Judas Priest
Point of Entry
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1- Heading Out to the Highway / 2- Don't Go / 3- Hot Rockin' / 4- Turning Circles / 5- Desert Plains / 6- Solar Angels / 7- You Say Yes / 8- All the Way / 9- Troubleshooter / 10- On the Run
Après l’immense succès de British Steel (1980), considéré comme une référence dans la discographie du groupe et dans le heavy metal, Judas Priest poursuit sur sa lancée avec Point of Entry, son 7e album studio. On retrouve la même équipe avec bien sûr au chant Rob Halford, surnommé le "Metal God", toujours épaulé par le duo mythique KK Downing et Glenn Titpton tandis que la basse est confiée à l’indéboulonnable Ian Hill. Enfin, la batterie est confiée à Dave Holland qui avait remplacé Les Binks en 1979.
D’aucuns considèrent cet album comme un raté, un premier accident dans la foisonnante discographie de Judas Priest. Les deux pochettes, assez laides, n’incite guère à l’optimisme. On est bien loin des sublimes pochettes de Sad Wings of Destiny, de Sin After Sin ou de celle de son illustre prédécesseur avec cette fameuse lame de rasoir à l’effigie du groupe. Un autre élément qui laisse songeur, c’est la durée des chansons : elles sont toutes calibrées pour le format radio, les fameuses 3min30… Seule "Desert Plains" se démarque des autres en plafonnant à 4min30… Cette tendance était déjà perceptible sur Killing Machine et British Steel, mais ici, cela en devient presque caricaturale. On est bien loin des compositions fleuves et épiques d’antan ("Victim of Changes", "Sinner", "Beyond the Realms of Death"). Cela se ressent indéniablement sur les titres qui perdent en puissance et en originalité : de fait, il n’y a quasiment plus de variations ou de changement de rythme.
Pourtant, tout n’est pas à jeter dans cet album, loin de là ! "Heading Out to the Highway" lance d’une manière plutôt convaincante l’album. C’est l’un des rares titres qui survivra dans le temps long et qui demeure un des classiques du groupe, régulièrement interprété sur scène. Malgré sa structure très classique et ses riffs basiques, l’ensemble reste très plaisant à l’écoute.
"Desert Plains" est un autre titre enthousiasmant avec sa basse ronflante. Il fait également partie des pistes sélectionnées lors des concerts. Les prestations live de Rob Halford subliment cette chanson, en particulier avec ses cris suraigus comme lui seul en a le secret : on peut donc apprécier une version live dans la réédition (Live Vengeance 82). Dans la même veine, l’aérien "Solar Angels" et "Hot Rocking" sont convaincants. Ce dernier renoue avec un hard/heavy plus véloce. Seul bémol, ce clip vraiment immonde où l’on peut admirer les membres du groupe en train de faire de la musculation tandis que Rob s’agite en peignoir blanc dans un sauna avant de les voir sur scène en train de jouer tandis que leurs instruments prennent feu… Heureusement que le ridicule ne tue !
L’influence du hard US est palpable sur des titres comme "All the Way" ou "Troubleshooter" aux sonorités "van halenienne", la virtuosité en moins ou encore "On the Run" qui vient clore l’album avec un riff tout droit sorti du répertoire ZZ TOP. A la différence des précédents albums, les soli de guitare sont bien plus en retrait et sont beaucoup moins marquants, à tel point qu’ils restent très peu en tête. Si KK Downing et Glenn Tipton forment l’une des plus belles paires de guitaristes dans l’histoire du heavy metal, force est de constater qu’ils sont beaucoup moins inspirés qu’à l’ordinaire. Leurs interventions mélodiques demeurent très banales voire même carrément absente : il est surprenant de découvrir des chansons où les soli de guitare sont absents ("Turning Circles") ou minimalistes ("Heading Out to the Highway").
Pour ce qui est du reste, il est difficile de s’extasier devant un "Don’t Go" très convenu ou un "Turning Circles" assez quelconque sans être mauvais pour autant. Si les parties instrumentales du "You Say Yes" sont loin d’être déplaisantes, les paroles en revanche sont d’une niaiserie sans nom ! "You say yes, I say no".
A bien des égards, Point of Entry est un album bien pâle au regard des autres productions de Judas Priest. Loin d’être totalement catastrophique, le fait d’être intercalé entre deux monuments que sont British Steel et Screaming for Vengeance, accentue cette impression de fadeur.