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Critique d'album

Jethro Tull


Nightcap


(22/11/1993 - - Rock progressif 70's - Genre : Rock)
Produit par

Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Hommage au désastre et à ceux laissés au bord du chemin"
François, le 13/11/2024
( mots)

Près de vingt ans après la sortie de Living in the Past (1972), Jethro Tull décide en 1993 de renouveler l’expérience d’une compilation d’inédits issus de chutes de différents enregistrements laissés sans suite. Composées entre 1973 et 1991, les nombreuses pistes du double album Nightcap se répartissent en deux parties au statut bien différent puisque le premier disque revient sur l’album maudit dit du Château d’Isaster, tandis que le deuxième rassemble des morceaux abandonnés sur le bord du chemin au fil de la carrière du combo.


Sur ce second disque, qui rassemble dix-huit compositions principalement issues de l’ère War Child (1974) et The Broadsword and the Beast (1982), ainsi que de nouveaux titres (qui sonnent très 90’s – "Piece of Cake" par exemple), chacun fera son propre marché. À côté de nombreux titres anecdotiques, plusieurs pièces assez réussies sortent du lot ("Paradise Steakhouse", le hard FM "Drive on the Young Side of Life"), d’autres sont de vraies originalités ("Quartet", "Commons Brawl") et il y a même quelques trésors cachés comme "Broadford Bazaar" et plusieurs nouvelles compositions qui surpassent le contenu de Catfish Rising ("Rosa on the Factory Floor", "Man of Principle", "I Don't Want to Be Me").


Le premier disque ne manquera d’intéresser fortement les amateurs de Jethro Tull, puisqu’il s’agit du témoignage d’une aventure qui est presque devenue légendaire, ici surnommée avec humour et par un jeu de mots : "Château d’Isaster (lire disaster) Tapes". Gonflé d’orgueil par le succès de Thick as a Brick (1972), le groupe s’était rendu en septembre 1972 au mythique Château d’Hérouville, en France, pour un projet très ambitieux de concept (double) album, mais l’expérience tourne au désastre (justement) à cause de plusieurs problèmes (intoxications alimentaires, invasions de punaises de lit, matériel défectueux…). Bien que l’essentiel de l’album soit enregistré, il est finalement abandonné même si une partie des compositions est réemployé, après modifications substantielles, pour A Passion Play (1973) et War Child (1974).


Les treize pistes raviront les amoureux de l’âge d’or du groupe, qui pourront savourer les ondulations orientales de "First Post", la solennité classicisante d’"Animelée", les échos d’airs connus ("Tiger Toon", "Law of the Bungle (Part I & II)", "Left Right"…), la rudesse de "No Rehearsal" et la majesté de "Critique Oblique". Un superbe album de rock/folk progressif était en gestation et il aurait été criminel de ne pas en faire profiter l’humanité, même dans une version inaboutie.


Plus qu’une simple compilation, Nightcap vaut vraiment l’écoute, pour les fans du groupe au premier chef évidemment, mais également pour un public élargi, quand bien même l’album n’atteindrait pas la perfection de Living in the Past. À noter qu’en 2024, les "Château d’Isaster Tapes" sont devenues The Château d’Hérouville Sessions 1972, pour lesquelles Steven Wilson a mis son grain de sel comme il en a l’habitude.


À écouter : "Critique Oblique", "Rosa on the Factory Floor", "Broadford Bazaar"

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