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Critique d'album

Faith No More


Angel Dust


(08/06/1992 - Slash Records - Rock expérimental américain - Genre : Rock)
Produit par Matt Wallace

1- Land Of Sunshine / 2- Caffeine / 3- Midlife Crisis / 4- RV / 5- Smaller and Smaller / 6- Everything's Ruined / 7- Malpractice / 8- Kindergarten / 9- Be Agressive / 10- A Small Victory / 11- Crack Hitler / 12- Jizzlobber / 13- Midnight Cowboy / 14- Easy
Note de 5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Plus audacieux, plus expérimental que The Real Thing, Angel Dust est l'album de la confirmation et de l'expérimentation pour Faith No More."
Maxime L, le 26/05/2021
( mots)

Peut-on muer à 24 ans ? Etrange question pour un début de chronique.


Mais pour qui écoute ce Angel Dust dans la foulée du disque précédent, The Real Thing, on peut légitimement s’interroger tant la voix du chanteur Mike Patton est transformée. Si le Général Patton n'est toujours pas un débutant (pour rappel il officiait dans Mr Bungle avant de rejoindre Faith No More), 1992 marque un tournant évident, non pas dans l'utilisation et la modulation de sa voix, mais plutôt dans sa tessiture. Exit la voix de canard nasillarde (qui pouvait franchement lasser à la longue), et place à un chanteur au timbre plus chaud, plus adulte finalement, et qui va faire changer le groupe de statut, voire d'étiquette dans les différents bacs des disquaires de l'époque.


Souvenez-vous, The Real Thing premier disque de l'ère Patton, déboule sans crier gare au printemps 1989, et fout un bon coup de tatane dans une fourmilière rock qui ronronnait tout doucettement, en proposant une fusion rock-métal-funk-rap spontanée, enjouée, très prometteuse, et mise en orbite via le tube "Epic", diffusé alors en intense rotation sur MTV.


Et si The Real Thing est un album réussi et important, que ce soit pour les Californiens ou pour la scène rock/métal des années 90, il n'est pas dénué de défauts : à commencer par le timbre de voix de Patton donc, ou par la production, qu'on jugera parfois un peu faiblarde. De ce point de vue là, le son des Américains en 1992 n’a plus grand chose à voir avec la fusion sautillante de 1989, et Angel Dust, dans sa globalité est un monstre de puissance et d’énergie (pourtant mis en boîte par le même producteur, Matt Wallace).


Le titre inaugural, "Land Of Sunshine", est une mise en bouche attractive : basse très ronde ultra reconnaissable et très en avant, claviers grandiloquents façon série B horrifique. Le ton est donné, et on est loin de l’ambiance parfois un peu potache ressentie sur The Real Thing. L’angoisse monte d’un cran sur "Caffeine", que ce soit en terme de chant, ou dans l’âpreté des lignes de guitares du trop sous-estimé "Big" Jim Martin. Pour le titre suivant, on s’attend donc assez logiquement à un déferlement de violence et de rage de la part de Billy Gould et ses sbires. Erreur, car ces Faith No More là sont insaisissables et décident alors de nous dégommer un premier single d’une efficacité parfaitement redoutable : "Midlife Crisis".


Bordée par un roulement de batterie iconique et quelques nappes de synthés, "Midlife Crisis" est une formidable chanson, à la fois atypique et accessible (même si le pont a un poil vieilli), qui dégouline d'élégance et qui est un des rares vestiges du chant rappé de Mike Patton. Ce single aussi jouissif que captivant marque surtout le vrai départ de l’album. Entre "RV" où Patton étale toute sa classe de crooner (avant de se transformer en hurleur de premier plan lors d’un pont dévastateur) et un "Smaller and Smaller" au rythme martial et incantatoire (et son pont presque tribal, mais qui fait son âge là encore), la formation n’est pas là pour rigoler, et s’est très nettement orientée vers une musique bien plus complexe et alambiquée, en un mot : de la musique parfois expérimentale. Expérimentale voire carrément sauvage : la violence de "Malpractice" n’ayant pas grand chose à envier à celle des groupes de thrash de l’époque. Les Américains, à l’image de leur très charismatique leader, sont à l’aise dans tous les registres. Et lorsqu’il s’agit de calmer le tempo et d’axer leurs compositions sur thèmes plus mélodiques , ils s’en sortent, une fois de plus avec les honneurs : les sensationnelles "Everything’s Ruined" et "Kindergarten" et leurs refrains im-pa-rables étant les meilleurs exemples.


Si le sens de l’humour très particulier de Faith No More est toujours présent (dans certains textes mais aussi dans le visuel d'un livret à ne pas mettre dans les mains de végétariens), l’atmosphère générale de l’album est bien plus sombre que sur leurs trois précédents disques. De l’expérimentation, des gros refrains, mais des morceaux également très puissants, tout en étant très funky, offrant un boulevard au fantastique duo basse-batterie formé par Billy Gould et Mike Bordin, sur l’extraordinaire "Be Agressive" notamment (dont le refrain sera honteusement plagié par Manson sur son affreux "Mobscene").


A noter qu'à l'époque, la sortie d'Angel Dust fût déclinée sous des versions bien différentes selon les marchés Européens, Nord-Américains ou Japonais, mais si vous découvrez l’album aujourd’hui, via les plateformes de streaming, vous bénéficierez de l’intégralité de l'intégralité des morceaux, y compris "Easy", reprise des Commodores de Lionel Richie, et énième démonstration de l’incommensurable talent de de Mike Patton. Près de 30 ans après sa sortie, et en dépit de quelques travers mineurs (des morceaux un peu plus faibles et qui ont mal vieilli, on pense à "A Small Victory"), Angel Dust reste une valeur sûre dans la discographie des Américains, au point d’occuper une place de choix dans le coeur des amateurs du groupe.


Angel Dust est le disque d'une formation bien plus mature, et surtout très audacieuse, tant il aurait été facile, compte tenu de son succès, de proposer un « The Real Thing 2 ». Les deux disques sont très différents, reliés peut être par le son très identifiable de leur section rythmique, mais sont tout à fait complémentaires. Si The Real Thing apparait plus frais, plus spontané et surtout plus homogène, il faut louer la variété de styles abordés ici, et qui constitue incontestablement la force et la valeur ajoutée de Faith No More. Une force qui sera d'ailleurs poussée à son paroxysme sur l’album suivant.

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