Madrugada
The Deep End
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1- The Kids Are In High Street / 2- On Your Side / 3- Hold On To You / 4- Stories From The Streets / 5- Running Out Of Time / 6- The Lost Gospel / 7- Electro / 8- Subterranean Sunlight / 9- Hard To Come Back / 10- Ramona / 11- Slow Builder / 12- Sail Away
Madrugada est un groupe de rock norvégien qui commence à acquérir une certaine renommée sur la scène européenne. Ils sortent en 2005 leur troisième album : The Deep End. Ce groupe nordique revendique des influences comme le Velvet Underground, Neil Young ou encore The Stooges. Après un album révélation en 2000 : Industrial Silence, le quatuor remet le couvert et nous plonge ici dans une musique complexe, fascinante, à multiples facettes.
Au premier abord, on a du mal à accrocher à cet album qui s’avère assez lisse en surface, très politiquement correct, sans accélération rythmique agressive et riffs de guitare accrocheurs. C’est déjà là où le bas blesse, le groupe se positionne en groupe de rock sans en être vraiment un. On constate une certaine timidité à se laisser aller au niveau de la guitare tout particulièrement. Tout est fait en retenue et n’est peut-être pas assez explosif, assez fou pour être totalement représentatif d’un album rock. Les chansons se suivent agréables, en soit, très posés, calmes, on a le temps de se reposer, d’apprécier la qualité indéniable de la voix de Sivert Hoyem.
Passé ce constat, on se complait à écouter l’album en boucle, lui trouvant à chaque passage, un nouvel attrait qui n’est sans aucun doute pas dans l’inventivité, dans l’originalité mais plus sur un ensemble parfaitement maîtrisé et dont on peut toutefois dégager quelques perles.
On peut évoquer notamment un morceau splendide qui a lui seul mérite le détour : "Running out of time", une musique de film, un rythme lent, superbement relevé par la voix de crooner du chanteur, la guitare fait ici plus d’effet que sur le reste des morceaux (coïncidence ?), créant sans conteste un écho à la voix du chanteur et une relève aux chœurs souls qui s’élèvent de plus en plus fort. Le morceau va crescendo dans l’intensité tout en gardant une rythmique assez basse qui nous permet de savourer, d’apprécier chaque note. Le morceau parvient à son apogée sur un solo de guitare tout à fait d’à propos qui nous permet d’apprécier la maîtrise du guitariste et nous fait regretter de plus en plus la timidité de ces interventions sur les autres morceaux. Six minutes de bonheur total : un pur joyau.
"Hard to come back" marque quand à lui le retour de la guitare dans le fil conducteur du morceau avec une partition un peu plus fournie, on sent tout de suite plus de puissance dans le titre. L’auditeur s’éveille, se remet de la torpeur (agréable) dans laquelle il végétait jusque là pour s’animer avec la mélodie.
La dernière chanson officielle de l’album (avant les bonus track) vaut aussi le détour sans hésiter. "Sail away" se débarrasse là de tout remord rock’n’roll pour se lancer très nettement dans le jazz. La voix, très proche de celle de Seal, domine ce morceau, que dis-je, l’écrase. Elle est pure, limpide, on n’entend qu’elle, le rythme la suit ou la précède, la sert en tout cas.
Madrugada ne marquera sans doute pas les amateurs de rock, les adeptes du rock classique, british mais trouvera sans doute un public plus éclectique. A travers cet album, on peut apprécier une diversité intéressante. Certains pourront voir ça comme une difficulté à trouver un style, on appréciera quand même certains morceaux magiques qui nous restent dans la tête et nous donnent envie de les écouter encore et encore aux détriments d’autres titres plus banals.