Blankass
Elliott
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1- Mon drapeau / 2- Fatigué / 3- Qui que tu sois / 4- Au Costes à coté / 5- Le passage / 6- Je n'avais pas vu / 7- Le prix / 8- Soleil inconnu / 9- Ce qu'on se doit / 10- La faille
10 ans ! Ce n'est qu'au terme d'une aventure punk nommée "Zéro de conduite", groupe créé alors qu'ils n'étaient encore que des gamins, que les frères Ledoux mettent en route la machine Blankass, au début des années 90. Ce n'est qu'en 1995 que sort leur tout premier album éponyme et son tube impérissable, "La couleur des blés". Dix ans et deux albums plus tard, les revoilà avec Elliott, un album à mille lieux de leur premier effort. Un album aussi troublant que passionnant.
Déjà sur L'homme fleur, on pouvait constater un léger virage, lorsque habitué à une musique empreinte d'énergie, Blankass nous livrait un album fait majoritairement de titres doux. Heureusement la touche Blankass ressortait par l'omniprésence de l'accordéon de Guillaume. Sur Elliott le virage pris par le groupe n'a plus rien de léger mais ressemble plutôt à une franche envie de changement. Ceux qui auront jeté leurs oreilles habituées sur le tube "Fatigué" auront certainement remarqué qu'il manquait quelque chose. Eh bien oui, Guillaume Ledoux a rangé son accordéon au grenier pour enregistrer cet album. Et comme pour revendiquer ce parti pris, dans les crédits on ne peut lire que "guitare" et "chant" à côté de son nom, alors que l'accordéon a bel et bien été utilisé sur une piste. Blankass serait-il "Fatigué" de véhiculer cette image de joyeux berrichons ?
Autant être franc : même aux amateurs les plus convaincus, il faudra plusieurs écoutes pour tomber sous le charme de ce nouvel album. Car autant le crier haut et fort sans plus attendre, cet album est très bon. Dés "Mon drapeaux" le climat est posé. Blankass fait dans un rock plus "conventionnel", plus typique de la scène française, mais assez ingénieusement, sait rester reconnaissable grâce à ses mélodies et évidemment, son chant. Chose plus marquante encore : alors que les morceaux ont perdu en énergie, on se rend compte qu'ils ont été beaucoup plus soignés à la production. C'est le cas par exemple sur "Reste avec moi" (titre sur lequel on retrouve avec plaisir la voix de Manu de Dolly pour les chœurs) où tout semble millimétré, fouillé. Ou encore sur "Le passage" où le groupe se paye le luxe d'être accompagné par un ensemble de cordes. Des morceaux si chiadés que l'on pourrait même trouver que des titres comme "Le prix" ou "Ce qu'on se doit", malgré ses violons, seraient un peu légers. "Soleil inconnu" est un titre plus surprenant. Avec son piano entêtant et son refrain accrocheur, il est des titres qui rassurent au premier abord bien qu'il soit loin d'être formaté. "La failles" est le seul titre qui nous ramène vraiment à l'origine de Blankass, avec le retour (plus vraiment attendu) de l'accordéon. On y retrouve tout ce qui a fait le succès du groupe, l'énergie et les grosses guitares, et on imagine sans mal l'engouement qu'il suscitera lors des concerts.
Avec ce nouvel opus, Blankass fait preuve d'audace et d'originalité et nous prouve qu'il n'est pas seulement un groupe qui tourne autour d'un accordéon. Son identité est bien plus complexe ; imprégnée dans des textes aux messages forts et dans une musique de plus en plus performante qui justifie tout à fait d'être six sur scène pour la retranscrire à la perfection. Avec Elliott, les frères Ledoux et leurs compères voient grand et gagneront peut-être une place plus importante dans la famille du rock français que celle qu'on leur accorde à chaque sortie d'album. Au vue de la campagne promotionnelle dont ils bénéficient, cela semble plutôt bien parti.