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Critique d'album

Leprous


Pitfalls


(25/10/2019 - Inside Out - Metal prog norvégien - Genre : Hard / Métal)
Produit par David Castillo, Einar Solberg

1- Below / 2- I Lose Hope / 3- Observe the Train / 4- By My Throne / 5- Alleviate / 6- At the Bottom / 7- Distant Bells / 8- Foreigner / 9- The Sky Is Red
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Le Kid A d'Einar Solberg, malgré toutes ses qualités, n'est pas à la hauteur de ses ambitions"
Nicolas, le 25/11/2019
( mots)

Il est souvent aisé de se construire une opinion sur un album, d’autant plus lorsque le propos apparaît clair et que l’on dispose des bases pour l’apprécier. Rendre un avis sur le dernier U2, par exemple, eut égard au nombre d’écoutes successives et cumulées de leurs précédentes livraisons, n’a foncièrement rien de sorcier, pareil pour Coldplay dont on vous assure que vous n’aurez pas à attendre longtemps avant de voir fleurir la critique d’Everyday Life dans ces pages. L’affaire se complique néanmoins un tantinet quand la formation nous prend par surprise en changeant totalement ses fondamentaux, et c’est pourquoi il n’a pas été simple de statuer sur ce Pitfalls.


Car si Pitfalls reste un album de Leprous, il n’a plus rien à voir avec la discographie antérieure des norvégiens. Réécoutez successivement The Congregation et ce petit dernier : c’en est flagrant au point même de se demander s’il s’agit bien du même groupe et pas d’un side-project du chanteur Einar Solberg. Certes, Malina ouvrait déjà certaines portes : disparition des growls, élagage de la distorsion, apparition d’éléments électroniques et acoustiques (violoncelles) avec un résultat tout à fait remarquable. Mais Pitfalls va plus loin en éradiquant toute forme de musique métallique, suivant en cela la mainmise de plus en plus grandissante du chanteur-colosse Einar Solberg sur la bande de lépreux alors que c’était auparavant le gratteux Tor Oddmund Suhrke qui se chargeait de la composition. À lire les interviews des intéressés, deux choses ressortent clairement : d’abord Solberg a puisé son inspiration grandissante dans une phase anxio-dépressive particulièrement violente et a souhaité proposer davantage de titres à ses congénères, tandis qu’en parallèle le groupe a de lui-même choisi de placer Pitfalls comme une rupture, engageant de ce fait David Castillo avec la consigne claire et nette de sonner différemment. On retrouve là des éléments clés qui ont par exemple conduit à la création de Kid A par Radiohead, et si la comparaison peut sembler un peu pompeuse de prime abord, elle n’apparaît pas si absconse que cela.


Notamment parce que Solberg et Suhrke n’ont jamais caché leur amour pour Thom Yorke et ses sbires, ni pour d’autres acteurs bien atypiques pour une formation qui gravite autour de la scène black metal, Massive Attack ou Muse en particulier. Pitfalls glisse donc assez abruptement vers un rock alternatif à fortes accointances émotives et électroniques, même si déjà certains titres de Malina suivaient ce cahier des charges (“Bonneville” allégé de ses coup de massues djent, par exemple). D’ailleurs “Below”, chargé d’ouvrir la tracklist, n’apparaît pas aussi atypique que cela pour du Leprous : on retrouve le chant lyrique haut perché d’Einar Solberg qui se fait pudique sur un couplet gracile (chœurs aériens et rythmique fluette) pour verser dans le lyrisme enflammé sur un refrain matraqué à grands renforts d’électricité, avec déjà des violons qui se font omniprésents. Mais très vite, les guitares s’effacent, les caisses claires cèdent du terrain sur les boîtes à rythme, les claviers s’imposent, et surtout l’organe de Solberg se place comme l’élément central des compositions. En résulte un disque adouci, posé, sensible. “Distant Bells” représente l’exemple le plus frappant de cette mutation avec ses petits arpèges de guitare en retrait, ses percussions électroniques, son piano cajoleur et son violoncelle précieux, le titre finissant par basculer dans l’émotivité expulsée avec douleur dans ses ultimes retranchements. Car si Pitfalls se révèle calme dans son ensemble, il réserve aussi ses moments plus fiévreux et sonores (“By My Throne” à l’intro et au refrain bien plus frontaux, ou encore “At The Bottom” qui enchaîne les contrastes avec beaucoup de brio). “Alleviate” fonctionne aussi avec ses pizzicatis synthétiques et son refrain humain en très haute altitude, un titre qui arrive fort bien à capter la force de frappe du groupe dans ses ultimes retranchements. L’album gagne en qualité à mesure de sa progression, avec un “Foreigner” à l’instrumentation nerveuse et tendue comme une trique et un chant plus terrien, tandis que le touffu “The Sky Is Red”, du haut de ses quelques onze minutes, réalise un savoureux mariage entre guitares fébriles et chœurs fantomatiques sur fond de rythmique trépidante. La délicatesse du début de l’album cède ici le pas sur une certaine vigueur convulsive entrecoupée de temps d’attente sur le fil, une bien belle conclusion pour l’un des morceaux les plus fascinants jamais composés par Leprous.


Le revers de la médaille, c’est qu’en abandonnant le metal, les norvégiens se privent de deux de leurs plus gros atouts : leurs signatures rythmiques asymétriques (que l’on retrouve encore par endroits, mais vraiment à la marge), et, corollaire du premier, le talent de frappe du fabuleux Baard Kolstad, ici malheureusement trop souvent sous-exploité et contraint de faire de la figuration. Ce double souci se verrait sans doute contrebalancé si Leprous y gagnait véritablement au change, en particulier sur le plan de la composition pure, mais ce n’est pas le cas. Pire même, à l’écoute de morceaux pourtant bien jolis comme “I Lose Hope” et “Observe The Train”, on pense respectivement à Muse et à Radiohead, et on y pense un peu trop tant ces influences apparaissent d’une part voyantes, d’autre part peu susceptibles de les faire oublier. N’en déplaise à leurs détracteurs, n’est pas Thom Yorke ni Matthew Bellamy qui veut, et tout chahuté émotionnellement que nous apparaît ici Solberg, il ne fait pas le poids avec les mastodontes pré-cités. On ressort néanmoins contents de cette écoute prolongée de Pitfalls, somme toute un virage osé mais plaisant bien que ne réussissant pas à exploiter avec autant de réussite les talents de ses protagonistes. Un disque que l’on conseillera sans réserves aux férus de rock alternatif sensible et intelligent qui se disent allergiques au metal dans son acceptation la plus large, le souci étant que compte tenu des cloisonnements qui existent au sein de la rock music actuelle, il n’est pas certain que la cible en question puisse un jour être atteinte. À moins que les auditeurs en question lisent Albumrock ? Chiche.

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Commentaires
Agaetis, le 07/11/2019 à 23:57
On retrouve du radiohead (Kid A), de l'Archive, du Muse (en un peu plus intello), de A Perfect Circle ... Un album qui déroute pour le connaisseurs de Leprous mais qui fonctionne bien. beaucoup plus intimiste et moins percutant que le précédents mais de belles ambiances et un beau travail. Un peu trop de voix parfois, qui pourrait laisser davantage de place aux autres musiciens ... la section rythmique reste impeccable et quel batteur !! "Inquiété"à la première écoute, c'est finalement un très bon album avec beaucoup de détails et de subtilités.
Antoine7, le 25/10/2019 à 12:35
Pour le coup on sait plus si on doit encore étiqueter Leprous avec le sticker "metal prog"... les inconditionnels regretterons peut-être l'excellentissime Malina et devront s'habituer aux démonstrations parfois excessives des performances vocales d'Einar Solberg qui, à mon sens en fait un peu trop sur ce coup là. Présenté comme plus intimiste par son leader, cet album plus feutré tranche avec les deux précédents qui se revendiquaient bien du genre métal progressif. On se rapproche désormais des jeunes années de Muse tout en conservant une identité propre au quintet norvégien. Quelques bonne surprises à signaler malgré tout mais restera une amertume certaine en fin d'écoute ! Peut-être serait-il nécessaire de ne pas rester sur une écoute "à chaud" ! On a l'impression de revivre la transition des Smashing Pumpkins lorsqu'ils sont passés de Mellon Collie à Adore ! À réécouter avec intérêt !