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Critique d'album

Pledge of Healing


One Step Closer


(27/01/2023 - Autoproduit - Rock atmosphérique - Genre : Rock)
Produit par

1- A Friend For Bad Times / 2- Hopes And Dreams / 3- What I Have Left / 4- Life Explorer / 5- The Universe Responds / 6- Too Late / 7- Thrill Ride / 8- Rain To Light Up the Sun / 9- Through The Storm...
Note de 4.5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Le rock atmosphérique français est sur un petit nuage"
Quentin, le 10/11/2023
( mots)

Décidément, 2023 est encore une grosse année pour le rock français. Citons pêle-mêle les dernière productions de Lazuli, Storm Orchestra, Paerish, Dirty Deep, Bandit Bandit ou encore Paskinel ou Bend the Future sur des contrées plus progressives (et nous en oublions encore). Tous ont su trouver un écho particulièrement favorable dans nos pages, sans parler des dizaines de groupes remarquables que nous mettons en lumière et que nous vous invitons à découvrir à travers la Sélection Albumrock. Du côté du rock atmosphérique, les poitevins de Klone et les Nantais de The Ascending avaient déjà su ravir nos oreilles, mais c'était sans compter sur le duo orléanais Pledge of Healing, qui réalise pour son premier album un véritable tour de force.


Sorti en janvier, One Step Closer a eu le temps d'être écouté sous toutes ses facettes et a rapidement su nous happer dans son univers onirique et sensible, aux atmosphères immédiatement envoûtantes. Mais cette fresque introspective de 50 minutes a ceci d’exceptionnel que la magie des premières écoutes ne s'est pas progressivement estompée au fil des tours de platine. Au contraire, l'album a su tirer son épingle du jeu et passer brillamment l'épreuve du temps, nous permettant d'apprécier toujours davantage la profondeur des méandres mélodiques, la pureté et la finesse de l'instrumentation et l'effet hypnotisant de la voix cristalline de Claire Sergue. Dès lors, il fallait bien se rendre à l'évidence : en ce qui nous concerne, nous tenons là notre album de l'année 2023, sans contestation possible.


Rien ne prédisposait pourtant à une telle synergie, puisque Pledge of Healing n'est pas le résultat d'une longue relation musicale patiemment construite. Le projet est né de la rencontre fortuite (ou providentielle, dirons-nous dans ce cas précis) entre Cyril Delvallez, multi-instrumentiste à la recherche d'une voix à apposer sur ses compositions, et Claire Sergue, au timbre aérien à la fois puissant et délicat en quête elle aussi d'une nouvelle collaboration. Comme une bouteille jetée à la mer, Claire a répondu à une annonce postée par Cyril sans se douter de l'alchimie naissante que cette réunion miraculeuse engendrerait. La conjonction de ces deux talents parfaitement complémentaires a en effet donné lieu à la création d'un projet musical qui place en son cœur la recherche constante de l'émotion et qui prend la forme d'un voyage tortueux vers le cheminement intérieur et l'introspection, comme le suggère la superbe pochette de l'album.


A l'heure de la consommation musicale instantanée, le duo prend le contre-pied des formats commerciaux pour distiller des atmosphères vaporeuses aux motifs contemplatifs mélodieux qui prennent le temps de se développer et qui rappellent les expérimentations "trip-rock" de The Gathering période Souvenirs. A l'image du mélancolique "Hopes And Dreams", le chant cristallin de Claire et sa propension à susciter l'émotion amène assez rapidement la comparaison avec une certaine Anneke Van Giersbergen et on ne peut que souligner tout au long de l'album la phénoménale maîtrise de la jeune chanteuse. Chaque inflexion des cordes vocales est habitée et fait régner même sur les titres les plus calmes une intensité saisissante et une tension dramatique prête à vous exploser au visage, rappelant en cela l'interprétation à fleur de peau d'A.A Williams, en particulier lorsque les guitares se mettent à vrombir de leur pleine saturation comme sur "Thrill Ride".


