John Frusciante
Ataxia Automatic Writing
Produit par John Frusciante
1- Dust / 2- Another / 3- The Sides / 4- Addition / 5- Montreal
Automatic Writing est le 3ème disque sorti par John Frusciante en 2004, toujours dans le cadre de son pari un peu fou de sortir 6 albums sur cette même année
En réalité c’est un peu plus complexe que ça puisque si les 5 autres sortent sous son seul nom, cet Automatic writing sort sous la dénomination d'« Ataxia », et ne lui appartient donc pas complètement, mais il s’inscrit complètement dans sa démarche artistique et musicale. Il apparait donc finalement assez juste de le comptabiliser dans sa discographie, et de facto dans son fameux challenge de 6 albums pour la seule année 2004.
Ataxia est un projet monté en 2003, avec Joe Lally, bassiste de Fugazi et le désormais incontournable Josh Klinghoffer, dont le nom fût déjà évoqué dans les chroniques de The Will to Death et Shadows Collide with People.
A en juger la tracklist, gageons qu’on pourrait le considérer comme un simple EP, avec seulement 5 titres affichés, mais c’est sans compter sur l’aspect « jam-session » du disque, qui voit les 5 titres cumuler près de 45 minutes au compteur.
Le groupe ouvre les hostilités avec le bien nommé « Dust », et pour qui écoute l'oeuvre de Frusciante dans l’ordre chronologique, il convient de se « mouiller un peu la nuque », tant cet album est très éloigné de The Will to Death ou Shadows Collide with People.
Oubliez l’immédiateté et l’accessibilité des disques précédents, Automatic Writing est à envisager davantage comme un projet « expérimental », fruit de deux semaines de répétitions et d’enregistrement, (et dont une partie aboutira à la sortie d’un second volume, AW II en 2007), et ce « Dust » en est une juste illustration ; le point central étant une grosse ligne de basse, très en avant, avec des musiciens qui tournent autour, une voix (celle de Frusciante) qui alterne chant clair et velléités plus agressives. Ca respire la jam-sessions à plein nez, avec parfois quelques notes de guitares un peu à côté, mais qui participent à l’esprit du morceau, et si on accepte l’idée de se faire surprendre, on y prendra un réel plaisir.
Pour Another, on retrouve la même importance de la basse, mais avec Klinghoffer au micro cette fois. Les lignes de chants sont peu nombreuses, mais sa voix est très agréable, discrète, fragile, et se marie à perfection avec l'ambiance du morceau, son côté post-rock, ses percussions et le jeu de guitare de Frusciante, très reconnaissable ici, entre arpèges et harmoniques du meilleur effet.
Le reste de l’album est très fidèle à cette idée d’expérimentation, mais surtout à cette volonté, simple, et faussement anodine de « jouer ensemble ». Si ça n’est toujours pas un disque de guitariste, c’est littéralement l’album d’un groupe, aussi éphémère qu’il soit, dans le sens où chaque instrument, chaque musicien trouve parfaitement sa place, en étant tous les trois très complémentaires. Même le chant est partagé, entre Frusciante, Klinghoffer sur « Another », et Joe Lally sur « Montreal ». On déroule le disque avec une vraie saine curiosité, en assistant à des phases «ambiantes », à des passages plus noise-rock (l’influence de Lally de Fugazi sans doute), Lally qui expliquera d’ailleurs que ses lignes de basse étaient le point de départ du processus de chaque composition.
L’ensemble est très solide musicalement, assez éloigné évidemment des productions précédentes de Frusciante, mais qui reste très agréable à l’écoute, et de nouveau très « respectable » et honnête dans la démarche, et dans sa volonté de créer, d’explorer sans retenue. Le groupe ne donnera malheureusement que 2 petits concerts avant de mettre fin au projet en 2004 (mais avec un second volume qui sortira en 2007).
S’il n’est pas un album majeur de Frusciante, passer à côté serait toutefois une erreur, tant on passe un excellent moment, et tant l’album respire une fois encore, l’intégrité et le plaisir pris par 3 amis à jouer ensemble.