Possessed Steel
Aedris
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1- The Dreamer / 2- Spellblade / 3- Keeper of the Woods / 4- Forest of the Dead / 5- Frost Lich / 6- Assault on the Twilight Keep / 7- Free at last / 8- Bogs of Agathon / 9- Skeleton King / 10- Nobunaga
Que l’heroic-fantasy ait inspiré le Metal depuis ses débuts et que le jeu de rôle ait été un vecteur pour diffuser cette littérature auprès d’un public élargi, voilà des choses connues. Il fallait donc que ces deux objets culturels, déjà reliés par un même tropisme pour les mondes fantastiques, finissent par se rejoindre, et c’est de cette rencontre que provient le premier concept-album (et premier opus tout court) de Possessed Steel.
Intitulé Aedris, l’album affiche un titre qui fait référence au personnage principal de l’univers bâti par les musiciens à l’origine de cette œuvre : selon la prophétie, le protagoniste serait le dernier homme capable de manier la Possessed Steel, seule arme pouvant abattre les trois Architectes du monde désormais prêts à le détruire. On s’imprègne de l’ambiance des terres du Valmark du Nord grâce à une illustration soignée, de la pochette jusqu’au logo du groupe, et un livret complet composé de cartes et de détails narratifs.
En outre, comme souvent dans ce type d’album, une introduction ("The Dreamer") permet de se plonger dans l’arc narratif – elle est ici interprétée au piano dans un genre proche des Saisons de Tchaïkovski. De plus, cet effort d’immersion s’accompagne de petits intermèdes à la guitare acoustique ("Forest of the Dead"), et de bruits d’ambiance, comme le cheval galopant qui ouvre le titre power-speed-Metal "Assault on the Twilight Keep" (dont les refrains et le pont arpégé valent les détours) ou les chants d’oiseaux de la sublime ballade folk "Free at Last".
Ces fioritures permettent d’articuler des plages arborant un excellent Heavy Metal épique (ou "mythique", comme dit le combo) et mélodique, audible dès "Spellblade" qui engage le groupe dans la veine de Visigoth ou de Grand Magus. On pensera aussi aux grands noms de la scène américaine - Cirith Ungol, Manilla Road ou Omen, même si Possessed Stee ne boude pas le chant guttural pour incarner les antagonistes de cette aventure ("Keeper of the Wood", le plus bourrin thrash-doomesque "Frost Lich").
En soi, il n’y a rien de très innovant, mais le résultat est excellemment bien fait, tant la formation de Toronto se démarque par une écriture redoutable qui surpasse la plupart de ses homologues, grâce à des musiciens brillants (dont un très bon chanteur qui n’en fait jamais trop) et des compositions irréprochables, empruntant des chemins variés (parfois épique, heavy tradi, speed ou doom…) qui épousent parfaitement les péripéties du récit. En fin d’album, Possessed Steel redouble même de créativité en enchaînant l’enthousiasmant "Bogs of Agathon" (à l’intitulé Manilla Road-esque) puis le long "Skeleton King", offrant une fin d’épopée glorieuse.
Si le nom de l’album semble indiquer qu’il puisse s’agir un one-shot, narrant l’unique aventure d’Aedris muni de son épée (d’autant plus que le groupe ne donne aucune nouvelle depuis plusieurs années), il demeurera cette merveille intemporelle qui rend honneur au genre en pleine vague revival.
À écouter : "Spellblade", "Free at Last", "Bogs of Agathon", "Skeleton King"