AVKRVST
The Approbation
Produit par
1- Østerdalen / 2- The Pale Moon / 3- Isolation / 4- The Great White River / 5- Arcane Clouds / 6- Anodyne / 7- The Approbation
Déjà bien parti pour remporter la palme du nombre de consonnes présentes dans un nom de groupe, AVKRVST s'avère également être l'une des nouvelles formations les plus prometteuses de Scandinavie, terre qui a déjà fourni bien des talents dans la sphère métal-progressive. Fondé par Martin Utby et Simon Bergseth, deux amis qui se sont fait la promesse de monter un groupe de rock dans leur enfance, AVKRVST est le dernier-né de la scène norvégienne emmenée par Enslaved et Leprous et directement signé sur InsideOut Music, l'une des plus grosses écuries du genre. Peu de ressemblances avec le groupe d'Einar Solberg cependant puisque les norvégiens puisent davantage leurs influences chez leurs cousins suédois, Opeth et Anekdoten en tête, ou encore chez Porcupine Tree.
The Approbation est un album conceptuel qui narre la quête existentielle d'une âme tourmentée laissée seule avec ses pensées, isolée dans une cabane reculée au fin fond d'une forêt sombre sans contact avec la civilisation. Pas de celles où l'on a envie d'établir un feu de camp pour faire griller des marshmallow donc, comme le suggère la très belle pochette qui rend bien compte de cet environnement particulièrement lugubre. Afin de coller au plus près de l'atmosphère souhaitée, l'album entier a d'ailleurs été écrit et enregistré dans une cabane perdue dans la forêt pendant un automne et un hiver pluvieux et froid. Tout un programme de 49 minutes en 7 titres.
Musicalement, le groupe s'inspire grandement d'Opeth dans la construction de ses morceaux avec des alternances entre superbes passages acoustiques et déflagrations métalliques ainsi qu'entre chant clair et guttural (assez peu présent toutefois sur l'ensemble du disque). Le véritable premier titre "The Pale Moon", qui fait suite à une courte introduction de 30 secondes, est assez révélateur de cette écriture toute en changements de rythmes avec des allers-retours entre des riffs très lourds et une mélodie aérienne portée par des arpèges cristallins. Les transitions manquent parfois un peu de liant et mériteraient d'être un peu mieux amenées, comme sur "The Great White River", qui fait coexister un riff heavy somme toute assez banal, un passage en growl peu pertinent (rien à voir avec la violence ressentie chez Opeth) avec un refrain dont la puissance mélodique est pourtant à tomber par terre, notamment sur sa reprise instrumentale puis chantée en fin de morceau.
Le jeune groupe maitrise globalement très (trop?) bien ses influences, que ce soit sur "Isolation", majoritairement instrumental, qui offre un condensé de toute la scène métal progressive moderne à mi-chemin entre le son de Porcupine Tree période Deadwing et le tournant très progressif 70's d'Opeth ou encore sur "Arcane Clouds" et son usage central du mellotron qui évoque immédiatement les compositions d'Anekdoten (elles-mêmes fortement inspirées de King Crimson) et aurait pu figurer en bonne place sur l'excellent album A Time of Day.
Formation revendiquant un pied bien établi dans le progressif, l'album se clôture avec deux morceaux épiques de 10 et 13 minutes. Le premier, "Anodyne", est construit autour d'un riff viril doublé par un orgue hammond qui offre un mélange réussi de métal moderne et de coloration 70's tandis que la seconde partie du morceau embraie sur une superbe ballade acoustique sublimée par un refrain triomphant. Un titre qui pourra rappeler certains morceaux de Riverside par sa construction, en particulier le très récent "The Place Where I Belong" dont la construction s'avère assez similaire. Enfin, le morceau le plus ambitieux du disque, titre éponyme qui clôture l'album, joue cette fois sur le terrain de Porcupine Tree avec une longue introduction planante qui entre en collision avec une succession de riffs métalliques, la présence d'une voix trafiquée et une reprise mélodique qui appelle un final grandiose sublimé par une guitare très wilsonienne.
On regrettera un peu la répétition du même procédé d'écriture sur les deux titres, symptôme révélateur d'un groupe qui débute et qui s’astreint à respecter le cahier des charges du style tout en collant de près à ses influences mais qu'importe, AVKRVST affiche un potentiel immense quand on sait qu'il ne s'agit que d'un premier album. Le groupe mérite ainsi bien plus que notre simple approbation pour pouvoir confirmer dans le futur cette énorme marge de progression. A défaut de savoir comment prononcer son nom, nous suivrons donc les prochaines pérégrinations de la bande dans les forêts sombres de Scandinavie avec une attention toute particulière.