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Critique d'album

Green Day


Saviors


(19/01/2024 - Reprise - Punk Rock - Genre : Ska / Punk)
Produit par Rob Cavallo

1- The American Dream Is Killing Me / 2- Look Ma, No Brains! / 3- Bobby Sox / 4- One Eyed Bastard / 5- Dilemma / 6- 1981 / 7- Goodnight Adeline / 8- Coma City / 9- Corvette Summer / 10- Suzie Chapstick / 11- Strange Days Are Here to Stay / 12- Living in the '20s / 13- Father to a Son / 14- Saviors / 15- Fancy Sauce
Note de 3/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Il fallait sauver qui déjà ? "
Julien, le 28/01/2024
( mots)

"Approchez messieurs, dames. Approchez. Oui, venez nombreux, vous ne le regretterez pas. L'offre que je m'apprête à vous divulguer aujourd'hui est absolument exceptionnelle. En 2024, je vous offre non pas 1, ce serait bien trop ordinaire, mais bien 2 anniversaires en même temps.
Non, jeune homme tu n'es pas en pleine hallucination. Je viens bien de t'annoncer deux anniversaires la même année.
Serait-ce du scepticisme que je lis dans vos yeux madame ? Vous en voulez encore plus monsieur ?
Et bien vous êtes au bon endroit car je vous rajoute en prime un nouvel album. Vous avez bien entendu, un disque flambant neuf de quinze chansons originales livré avec le double anniversaire.
Vous n'oseriez pas passer à côté d'une si belle affaire ?
".


 


Effectivement le cru 2024 de Green Day est plutôt alléchant. Même s'il ne fallait pas être sorti de Saint-Cyr pour déceler le bon coup de de comm' d'une publication de Saviors l'année des 30 ans de Dookie et des 20 ans de American Idiot.
Dookie et American Idiot, deux opus qui, qu'on le veuille ou non, font partis du panthéon du Rock. Inscrits à jamais dans son histoire. Ceux-là même qui ont valu à leur créateur la consécration du Rock'n'roll Hall Of Fame. Il est donc logique de retrouver l'égo du trio américain revigoré en ce début d'année. Cette assurance qui voit Billie Joe Armstrong, Mike Dirnt et Tre Cool nous présenter leur quatorzième œuvre comme un disque aussi central et abouti que ses illustres prédécesseurs. Et c'est là que l’affaire marketing est bien ficelée. Car, dans la promotion de son glorieux passé, Green Day place les graines de son présent dans le même terreau et, à lire les différentes critiques et réactions de Saviors, force est de constater que cela fonctionne.
Alors cet album est-il fait du même bois que ses aînés ?
D'un point contextuel, c'est tout sauf évident.


En plus de leur qualité musicale irréfutable, l'environnement, l'époque, ont contribué à faire de Dookie et American Idiot deux immenses disques.
En 1994, c'est toute la spontanéité et l'insouciance de trois gamins de 20 ans que le monde se prend en pleine face. Pour les kids que la musique torturée de Nirvana aura laissé de côté, le punk-rock, plus accessible, de Dookie fait merveille. "Punk-rock", "Pop-punk", "Power-pop" ; appelez la musique de Green Day comme bon vous semble. Il est d'ailleurs amusant de constater que la catégorisation stylistique varie proportionnellement au niveau d'animosité envers le trio américains. Toujours est-il que le style de Green Day éclabousse le monde de sa fraicheur et dans son sillage, c'est toute une légion de nouveaux groupes qui verra le jour. Trente ans plus tard, tous les fonds de tiroir du registre ont été raclés. Si Saviors joue brillamment cette partition ("Bobby Sox", "Dilemma"), l'effet de surprise et la crise identitaire ont disparu depuis longtemps maintenant.
Dix ans plus tard, en 2004, le monde assiste à de nouveaux chamboulements géopolitiques (11 septembre, guerre en Irak) et avec eux les dérives de ses dirigeants. "Do wanna be an American Idiot ?" sonne comme un slogan, une respiration, pour des ados pris dans l'apnée de l'océan de l'information qu'est devenue la télévision. American Idiot sera cette voix qui fait écho à la rébellion adolescente, porté par les médias comme un modèle de déclaration non-identitaire. Un rôle devenu impossible en 2024, époque des réseaux sociaux, où la réaction prévaut sur la réflexion, où les idées sont une matière qu'il convient d'aseptiser. Epoque du tout éphémère où le cri de ralliement de Saviors : "The American Dream is Killing Me", aussi pertinent soit-il, s'est évaporé à la seconde même où il a été publié. 


Reste le plus important pour juger la qualité de la quatorzième livrée du groupe de Berkeley : son contenu. Ici, le groupe nous parle de Saviors comme le point de ralliement des deux mastodontes évoqués précédemment. Vrai. Et ça va même un peu loin que ça tant ce disque concentre toutes les facettes, stylistiques et temporelles, du trio.


Green Day c'est ce groupe d'éternels adolescents légitimé par son charismatique leader, Billie Joe Armstrong, dont on parierait, qu'à la naissance, il soit tombé dans la fontaine de jouvence tant les années ne semblent avoir aucune emprise sur un visage de bientôt 52 printemps. Une juvénilité retranscrite en musique aux attitudes agaçantes d'adolescent rebelle sur "One Eyed Bastard". Le sentiment d'un gamin qui n'en branle pas une et qui a choppé la copie de sa collègue P!nk pour griffonner, grassement, des inepties ("Bada bing, Bada bing, Bada boom") avant de la rendre au prof, avec son nom dessus, pour repartir avec un 15/20. Des comportements exaspérants qui contrastent avec la tendresse et la naïveté romantique de "Bobby Sox". La proclamation, candide, d'un amour voulu fusionnel ("Do you wanna be my girlfriend ?" ; "Do you wanna be my best friend ?") dans laquelle on se délecte d'un pont radieux dans sa puissance mélodique. 


