↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Black Sabbath


Black Sabbath


(13/02/1970 - Warner Bros. Records/Vertigo - Classical Heavy - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Black Sabbath / 2- The Wizard / 3- Wasp/Behind the Wall/Basically/N.I.B. / 4- A Bit of Finger/Sleeping Village/ Warning / 5- Wicked World
Note de 4.5/5
Vous aussi, notez cet album ! (50 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 5.0/5 pour cet album
"Le métal vient de fêter ses quarante ans !"
Geoffroy, le 12/03/2010
( mots)

Les seventies ne nous sont plus contemporaines. Elles nous toisent de leurs quarante piges, discrètes observatrices toujours omniprésentes de l’usage fait de l’héritage qu’elles nous ont laissé. De même que les sexagénaires les ayant vécu à l’automne de leur jeunesse, elles ont atteint la maturité de l’âge et la sagesse qui découle de l’expérience. Elles ont été éprouvées, remises en question, adulées, détestées, autant dans leur complétude que dans leur variété. A l’aube de cette nouvelle décennie, une chose est sûre, nous avons désormais le recul historique nécessaire pour aborder les seventies au travers de leur héritage culturel, qu’il tienne des idéaux politiques et sociaux, des esthétismes ou tout simplement de cette volonté commune de révolutionner l’expression artistique.

Mais qui dit volonté commune ne veut pas forcément dire mouvement unique. Bien que ces années aient trouvé dans les drogues, le psychédélisme et le surréalisme des lignes directrices fortes, ces dernières ne sont que la forme qui caractérise les différentes formations rock de l’époque, et derrière elles se cache une créativité d’une diversité dantesque qui a changé et influencé notre vision de la musique à jamais et fondé les bases de tous les mouvements actuels. D’où une certaine véhémence qui s’installe quand une personne refuse d‘admettre les faits. De nos jours on ne joue plus de rock au sens large du terme sans lien direct ou indirect aux seventies sauf si vous êtes un groupe de revival consacrant son répertoire à des reprises de Presley ou Buddy Holly. Les punks en sont influencés car le dégoût qu’elles leur inspiraient en ont fait des punks et les metalleux bornés doivent l’accepter car un certain vendredi 13 février 1970 sortait dans les bacs outre manche un album qui allait inventer leur vision de la musique.

 

Led Zeppelin et Deep Purple furent les premiers à créer les bases d’un rock fiévreux et virtuose avec des albums à la limite de la prétention et des concerts sauvages, participant ainsi à la naissance de ce genre aujourd’hui très riche que l’on nomme le hard rock. Ne restait plus aux formations suivantes qu’ à entrer dans la brèche et suivre le mouvement.

Originaires de Birmingham, Frank Tony Iommi, Terence Geezer Butler, William Bill Ward et John Ozzy Osbourne évoluent dans différents groupes de la ville et décident de se réunir en 1968 sous le nom de Polka Tulk Blues Company, très vite raccourci en Polka Tulk, puis transformé en Earth. Influencés par le blues et le jazz, mais également par le rock et la pop, Earth mêle ses inspirations sur scènes entre compositions et reprises de Hendrix et Cream, et après une courte tentative de Iommi chez Jethro Tull, le groupe prend une direction inattendue. Profondément marqué par la lecture des œuvres de Dennis Wheatley, Geezer Butler écrit un texte contant sa vision d’une silhouette noire encapuchonnée au pied de son lit. Nommée en référence à un film du même nom sorti en 1963, elle donne l’envie aux membres du groupe de composer une musique plus sombre, plus inquiétante, en réponse à la fascination des gens pour les films d’épouvante et à la musique trop naïve de l’époque. Fatigués d’être comparés à une autre formation portant le nom de Earth, ils optent pour le titre de leur nouveau morceau comme patronyme. Ainsi naquit Black Sabbath.

 

Le premier album s’ouvre sur ce fameux titre éponyme et dire que la musique de Black Sabbath est sombre est un euphémisme. Un orage suintant de pluie et le glas qui sonne, suivis d’une rythmique plombée et pachydermique sur laquelle se pose la voix torturée d’un Ozzy Osbourne possédé, bien loin de ses pathétiques frasques télévisuelles, décrivant la scène imaginée par Geezer Butler et ponctuant ses élucubrations de cris de terreur ("Oh no ! Please God help me !"). Là où des musiciens avaient depuis longtemps exploité les sentiments liés à la mélancolie, la tristesse ou encore la nostalgie, Sabbath va encore plus loin et touche à l’occulte et au blasphème en utilisant pour la première fois la dissonance du triton interdit au Moyen Age, créant un scandale dans l’Angleterre puritaine de l’époque et une ambiance sinistre et malsaine, personnalisant la mort à en faire pâlir le maquillage d’un amateur de black métal scandinave.  

Bien entendu, Black Sabbath n’a pas renoncé à toutes ses influences jazzy et bluesy comme on peut l‘entendre avec l‘harmonica d‘Osbourne sur "The Wizard", ce qui crée un album à la diversité très riche et souvent très rock'n'roll tout en gardant les thèmes occultes récurrents faisant référence à Lucifer et autres créatures démoniques. Le riff de "NIB" est fabuleux et rock'n'roll à souhait, suivant un solo de Geezer Butler qui influencera des milliers de bassistes à travers son jeu souple et mélodieux teinté de psychédélisme, intronisant son instrument comme élément musical à part entière au même titre que la guitare. Bill Ward lui s’éclate comme un dingue malgré un kit de batterie tout à fait modeste, envoyant une frappe percussive et cinglante mais également lourde et pesante sur lesquelles se posent les parties exemplaires de Tony Iommi, en sont témoins des morceaux comme "Sleeping Village" et "The Warning", dévoilant le talent du guitariste aux deux doigts coupés dans des arpèges tristes et des solis au fuzz poisseux où le tempo s’accélère et installe un groove terrible avant de reprendre une partie sans lien direct et repartir sur le thème principal.

   
Pas encore ouvert aux contestations politiques qui suivront avec Paranoid dans la même année, Black Sabbath pose son empreinte sur le monde du rock avec un album qui pourrait paraître classique dans sa forme mais dont l’héritage est incommensurable. Il dispose d’une production surpuissante qui a du foutre une calotte sévère à plus d’un à l’époque et respire un sentiment de liberté totale : il fallait être sacrément barge pour sortir un album avec une pochette pareille en 1970...

Il est la pierre angulaire du métal, faisant que tous les groupes qui s’engouffreront dans le trou béant qu’il a engendré ne pourront jamais en renier la parité. Ayant souffert de l’imagerie morbide et glauque qu’ils ont cultivé et des pitreries scéniques d’Ozzy tournant parfois au grand n’importe quoi (on se souviendra de la chauve souris), Black Sabbath a toujours revendiqué le fait que sa symbolique était un moyen de choquer les esprits trop fermés de l’époque tout en mettant en garde ses auditeurs face aux dangers des pratiques occultes.    

Pas moins bluesy que le premier album de Led Zeppelin et plus sombre que des centaines d‘albums modernes qui se revendiquent noirs et méchants, Black Sabbath est un album culte autant pour ses morceaux terriblement rock que pour ce qu’il a apporté à toute la musique saturée actuelle. Joyeux anniversaire !

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !