Atomic Rooster
Atomic Rooster
Produit par Vincent Crane
En 1980, la scène saturée britannique s’attendait à tout sauf à voir le retour aux affaires d’Atomic Rooster, vieille gloire progressive du début des 70’s remise en selle par John Du Cann et Vincent Crane désormais accompagnés du batteur Preston Heyman, après cinq ans d’absence et des productions de moins en moins intéressantes (Made in England – 1972 et Nice ’n’ Greasy – 1973).
Or, le punk puis la New Wave of British Heavy Metal sont passés par là et il n’est plus question de faire du Heavy-prog’ ampoulé (en poulet ?) comme au début de la décennie précédente : l’esthétique de la pochette est d’ailleurs inscrite dans celle du renouveau metallique en cours, comme s’il s’agissait du premier album d’Iron Cock (…), de Steel Chicken ou de Farmyard’s Sword. En outre, le titre, en écho à leur premier opus (sans le troisième "o"), ou plutôt l’absence de titre, semble indiquer l’envie d’un nouveau départ.
Et aussi improbable soit-il, le résultat est une totale réussite.
La guitare stridente et le riff intransigeant de "They Took Control of You", parviennent à faire entrer le groupe dans la nouvelle dynamique du début des 80’s tout en maintenant la touche originelle du combo avec ses orgues Heavy et en proposant une direction quasi punk par le chant de John Du Cann. Le registre devient même carrément punk sur "Where’s The Show" (mais toujours rehaussé de claviers et d’un solo mélodique) et sur les stranglers-iens "Do You Know Who’s Lookin for You?" et "Lost in Space" (avec un petit côté Bowie). Après tout, qui d’autre qu’Atomic Rooster pour arborer une crête ?
Inarrêtable, le groupe maintient cette puissance sur le tube "She’s My Woman", à la section rythmique imparable, si bien que le panthéon d’Atomic Rooster commence à manquer de place. On serait tenté d’ajouter le hard-rock classique "Don’t Lose Your Mind" qui par son style US lorgne vers Alice Cooper (d’ailleurs, Du Cann semble parfois vouloir se transformer en Vincent Furnier) – tout comme "I Can’t Stand It" avec encore une fois, une touche punk.
Plus inscrits dans le style initial d‘Atomic Rooster, le très réussi "He Dit It Again" propose un heavy-prog’ tout en simplicité, de même que l’instrumental élaboré et groovy "Watch Out!", alors qu’"In the Shadows" s’impose comme un mid-tempo de près de sept minutes, extrêmement bien incarné, qui renoue avec le meilleur de Death Walks Behind You.
Des nombreuses résurrections qui scandent l’histoire du rock, celle d’Atomic Rooster est sans doute l’une des plus sensationnelles : du panier d’Atomic Rooster, l’album, aucun œuf n’est à jeter. Mais c’est également, hélas, l’une des plus négligées : une injustice qu’il fallait réparer.
À écouter : "They Took Control of You", "She’s My Woman", "He Dit It Again", "Don’t Lose Your Mind"