"Bobby Sox" détonne par les prises vocales rageuses, violentes d'Armstrong. Jamais le chanteur du trio nous avait gratifié, sur album, de tels accents mordants. Ces derniers, BJA les réservait aux performances live. Des morsures vénéneuses présentes en nombre ("Bobby Sox", "Dilemma", "Living in the 20's") qui sont un vrai gage qualitatif de l'album. 


Ces relents de jeunesse cohabitent avec des propos plus matures. Pas question de parler, musicalement, d'une cinquantaine assumée, néanmoins les compositions laissent traverser le poids des années qui passent. De la nostalgie de "1981" ("she's gonna bang her head like 1981") aux attitudes de, presque, vieux réac : "Ever since Bowie died, it hasn't been the same" ("Strange Days Are Here To Stay").
Une maturité qui ne saurait nier ses démons et affiche le combat contre ces derniers de manière impudique. On parle là des problèmes d'alcoolisme avec lesquels Armstrong doit composer et dévoilés sur "Dilemma" ("I was sober, now I'm drunk again"). Un titre bâti en drop D et certainement le meilleur morceau de Saviors. A l'opposé, la déclaration d'amour paternel, "Father to a Son", est partagée dans un excès de cordes avec une grandiloquence dommageable qui ne s'imposait vraiment pas. 


Stylistiquement, on retrouve des petites bombes punks, d'une durée à peine supérieure à deux minutes, dans lesquelles le groupe excelle ("1981", "Look Ma No Brains", "Living In The 20's"). Green Day rappelle aussi qu'il est un trio alchimique. La basse de Mike Dirnt est capable de s'avancer comme le principal protagoniste mélodique sur l'épatante balade mid-tempo "Suzie Chapstick". Son batteur Tre Cool catapulte "Coma City" sous un déluge de frappes impressionnantes.


Les américains puisent nombre de leurs influences de l'autre côté de la manche et l'ont matérialisé en enregistrant, une partie de Saviors, au RAK Studios de Londres. Ce souffle britannique qui se dégage d'un morceau comme "Goodnight Adeline" : sorte de retour mal assuré, pinte à la main, d'une soirée trop arrosée dans un pub de Manchester ou encore sur la Beatlesienne "Suzie Chapstick". 


Il n'a pas suffi de faire appel à son historique producteur, Rob Cavallo, pour insuffler à Saviors la même déflagration que ses prestigieuses productions publiées il y a 20 et 30 ans. Il convient donc d'éviter de tomber dans l'excès. Il n'empêche qu'on écoute là un excellent album, aux allures de best-of, retranscrivant tout ce que la bande de Berkley sait faire de manière, presque, toujours probante.
Green Day, est à l'image de sa musique : un groupe dont transpire la proximité. Une accessibilité qui conduit le trio américain, du haut de ses 75 millions d'albums vendus à travers le monde, à donner un concert gratuit dans un pub londonien, à jouer dans le métro new-yorkais ou encore à se rendre chez un disquaire indépendant pour écouter l'album en avant-première avec ses fans.
Reste à se délecter de l'immense tournée à venir où le groupe à annoncer qu'il jouerait Dookie et American Idiot en intégralité. On espère voir la setlist parsemée de quelques titres de ce nouvel album car Green Day, quoi qu'on en dise et malgré tous ses défauts, vaut bien plus qu'un groupe voué à demeurer cloisonné dans la nostalgie.   


 


A écouter : "Dilemma" ; "Living in the 20's" ; "Suzie Chapstick" ; "Look Ma No Brains" 

Avis de première écoute
Note de 3/5
Green Day relève la tête après après deux décennies de projets décevants et un Father Of All.. catastrophique et presque inécoutable. Saviors retrouve le pop punk typique du Green Day des années 2000, plus ou moins débarrassé de l'ambition démesurée et de l'attitude hors-sol voire ridicule qui parasitait la plupart de leurs essais depuis American Idiot. Rien d'extravagant donc, mais des compositions qui touchent leur cible avec aisance, quelques bonnes surprises (la jangle pop de "Suzie Chapstick", la power pop presque Weezerienne de "Dilemna", la britpop baroque de "Father to a Son") et peu de déchets vraiment embarrassants – en dehors du titre d'ouverture et du riff régressif de "One Eyed Bastard". Les nostalgiques trouveront alors facilement leur compte dans ce quatorzième album du trio américain.
Commentaires
jojo, le 09/02/2024 à 16:40
Je l'ai écouté ce matin (sachant que j'ai pas fait gaffe à leurs autres sorties récentes, je me replonge dans Green Day donc). Alors d'un côté, je reconnais que c'est carré, plutôt agréable à écouter et bien fichu. Et les paroles ont l'air sympa (j'ai noté une petite blague jeu de mots pour le titre Living in the 20's par exemple). De l'autre côté, j'ai vraiment un sentiment de "déjà entendu" diffus tout le long de l'album. Entre la surexploitation de chansons aux "4 accords" (même si elles restent cool) et le fait de penser à plein d'autres chansons connues + formule un peu éculée en soi, j'ai pas été tant enthousiasmé que cela. Ca reste un disque tout à fait honnête, et je le réécouterai sûrement. Mais (quasi ?) rien de neuf sous le soleil (c'est peut-être voulu).
DanielAR, le 28/01/2024 à 16:48
Il est difficile d'écrire à quel point cette chronique très positive m'enchante ! Green Day mérite des éloges et cet album - même s'il présente quelques aspects "anachroniques" ou "décalés" - est une bien belle surprise. Très chouette !