Aussi impressionnante qu'elle soit, la seule prouesse vocale ne suffit cependant pas caractériser la signature sonore de Pledge of Healing qui repose sur une science certaine de la composition. Chaque titre est un petit bijou de progression avec un traitement instrumental qui s'étoffe progressivement pour créer des montées en tension fulgurantes. Sur le titre d'ouverture "A Friend For Bad Times", la voix céleste de la chanteuse ouvre le bal avant l'arrivée d'une section rythmique à l'allure tribale qui embraye sur une superposition des riffs de guitare particulièrement accrocheurs, puis le titre se termine en apothéose avec l'envolée des cordes et des nappes de claviers. Chaque instrument se distingue parfaitement et bénéficie d'une limpidité exemplaire d'autant plus remarquable que l'album est autoproduit et qu'il s'agit là pour les deux français d'une première expérience derrière la console.


Si la musique de Pledge of Healing est aussi expressive, c'est parce que l'écriture de One Step Closer a été impactée par le contexte de post-pandémie mondiale dans des dimensions très ambivalentes : l'expérience de l'enfermement physique a positivement ouvert la porte à une reconnexion avec soi-même tandis que l'omniprésence de la maladie dans ses aspects les plus tragiques et anxiogènes a fait prendre conscience de sa propre faiblesse et de la fragilité du monde. Pensé comme un exutoire, l'album porte donc en lui un optimisme fort et fait de la création musicale une opportunité de panser les plaies et d'entamer le chemin de la guérison physique et spirituelle (d'où le nom du groupe "Pledge of Healing"). Ce sentiment d'espoir est particulièrement bien retranscrit dans le superbe "Rain to Light Up the Sun", introduit par quelques gouttes de piano et accompagné par un travail d'orchestration exemplaire qui permet une fois encore d'éviter la sensiblerie pour faire littéralement rayonner le titre dans un final resplendissant. Un titre qui n'est pas sans rappeler les plus beaux duos entre Steven Wilson et Ninet Tayeb, jusque dans le solo de guitare conclusif.


Sans se départir d'une forte accessibilité, le duo sait se tourner vers des constructions plus alambiquées synonymes d'orientations plus progressives, notamment sur le superbe "What I Have Left", son cheminement d'arpèges saturés et son refrain particulièrement habité laissant place à un magnifique break au piano classique accompagné par un solo de guitare plein d'expressivité. Si l'album bénéficie dans ses thèmes et sa musicalité d'une très forte cohérence, le duo sait varier les colorations pour éviter la redondance. C'est le cas sur "The Universe Responds" et son entrecroisement de voix féminines et masculines qui finit par franchir la porte des étoiles avec une dernière partie convoquant des sonorités très space-rock. On se laisse également prendre par la main pour un voyage à travers l'espace et le temps sur "Life Explorer" construit autour d'une ligne de basse très remuante explorant des volutes sonores brumeuses et aériennes, rythmées par un jeu de guitare tout en retenu avec la technique du palm-mute.


One Step Closer bénéficie enfin dans son traitement d'une orientation très cinématographique, en particulier sur le titre "Too Late" et sa belle progression instrumentale mais surtout sur le magistral titre conclusif "Through The Storm" qui offre un concentré de dramaturgie avec son orientation néo-classique embrayant sur un final électrique débridé. Le groupe y montre tout son potentiel également pour composer de futures musiques de films, dans les pas d'un groupe comme Archive.


En somme, ce premier disque ne souffre d'aucun temps faible et offre à l'auditeur un véritable concentré d'émotions, sans jamais surjouer cet aspect pour instaurer une forme de retenue gage d'équilibre. Ce One Step Closer présente finalement un seul risque : celui d'avoir tapé trop vite trop haut pour un premier album. Face à un tel niveau affiché d'entrée de jeu, reproduire l'exploit ne sera pas une mince affaire pour le duo venu d'Orléans. Nul doute qu'il sauront trouver les ressources pour y parvenir et qu'ils obtiendront par la même occasion le succès qu'ils méritent amplement.


 

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