
Five Horse Johnson
The Last Men On Earth
Produit par
1- Cry Rain / 2- Cherry Red / 3- Soul Digger / 4- Three At A Time / 5- Blood Don't Pay / 6- Love 2 Lose / 7- Sweetwater / 8- B.C. Approved / 9- Sawhill / 10- Yer Moutain


A AlbumRock, on aime le stoner (enfin, moi j’aime, les autres subissent). Et quand on aime le stoner, on aime Small Stone. Rétif à toute notion de profit facile et immédiat, ce label s’échine depuis sa naissance à la fin des années 90 à signer les parias de la scène heavy, refourguant ses pépites avec le sourire entendu du fermier de l’Alabama distillant son alcool en temps de prohibition. Thom Yorke y sera reçu à coup de Winchester et Charles Manson accueilli bras ouverts. Sans prôner l’expérimentation tous azimuts ou les grands chamboulements esthétiques, Small Stone se pose comme le solide garant d’un rock sans fioriture mais pas forcément simpliste, pêchu et si possible couillu, la seule faute de goût restant ses initiales qui forment le mot SS...
Tête de pont de ce label : les Five Horse Johnson, formation née il y a 10 ans maintenant. Tandis que pas mal de groupes creusent souvent le même sillon, jouant à celui qui fera plus heavy ou psychédélique que l’autre, les Five Horse cultivent sereinement leur différence, en débitant un rock pur malt, authentique, sans pose ni autosatisfaction. Leurs disques offrent un graissage carabiné du hard des années 70, avec un fort relent de musique sudiste, empruntant le blues de blanc bec cher à Creedence Clearwater Revival et le son à l’haleine chargée de Lynyrd Skynyrd. Quatrième album du gang de l'Ohio, The Last Men On Earth poursuit de plus belle leur trajectoire, laquelle mène sûrement vers un marais boueux et malodorant de Louisiane. Après N°6 Dance, troisième et imparable opus qui leur avait ouvert les portes de l’Europe ainsi que des premières parties de Queens of the Stone Age ou de Monster Magnet , le combo garde le même cap, en variant un peu sa recette.
Cette fois-ci, c’est la maison ZZTop qui offre la tournée. Impossible de ne pas penser à "La Grange" à l’écoute de ce "Cherry Red" endiablé, aussi grisant et chaotique qu’une virée en Cadillac sur le bord d’un ravin. Dans l’ensemble, on reste fidèle au son Five Horse, tel que forgé par le groupe canette après canette : du riff bien baveux, de la rythmique boogie complètement aliénante ("B.C. Approved"), le chant rocailleux du chanteur et du guitariste qui se relaient au micro, l’harmonica déchaîné qui se dispute avec les solos. Leur musique semble épouser les pires clichés mais, telle la pochette sur laquelle les petits gars fuient le spectre de la vie conjugale, elle se taille une véritable identité au fil des écoutes. "Toujours sur la route prêts à vous mettre la dernière baffe heavy", tel pourrait être leur slogan, lequel n’aura aucune peine à réveiller le redneck qui sommeille en nous.