Incubus
If Not Now, When?
Produit par
1- If Not Now, When? / 2- Promises, Promises / 3- Friends And Lovers / 4- Thieves / 5- Isadore / 6- The Original / 7- Defiance / 8- In The Company Of Wolves / 9- Switchblade / 10- Adolescents / 11- Tomorrow's Food
"Embarassant", voilà le terme qui vient à l'esprit à l'écoute de ce septième album studio d'Incubus, un groupe que beaucoup d'entre nous, à la rédaction d'albumrock, affectionnons ou en tout cas avons affectionné à un moment de notre vie, un groupe qui a réussi à se forger une discographie aussi riche que percutante, un groupe qui a également su négocier de nombreux virages au cours de sa carrière pour évoluer d'un funk-metal sautillant (S.C.I.E.N.C.E.) à un rock plus profond et apaisé (Morning View). La déception éprouvée à l'écoute de ce disque n'en a été que plus douloureuse.
Pas la peine de faire trainer le supplice en longueur : If Not Now, When? est une véritable catastrophe. Pourtant, de nombreux indices auraient déjà dû nous préparer au pire. Cinq années d'absence au cours desquelles chacun des membres a tâché de s'éloigner le plus possible des autres, un album solo de Brandon Boyd que l'on qualifiera poliment de gentillet, une volonté de se retrouver autour d'un travail basé uniquement sur la simplicité, des titres composés de façon simultanée à leur enregistrement, et pour finir cette affirmation édifiante de Mike Enziger : "Je pense que nous allons demander beaucoup à nos fans. Nous allons leur demander d'écouter une musique qu'ils n'écouteraient pas habituellement. (...) Je pense que nous prenons un énorme risque en faisant cet album". Sans blague ? Et encore, il est loin du compte.
Premier coup de semonce, "Adolescents" laissait pourtant poindre une lueur d'espoir autour d'un titre plutôt correct, pas franchement inspiré mais emportant tout à l'arrache par la force de de son thème altier. Puis vint "Promises, Promises", et là ce fut le drame, car l'image qui vient immédiatement en tête à l'écoute de ce naufrage est "musique d'ascenseur", soit un slow sirupeux sans la moindre originalité, sans aucun intérêt instrumental (mais où diable sont passés les tueurs de "New Skin" ?) et dans lequel la voix de Brandon Boyd devient abjecte de préciosité et d'onctuosité. Alors que, jusqu'à maintenant, le beau gosse de service savait encore (à peu près) moduler ses effets vocaux pour ne pas trop verser dans la pop FM pour crooners à sourire ultra-bright, voilà qu'il se vautre désormais dans la mièvrerie avec la plus parfaite auto-satisfaction, en accumulant sans aucune gêne soupirs faussement affectés et trémolos insupportables. Difficile d'encaisser le coup, mais le plus dur restait encore à venir. En effet, If Not Now, When? n'est composé que de clones de "Promises, Promises", soit une succession de titres lents, mollassons, ultra-formatés, mélodiquement banals et sans le moindre attrait formel. En clair : une énorme bouffée de chloroforme à peine relevée par de rares piques d'émotion (sur "Friends And Lovers", à la rigueur), par de rares décharges décibeliques ("In The Company Of Wolves" et son final qui se permet un peu de gonflette) et par le groove paresseux du médiocre "Switchblade".
Rien ne parvient à sauver le disque, rien de rien, pas même les musiciens qui se retrouvent ici comme anesthésiés et à peine dignes du titre de backing band. Même les tours de platines suivants, ceux-là même qui parviennent souvent à retirer d'un album moyen un petit quelque chose de positif, ne lui accordent aucune circonstance atténuante. Abrégeons donc cette chronique et recommandons simplement d'oublier et d'éviter cette déroute navrante. Espérons enfin qu'Incubus trouvera la force de se ressaisir sur les cendres de ce disque qui fait d'ores et déjà un très sérieux prétendant au titre de l'album le plus mauvais de l'année 2011...