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Critique d'album

Dvne


Etemen Ænka


(19/03/2021 - Metal Blade Records - Metal progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Enûma Eliš / 2- Towers / 3- Court Of The Matriarch / 4- Weighing Of The Heart / 5- Omega Severer / 6- Adræden / 7- Sì-XIV / 8- Mleccha / 9- Asphodel / 10- Satuya
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"L'une des grandes sensations metal de 2021, aussi brutale que cérébrale"
Nicolas, le 07/09/2021
( mots)

Alors que la planète métal vient de fêter ses cinquante ans, certains - mais pas nous - s’étonneront encore de la richesse et de l’inventivité du milieu qui a su se renouveler sans se renier. Les décennies se succèdent, les papys d’antan ont laissé leurs successeurs s’exprimer, qui à leur tour auront influencé de nouveaux acteurs, etc. Ainsi, la nouvelle garde s’abreuve désormais à un sludge géorgien, à un post metal californien et à un death mélodique suédois pas si vieux que cela, prenant comme modèles les Mastodon, Isis, Opeth et autres Kylesa en passant par Baroness. Et voici qu’arrive Dvne, et non pas Dune - même si l’analogie avec l’œuvre de Frank Herbert est voulue comme en témoigne notamment le nom de leur site web, Songs Of Arrakis -, un quintette qui nous vient d’Ecosse - d’Edimburgh, pour être exact - et qui, avec son second album, Etemen Ænka, vient de nous livrer une bien belle œuvre… pour auditeurs avertis.


Car dans la musique de Dvne, il faudra compter avec une certaine violence, mais aussi une bonne dose de cérébralité et de complexité. Les cinq compères - dont un français, Victor Vicart, au chant et à la guitare - officient dans un heavy metal lourd, poisseux, suffocant, transpercé par des hurlements furibonds mais aussi allégé par un chant en voix claire très mélodieux et de nombreux intermèdes psychédéliques apaisés. En tout, quatre personnes se partagent le micro, hommes et femmes, ce qui vous donne une idée de la variété rencontrée à ce niveau, sans parler du fait qu’à l’Anglais se succède parfois une langue imaginaire qui contribue à accroître le mystère et l’hermétisme du propos. Difficile de savoir à quoi s’attendre quand un titre de Dvne commence, les virages peuvent s’avérer chaotiques, les chutes vertigineuses, les élévations célestes magnifiques. Un seul leitmotiv : ce son de six cordes gras, lancinant et massif, rugueux et tétanisant, entre progressif, sludge, doom et psyché, le tout savamment édifié en un style parfaitement unique. Un grand nom du metal vient de naître, tenez-vous-le pour dit.


Etemen Ænka marque une nette évolution par rapport au premier album de Dvne, un disque mieux conçu, mieux produit, mieux fini. Un disque abordé via une magnifique pochette mettant en valeur une créature féminine troublante qui nous rappelle les œuvres visuelles de John Baizley. Ne vous laissez pas endormir par l’intro d’ambiance angoissante de “Enûma Eliš” qui ouvre le bal, car la puissance des riffs dopée aux larsens et aux claviers fuligineux risque bien de vous assommer par surprise. Une entrée en matière virile semblable à une plongée en apnée dans une marmite d’airain en fusion. “Towers” qui lui fait suite ne fait pas non plus dans la dentelle, marche asphyxiante aux ordres d’une batterie martiale qui a tôt fait de nous plaquer une accélération en piqué ayant le bon goût de nous clouer au fauteuil. Et les montagnes russes continuent ainsi, entrecoupées de portions chantées plus limpides, comme autant d’échappées-belles désespérées à ce magma de colère. Vous l’aurez compris, la musique de Dvne est dense, très dense. Ne vous imaginez pas avoir fait le tour d’Etemen Ænka en un seul passage, il va falloir que vous y reveniez, que vous apprivoisiez son ire, que vous vous laissez happer par ses parties apaisées - car oui, il y en a. “Court Of The Matriarch”, en particulier, sait se montrer plus nuancé au sein de sa véhémence, presque caressant par instants, avec des essais vocaux assez gonflés - juxtaposer grawls et voix claire, il fallait l’oser, et ça marche ! Le tout pour finir, car on n’est pas à un paradoxe prêt, sur le riff le plus écrasant du disque. Mais le meilleur équilibre est atteint avec “Omega Severer”, introduit par un “Weighing Of The Heart” presque religieux : aux incantations d’une prêtresse extra-terrestre répond une roborative complainte tournée vers le ciel, très vite transpercée de saillies criminelles hurleuses, mais l’irrésistible élévation repart alors de plus belle, le maelström bouillonne, les voix s’entremêlent, suppliantes ou vindicatives, la réverb’ s’invite aux festivités, puis le soufflé retombe, la tempête de sable s’est calmée, Shaï Hulud a regagné les profondeurs des sables, et l’épice nous fait voyager dans l’espace et le temps. Dix minutes de trip de Charybde en Scylla, du très grand art.


Ailleurs on retrouve un peu de Pink Floyd (“Adræden”), du Baroness tantôt bourru, tantôt psychédélique (“Sì-XIV”), ainsi et surtout qu’une superbe berceuse féminine sur le fil du cauchemar (“Asphodel”) qui ouvre sur une copieuse pièce conclusive, onze minutes de ping pong émotionnel au gré d’un voyage post metal en rafting sur un fleuve de lave des enfers, entre turbulences incandescentes et faux calmes dérivant sur du métal en fusion. Et rappelez-vous que ce n’est pas parce qu’un titre débute dans la contemplation qu’il ne va pas s’embraser jusqu’à la rage au hasard d’un changement de thème, exemple parfait avec le très extrême “Mleccha” qui passe d’un extrême à l’autre au gré de ses méandres dantesques.


Sachez qu’Etemen Ænka propose quoi qu’il en soit des morceaux assez semblables en termes d’ambiance et de couleurs musicales, avec de temps en temps quelques motifs mélodiques qui se retrouvent d’un titre à l’autre, mais la force du groupe est de ne jamais verser dans la redite et d’explorer ses particularismes avec un renouvellement permanent. Si on note bien de-ci de-là quelques passages perfectibles, cela ne constitue jamais rien qu’une promesse, la démonstration qu’une marge de progression existe et que les écossais devraient certainement nous éblouir plus encore dans les années à venir. À ce niveau-là de qualité, et malgré la brutalité qui se dégage de cet opus n°2 et qui rebutera sans doute les âmes les plus sensibles, on leur signe un chèque en blanc direct. Last but not least, Dvne sillonnera très bientôt l’hexagone. Ils seront le 17 septembre à Paris, le 19 à Nantes, le 22 à Toulouse, le 25 à Montpellier, le 28 à Lyon et le 29 à Strasbourg. Ruez-vous sur les places : une invitation comme celle-là, ça ne se refuse pas.

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Commentaires
NicolasAR, le 07/09/2021 à 20:51
Merci Frank !
FranckAR, le 07/09/2021 à 19:52
Très bonne chronique, et description fidèle à l’album, je n’aurais pas dit mieux ! Un des (si ce n’est le) meilleurs albums de metal prog de l’année!