↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Plini


Handmade Cities


(26/08/2016 - Indépendant - Instrumental - Genre : Rock)
Produit par Plini / Ermin Hamidovic

1- Electric Sunrise / 2- Handmade Cities / 3- Inhale / 4- Every Piece Matters / 5- Pastures / 6- Here We Are, Again / 7- Cascade
Note de 5/5
Vous aussi, notez cet album ! (38 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.0/5 pour cet album
"Mains de maître et doigts de fée"
Etienne, le 20/09/2016
( mots)

Il y a quelques semaines, nous évoquions le jeune guitariste australien Plini, un nom affreux, soit dit en passant, qu'on aurait pu attribuer à un énième YouTubeur déjanté pour ados aliénés. Bref, un inconnu au bataillon rapidement mis en lumière pour deux raisons indépendantes de son bien-vouloir. La première n’est autre que son intégration à la tournée européenne de Animal As Leaders, groupe à la renommée certaine, pratiquant un metal progressif instrumental un peu barré, composé de techniciens hors-pairs qui ont eu la bonne idée de poser leurs valises en Europe cet été. La seconde, et c’est elle qui a définitivement braqué les projecteurs sur le jeune australien, est que Plini est « l’avenir de la guitare ». Rien que ça. Une affirmation délirante prise telle qu’elle, qui prend pourtant un sens respectable quand on connaît l’auteur de cette parole bienveillante, Monsieur Steve Vai. Qu’on aime ou pas ce prophète de la six cordes - personnellement, j’ai toujours trouvé Satriani un cran au-dessus en terme de composition et intouchable niveau modestie - on est obligé de reconnaître que les éloges de Monsieur Vai en appellent à une certaine curiosité de notre part. Et ça tombe bien, voilà que - comme par hasard - quelques semaines après cette publicité inopinée, sort Handmate Cities, premier album du dit Plini.


Plini n’en est pas vraiment à son coup d’essai. Il a déjà sur son bandcamp un nombre conséquent de titres différents ("Sweet Nothing", "Atlas", "Moonflower") et, une fois n’est pas coutume, on peut identifier deux raisons à ce phénomène. Primo, Plini pratique du rock instrumental, ce qui signifie qu’il s’abstient de tout sujet d’écriture et de toute tergiversation visant à savoir quel braillement animalier ou récital lyrique devra subir le pauvre micro du studio d'enregistrement. Ses réflexions, ses circonvolutions, ses expérimentations portent exclusivement sur l’instrument, point-barre. Secondo, Plini est un bûcheur forcéné, un bourreau de travail, un geek de la musique. Il fait tout, tout seul. Il compose, arrange, enregistre, mixe et produit, tout son travail. Besogne effectuée en intégralité dans sa chambre, s’il vous plaît - c’est marqué sur le disque. Seule la batterie est enregistrée par Troy Wright, le bougre qui l’accompagne en tournée. En gros, Plini n’est contraint que par ses propres limites musicales et techniques. Autant dire, pas grand-chose.


Le natif de Sydney dévoile en effet un jeu effarant de vitesse, de précision et de feeling. Des phrasés en legato supersoniques comme aspirés dans un vortex de décibels, aux longs bends stridents sous tension électrique permanente, toute la palette du guitariste est maîtrisée. Le très dual "Handmade Cities", tempéré puis effréné, expose à lui seul le talent de Plini. Il construit des pièces complexes aux rythmes variées ("Electric Sunrise", "Cascades") où son sens affûté du placement fait mouche. Les notes tombent, souvent comme la goutte d'eau sur le sol, avec puissance et directivité, parfois comme la feuille soufflée par une douce brise d'automne, lentement, approximativement, s'autorisant même quelques cabrioles rythmiques ("Pastures"), mais toujours atteint sa cible. Le jeu de Plini est très organique, souvent aérien ("Pastures"), parfois terrien lors d'un "Inhale" sismique,  métallique dans "Electric Sunrise", presque jazzy dans "Inhale", et sporadiquement aquatique lorsqu'il use sans retenue d'un effet-chorus très marqué dans "Every Piece Matters". Complexe mais pas compliqué, sa manière singulière d'aborder son instrument permet à l'australien de protéger son auditoire de l'obscurantisme quasi-scientifique accompagnant habituellement les albums instrumentaux. Sans en faire trop, l'australien parvient à nous convaincre de son talent. Surtout que celui-ci ne se limite pas qu'à shredder - oui, comme les méchant dans le Tortues Ninja... - comme un excité sur son manche jusqu'à obtenir une bouillie de notes imbitable.


Tout le long de Handmate Cities, il associe son instrument de prédilection à des ambiances feutrées finement construites et des arrangements pointus. Les claviers tissent des ambiances éthérées et planantes aux confins de l'électronique et du rock progressif ("Electric Sunrise", Cascade"). Un décor parfait pour laisser évoluer une six-cordes en état de grâce. Qu'il soit composé de simples claviers épurés ("Inahle") ou des frénétiques rythmiques décharnées ("Handmate Cities"), l’attirail annexe de Plini créé ce climat épique dans lequel le guerrier part au combat, guitare armée en bandoulière. La fanfare, très orchestrale ("Here We Are Again"), annonce le débarquement sur le champ de celui que tout le monde attend, "le futur de la guitare". Indiscutablement, Plini ouvre de nouvelles perspectives à son instrument en composant bien plus qu'un énième solo virtuose ou un riff démoniaque. Il joue sur les silences, les temps morts, les fractures de rythmes et embrasse les sonorités de la scène progressive moderne pour mieux laisser chaque titre envoûter par son environnement mélodieux et atypique, loin de se résumer à un simple piédestal musical pour démonstration instrumentale. Une parcimonie et une justesse de ton rare pour un p'tit gars d'à peine 25 ans, plus que jamais l'allégorie ultime d'une génération 100% numérique.


Le jeune australien a tout du petit génie moderne, tel que le monde en fabrique à tour de bras. Seul dans sa chambre, il a créé un paysage fait de guitares diaboliques et de mélodies ensorcelantes, imprimant subrepticement sa signature sonore le long d'un disque triomphal. Doté d'un artwork superbe réalisé par Alex Pryle, Plini semble bien parti pour se faire un nom. En tant que guitariste, cela semble inévitable. Et en tant que musicien, l'objectif est totalement atteignable. Et en tant qu'icône ? Tout semble réuni pour cet impressionnant bonhomme aux mains de maître et de doigts de fée.


PS: L'album est disponible en intégralité ci-dessous. C'est pas bon ça ?

Si vous aimez Handmade Cities, vous aimerez ...
Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !