Killswitch Engage
Killswitch Engage
Produit par
1- Never Again / 2- Starting Over / 3- The Forgotten / 4- Reckoning / 5- The Return / 6- A Light In a Darkened World / 7- Take Me Away / 8- I Would Do Anything / 9- Save Me / 10- Lost / 11- This Is Goodbye
Âmes sensibles s'abstenir. En effet, Killswitch Engage est au metalcore ce que Bad Religion est au punk melo : une irréductible bande de forcenés. Réuni autour de l'inaltérable guitariste-batteur-producteur Adam Dutkiewicz, le combo n'a eu de cesse, depuis le début des années 2000, de porter au plus haut un courant pour le moins radical, entre cavalcades metal percutantes, hurlements hardcore agressifs et envolées mélodiques grand public. Une feuille de route qui, bien que très étroite, se retrouve renouvelée une fois encore à l'identique avec leur cinquième réalisation - et deuxième album éponyme, que certains ont déjà rebaptisé Killswitch Engage II.
Pas de période de transition : "Never Again" balance la purée à bloc dès les premières secondes d'écoute. La nouvelle production signée Brendan O'Brien (Stone Temple Pilots, Pearl Jam) se révèle des plus efficaces, mixant au poil les raclures vocales hystériques de Howard Jones en les assaisonnant aux guitares reprogrammées en mode mitrailleuse rotative version thrash metal 80's. Tout Killswitch Engage se retrouve ainsi condensé dans ces trois minutes tonitruantes, entre rythmique infernale, riffs à la dynamite et alternance de vociférations enragées et de voix lourdes et emphatiques reprenant un grand refrain possédé, avec en bonus le petit solo de guitare qui va bien. Dès lors, pas la peine de vous faire un dessin : soit vous adhérez, soit vous fuyez. Pas de choix intermédiaire.
Et on y adhère assez facilement, mine de rien, à cet album, notamment parce que les beuglements de Jones s'avèrent particulièrement jouissifs à endurer. D'où l'importance d'avoir en son sein un chanteur qui est à même de contrôler ses effets de voix, même lorsque le registre recherché donne plus dans les explosions tribales anarchiques que dans les nuances de soprano. En revanche, les limites du groupe se retrouvent vite atteintes dès lors qu'il s'agit de varier un peu le style. Car si les roquettes assassines que sont "Starting Over" ou encore "I Would Do Anything" touchent à l'excellence du metalcore, il n'en est pas vraiment de même sur les titres plus mélodiques que sont par exemple "The Return" ou "Save Me" qui virent rapidement au neo métal émotif un peu surfait. Disons que, dans le même genre, d'autres formations ont déjà dégrossi le passage depuis belle lurette avec une toute autre réussite. En clair, ce qu'il manque peut-être à Killswitch Engage pour emporter totalement l'adhésion à ce stade, ce serait de franchir un cap de plus dans la brutalité, de laisser une place plus importante au concept hardcore sauvage / metal kalashnikov en cherchant moins à faire vibrer une corde émotive que le quintette a du mal à maîtriser de façon convaincante. L'avenir nous dira si le groupe persistera dans une ligne de conduite restée à ce jour immuable, pour le meilleur et pour le pire, et on essaiera bien sûr de vous tenir au courant des émoluments futurs de cette respectueuse bande de soudards.