus vaste tant son refrain laisse présager du meilleur. En fin de compte, on ne goûtera véritablement aux bienfaits de Ride en termes d’effets spéciaux de guitare qu’à la toute fin de l’album avec un “White Sands” aventureux et complexe, finalement beaucoup plus finaud et touffu qu’appréhendé au premier abord, après un “Impermanence” certes béat mais distillant là encore son quota de rêverie estivale.


Presque paradoxalement donc, ce sont les morceaux les plus directs, les moins noyés dans la gaze et l’éther, qui s’en sortent le mieux, en témoigne un “Lannoy Point” injectant juste ce qu’il faut de feedback pour se lover autour de lignes de guitare majestueuses, avec un rythme trépidant et une petite pointe synthétique bienvenue qui permet d’obtenir un titre fort et “moderne” (avec les guillemets qui s’imposent) sans pour autant renier l’héritage 90’s des lascars. Cette réussite n’est pas aussi incontestable sur l’autre single extrait de Weather Diaries, “Charm Assault”, duquel ne surnage qu’un motif de six cordes enrobant un joli couplet qui se voit terni par un refrain en berne, beaucoup trop Suede pour être honnête à vrai dire. Mais cette simplicité, ce caractère direct demeure encore l’atout majeur du carré anglais, jusqu’à aboutir à deux titres qui valent vraiment la découverte : “Lateral Alice” avec une basse heavy et grondante et le superbe “Cali” que ne renieraient pas les Pixies (les vrais, ceux de Kim Deal). Mais on peine à ressortir pleinement satisfait de cet album au demeurant décousu, tantôt tutoyant la folle jeunesse de ses géniteurs, tantôt se contentant d’un remplissage de mauvais aloi qui ne fait pas honneur à leur statut. Évidemment, au milieu d’un tel capharnaüm, un instrumental sensé faire tampon tel que “Integration Tape” n’a strictement aucun intérêt malgré d’indéniables qualités… N’empêche que ce LP 5 fait mieux que son prédécesseur, ce qui en soit n’est pas un exploit mais permet à tout le moins de redorer partiellement le blason d’un groupe qui, en bossant un peu et en s’en donnant les moyens, pourrait sans doute tutoyer de nouveau les sommets. Reste qu’en termes de revival shoegaze, on vous conseillera plutôt de fondre sur le magnifique come back de Slowdive dont l’éponyme ne souffre quasiment d’aucune critique. Dommage...

Avis de première écoute
Note de 3.5/5
Un album inégal, dispensable mais terriblement attachant, qui repose sur un principe simple: un épais tissu sonore déchiré par des guitares lumineuses. Si certains morceaux sont parfaitement oubliables, on ne peut pas bouder son plaisir à l'écoute de l'entrainante "Lateral Alice", des singles "Lannoy Point" et "Charm Assault". Mention spéciale pour le titre éponyme, tout en retenue et en dream pop.
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