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Critique d'album

Florence and the Machine


How Big, How Blue, How Beautiful


(01/06/2015 - Island - Pop mystique - folk - soul - Genre : Autres)
Produit par Markus Dravs

1- Ship to Wreck / 2- What Kind of Man / 3- How Big, How Blue, How Beautiful / 4- Queen of Peace / 5- Various Storms & Saints / 6- Delilah / 7- Long & Lost / 8- Caught / 9- Third Eye / 10- St. Jude / 11- Mother
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Florence a modifié le logiciel de sa Machine, et il lui reste encore des réglages à faire."
Nicolas, le 12/06/2015
( mots)

Il s’en faut souvent de pas grand chose pour que tout le sel, ou presque, d’un projet disparaisse. Un petit rien qui peut faire toute la différence. Qu’est-ce qui serait à même d’expliquer que ce troisième album de Florence and the Machine n'’éveille pas autant d’intérêt que les deux précédents, tout différents soient-ils ? Pas simple, mais la réponse est là, dans les lignes qui suivent.


Florence and the Machine, c’est Florence Welch et Isabella Summers, voix et arrangements, un duo sur le papier qui semble néanmoins bien déconnecté d’une réalité où seule la rousse chanteuse vampirise l’espace photographique. Que ce soit sur scène ou sur les visuels, il n’y en a que pour cette dernière même si, pourrait-on dire, l’excentricité du personnage doit également beaucoup au background musical qui soutient la formation. Sans sa Machine, Florence n’est qu’une chanteuse, une cantatrice, une diva. Une voix, donc, qui a elle seule ne peut faire partager l’intégralité de son univers. Si la voix ne saurait faillir, il suffit en revanche que la Machine se grippe pour que la mécanique commence à dérailler.


Le premier contact avec ce troisième disque laisse déjà le doute s’installer : les deux premiers visuels dévoilaient un personnage plein de fantasmes, d’extravagance, plongé dans un univers mi-réel, mi-imaginaire, fermant les yeux comme s’il était en proie à une exaltation contenue. Ici, le changement apparaît radical. La photo de Florence Welch, crue, en noir et blanc, dévoile un visage, un regard sombre fixé sur l’auditeur, une dame on ne peut plus réelle mais également on ne peut plus ordinaire. Cet artwork est en fait le reflet d’un disque qui, mine de rien et sans en avoir l’air, marque une profonde rupture avec les albums précédents. Rupture de production, puisque l’habituel Paul Epworth cède la main à Markus Dravs, pourtant expert en pop moderne à haute inspiration - les succès de Björk et d’Arcade Fire, c’est en grande partie à lui qu’on les doit. Côté Machine, la plus grande perte est celle de la harpe. L’instrument celtique disparaît ici purement et simplement, et si on parlait en préambule de petits riens, cette défection en apparence anodine s’avère dans les faits considérable. En dehors d’apporter une touche folklorique et/ou mystique au style du projet, la harpe réalise en fait le contrepoint parfait de la voix de Florence Welch : sa fragilité mais aussi son spectre pur, froid et métallique compensent, apaisent, tempèrent le feu, la chaleur, l’organicité (sur)naturelle de la chanteuse. Sans harpe, un déséquilibre se crée, ce d’autant que Welch et Dravs ont opté pour de nombreux arrangements à base de trompettes, arrangements concoctés par Will Gregory (Goldfrapp) qui créent l’effet exactement inverse. Autre fait notable, le retour en force du duo guitare-basse au détriment des synthétiseurs, pas forcément un mal en soi, ceci dit.


Sauf que la production laisse également moins de place au background instrumental, fait d’emblée marquant en regard du single “Ship to Wreck” dans lequel la voix est nettement mise en avant par rapport au reste. L’écoute alternative de ce titre et de l’inaugural “Only If for a Night” du disque précédent le confirme de manière presque choquante : le morceau, fort d’une tonalité pop rock pas désagréable au demeurant (avec une belle ligne de basse), laisse un petit goût d’inachevé en regard des hits passés de Florence Welch. Des titres réussis, il y en a tout de même un bon nombre dans ce How Big, How Blue, How Beautiful, on pensera notamment au pétulant “Delilah”, à son rythme trépidant après une entame en trompe l’oeil et à son dialogue incessant entre lead vocal et choeurs, mais aussi à “Third Eye”, fort d’une mélodie de très haute volée dont le pont fait très Arcade Fire, justement. Même son de cloche pour le conclusif “Mother” avec sa guitare toute en échos frêles amenant un refrain tout aussi intime qu’explosif. L’autre bonne nouvelle de ce troisième disque, c’est que Welch parvient également à séduire dans l’épure. Plus besoin d’en faire des caisses, “Various Storms & Saints” laisse lentement la pression monter pour briller de mille feux dans ses derniers retranchements, mais reste tout aussi bon dans ses premiers développements. Meilleur encore, “Long & Lost” donne à Florence Welch sa meilleure ballade, fragile, délicate, un petit joyau là encore magnifié par une guitare électrique à peine caressée. “Saint Jude”, en revanche, avec ses longues notes de synthés plaquées comme à l’église, laisse davantage de marbre dans sa relative austérité.


Mais c’est néanmoins la déception qui prédomine nettement à l’écoute de ce disque. Outre un projet d’emblée nettement moins séduisant et équilibré, plus hétérogène, plus éclaté, on s’ennuie très vite sur certains morceaux, notamment sur le titre éponyme censé, on l’imagine, magnifier notre belle planète terre. Mais tout agace ici, les cuivres redondants, l’emphase affectée, le faux rythme, les longueurs inutiles. Un ratage, un vrai. Ça n’est guère mieux avec “Queen of Peace” qui, sur le papier et avec des arrangements moins tape à l’oeil, aurait pu être sympathique. Hélas, que ce soient les tartines de violons, les gimmicks ultra-systématisés de trompettes ou les roulements de caisse répétitifs, sans parler d’un refrain qui peine à s’envoler, on n’est pas loin de la sortie de route. C’est pire encore avec “Caught” dont le joli refrain parvient à peine à sauver une entame laborieuse et réellement naïve dans son exposition.


Terminons néanmoins sur une note positive avec le percutant “What Kind of Man”, tout entier supporté par son riff de guitare aussi balancé qu’incisif, un morceau des plus réussis, l’un des meilleurs jamais pondus par Florence and the Machine. La preuve que souvent, les choix d’arrangements font toute la différence. Et si Florence Welch tient tant à s’éloigner de son image de prêtresse mystique, celle qui lui a permis d’illustrer de grandes images fantasy - l’Amérique l’ayant découverte sur la B.O. de Blanche Neige et le Chasseur mais surtout sur un très remarqué trailer de la saison 2 de Game of Thrones - il va également falloir qu’elle se reconstruise un personnage aussi séduisant que ne l’était  l’ancien. Et pour le moment, on est loin du compte.

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