Foo Fighters
Saint Cecilia
Produit par Foo Fighters
1- Saint Cecilia / 2- Sean / 3- Savior Breath / 4- Iron Rooster / 5- The Neverending Sigh
"Cecilia, you're breaking my heart"..... chantaient Simon & Garfunkel en 1970. C'est le coeur et l'âme brisée que les Foo Fighters délivrent cet EP. Une plume avisée nous présente les intentions du groupe, censé célébrer la vie et la musique, Saint Cecilia arrive comme un cheveu sur la soupe... Et quelle soupe, un bain de sang qui a bouleversé une salle, une ville, un pays, un continent, une planète.
Le programme des Foos était le suivant : Paris, Lyon, rentrer aux USA, Sortir Saint Cecilia, et ainsi, remercier le public qui avait été fabuleux. Pour des raisons que tous comprendront, les étapes françaises n'ont pas résisté à l'actualité tragique et ont été déprogrammées.
Du fait de cet attentat à la vie, à l'amour et à la musique, il était important pour le leader des Foo Fighters de prendre la parole au travers d'une lettre. Le choix de la lettre rappelle que s'il sait se montrer omniprésent sur les plateaux TV, il sait aussi rester en retrait lorsque la situation l'impose.
Essayons d'oublier ces évènements atroces quelques minutes pour revenir vers Dave Grohl qui en VRP de son groupe, assure la création, la production, la vente et le S.A.V.. Ce Jean-Marie Messier du rock s'est illustré sur cette tournée par une chute en pays scandinave, au debut de l'été dernier. Alors que ses bandmates s'apprêtaient à plier, Zorro surgit hors de la nuit, aidé d'un médecin qui termine les soins et immobilise son membre sur scène. Au lieu d'annuler la tournée comme il lui avait été préconisé, le voilà qui en quelques semaine reprend le chemin des planches en fauteuil décoré de dizaines de guitare. Cet artifice de scène a un air de "déjà vu", un trône de fer mais avec des guitares, rappelons que l'objet original est forgé à partir des épées des vaincus d'Aerys Targaryen. On pourrait aisément imaginer que les guitares qui ont orné ce trône appartenaient à .... la firme Gibson qui fait un double coup de pub ? Et bien oui.
Ne nous leurrons-pas, la communication est un outil que Dave Grohl, le best friend de toutes les stars du rock, manie à la perfection. La série Sonic Highways, qui reprend l'enregistrement du dernier LP, diffusée sur HBO est la preuve qu'il manquait aux sceptiques.
Et Saint Cecilia ? Que valent ces enregistrements qui viennent clore une tournée pour le moins mouvementée ?
A la première écoute, on retrouve l'esprit de Sonic Highways, les chansons ne présentent pas un réel intérêt. On aurait aisément vu le king du marketing pondre un coffret Sonic Highways pour Noël comprenant la série en DVD et le dernier album en version double CD avec les 5 titres Saint Cecilia sur la deuxième rondelle. Ne voyez-là aucune critique bête et méchante, car ce fantasme aurait trôné sur ma lettre au Père-Noël.
Laissons donc une deuxième chance à Saint Cecilia, le morceau éponyme est calibré comme un bon morceau de rock, trop parfait, trop rond, pas assez spontané. Le solo de guitare illustre à la perfection ce propos, tout est dans la pentatonique, un débutant avec 2 ou 3 ans de guitare aurait pu pondre cet enchaînement.
"Sean" a un peu plus de personnalité, il surprend par ses breaks, il est rythmé mais au bout d'une minute on se croit dans "the Feast and the Famine". Cette sensation d'auto-pillage est déplaisante, seraient-ils en manque d'inspiration ? A ce compte-là, pourquoi sortir un EP en téléchargement gratuit ? Continuons l'écoute avec "Savior Breath", qui déboule à toute vitesse, à la manière d'un "Ace of Spades" de Motorhead, le morceau reprend la recette déjà employée sur Wasting Lights avec "White Limo" (rappelez-vous le clip avec Lemmy). "Savior Breath" est un morceau "défouloir" qui n'a que cette fonction, dommage on a failli y croire.
Place à la ballade avec "Iron Rooster", "Have you been young enough to feel what you have to feel ?" Des paroles fumeuses, un piano tout droit sorti de Grey's Anatomy, la bande à Dave Grohl a trop fréquenté HBO et petit à petit perd de son sel. Le pont et le solo sont autant d'éléments qui auraient pu être laissés de coté. Il en faut du courage pour continuer et laisser tourner jusqu'au dernier titre...
"The neverending sigh" : une ambiance de toit new-yorkais, un corbeau, une guitare électrique, Eric Raven ? on s'y croit presque et là, c'est la grosse claque ! Le voilà, le seul morceau qui est assez bon pour faire oublier les 4 premiers. Le riff de guitare accroche, le prérefrain nous donne envie de savoir ce qui arrive après, le refrain sent bon l'hymne de stade, il sera parfait repris par des milliers de fans en folie, bravo.
Bref, une fois de plus le travail est fait pour qu'on ne puisse pas cracher dans la soupe, celle là-même qui contenait un cheveu au début de ce papier. Malgré une pauvreté créative qui se fait ressentir, les Foo Fighters sont présents et savent accrocher, un compte à rebours, une lettre, un EP, un bon titre, et le cliffhanger journalistique de la saison 2 de Sonic Highways sur HBO. Nous n'aurons pas d'autre choix que de suivre l'actualité des Foo Fighters et de leur leader.