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Critique d'album

Ange


Les larmes du Dalaï Lama


(15/09/1992 - Mercury - Rock Progressif - Genre : Rock)
Produit par

1- Les Larmes du Dalaï-Lama / 2- Le ballon de Billy / 3- Tout oublier / 4- La Bête / 5- Bonnet rouge / 6- Nonne asistante à personne à Tanger / 7- Couleurs en colère / 8- Les herbes folles / 9- Les enfants du hasard
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Le dernier témoignage poétique de l'Ange des premiers jours."
Jules, le 10/11/2021
( mots)

Ouf, les années 80 sont passées. Une nouvelle décennie s'ouvre pour les Francs-comtois, la troisième. C'est l'heure du bilan. Et à vrai dire, si l'on peut compter de belles réussites parmi les albums d'Ange livrés au cours des années 1980, le sentiment général était que le groupe perdait de la vitesse et manquait d'inspiration. Les grandes pièces progressives étaient réduites à la portion congrue (bien qu'elles sauvèrent souvent un album entier) et l'instabilité du line-up couplée à une instabilité musicale nous montraient un groupe isolé dans une décennie bien pauvre. 


Sauf que dès 1987, ayant peut-être besoin de revenir à l'essence du succès, les frères Décamps ont rappelé deux anciens membres qui ont marqué l'histoire de du groupe pour avoir participé à sa fondation : Jean-Michel Brézovar à la guitare et Daniel Haas à la basse. Ils sont intervenus assez brièvement sur Tout Feu Tout Flamme, ont réintégré le groupe sur Sève Qui Peut et figurent toujours dans le line-up sur Les Larmes du Dalaï-Lama.


Et que dire sur cet album... Il acte ni plus ni moins la renaissance prodigieuse du rock progressif français, qui plus est, par la voix de ses plus illustres représentants. Une renaissance mais également un épilogue car Christian Décamps envisage déjà de tourner la page de la première ère angélique. Cet album donnera lieu à une gigantesque et mémorable tournée d'adieu qui est en fait l'adieu du père Décamps à ses anciens camarades dont son frère Francis. Ange sera prêt à écrire une nouvelle page de son histoire.


Cet album est donc le chant du cygne et on y entre par la grande porte, accompagné par les sonorités envoutantes et orientalisantes du morceau-titre. Ce morceau est grandiloquent dès les premières secondes et nous surprend de bout en bout, notamment, grâce à ses variations de rythme et de structure. Ce morceau est complexe, sa composition digne d'un orfèvre. Cette fois, la théatralité d'Ange réside essentiellement dans sa musique et non plus seulement dans les narrations de Christian Décamps. 


Il n'est pas question véritablement de concept album mais de cet ensemble de titres aux inspirations de voyage se dégage une incroyable cohérence. La production est excellente, les arrangements tous pertinents. Il est difficile de trouver des défauts ici bas... Que des chefs d'œuvre ou des morceaux remarquables. J'insiste mais ce qui marque vraiment est ce changement RADICAL dans la composition et le choix des arrangements et instruments. Il s'en dégage une atmosphère d'un grand professionnalisme et surtout d'une profonde inspiration, ce qui manquait ces derniers temps. Le groupe sait où il va, enfin. 


Et les directions qu'il choisit sont multiples. Ange nous propose un voyage à travers son imaginaire, dépassant les frontières musicales, le tout à bord d'un vaisseau dont les matelots sont en totale symbiose les uns avec les autres. On se laisse transporter dans une ambiance de vieux loup de mer, maritime, en souvenir de Capitaine Coeur De Miel et en hommage au Commandant Cousteau ("Bonnet Rouge"). Puis, le voyage nous ramène dans le passé avec un morceau acoustique au texte anti-raciste dont les arpèges nous évoquent avec émotion "Le Soir Du Diable" ("Couleurs En Colère"). 


Continuant la route, les matelots ravivent les vestiges de la volonté commerciale du groupe qui restent tout de même à dénombrer. On notera à cet égard deux singles potentiels qui retiennent l'attention. "Le Ballon De Billy", classique parmi les classiques du groupe est excellent. Malgré ses arrangements très commerciaux, la magie opère grâce notamment à un Jean-Michel Brézovar très en forme sur le solo habité de fin de morceau. "Tout Oublier", très entêtant avec un texte emprunt de nostalgie n'est pas le meilleur moment de l'album, mais reste largement écoutable. 


La nostalgie est d'ailleurs bien présente dans le voyage que nous propose Ange. En témoigne "Les Herbes Folles" qui mêle souvenirs d'enfance, d'adolescence et hommage à Arthur Rimbault. 


Même si on commence à en avoir l'agréable habitude depuis les débuts du groupe, l'interprétation de Christian Décamps est magistrale. On s'en rend compte particulièrement lorsque le convoi de l'imaginaire fait la rencontre d'une bête prenant les traits du Père sur un morceau qui impressionne par son côté hautement rock et puissant ("La Bête"). Décamps est toujours en forme. 


Le voyage de ces saltimbanques du rêve nous laisse de marbre lorsqu'une halte est faite à Tanger. L'occasion pour l'auditeur de s'émerveiller à l'écoute d'un des meilleurs morceaux d'Ange et un des meilleurs morceaux de rock progressif ("Nonne Assistante A Personne A Tanger"). Un début de morceau façon "Wish You Were Here" avec ses changements de fréquences radio, des notes de flûtes de charmeur de serpents, un orgue orientalisant en guise d'intro et nous voilà plongés dans le voyage promis. Ce titre est remarquable et, à l'instar du morceau-titre, composé à la manière d'un orfèvre. Du pur prog, complexe, harmonique et varié. C'est simple, passé les 4'00 et nous voilà plongé dans un solo nous rappelant les heures de gloire du genre et de ses prodiges Wishbone Ash et autres Camel. Les Francs-Comtois n'ont rien à envier à leurs congénères britanniques. 


Presque 55 minutes ont passé, et nous voilà conduits tranquillement vers la fin de cet album par un hymne grandiloquent, ce qui est devenu une habitude pour Ange ("Les Enfants Du Hasard"). On sort comme on est entrés, très impressionnés.


Les Larmes Du Dalaï Lama a été salué par la critique et demeure un des opus très apprécié des fans. Le sentiment qui demeure est l'envie que cet album accouche d'un successeur de la même veine, tant il témoigne de façon magistrale qu'Ange n'a jamais dit son dernier mot. Il est tout à la fois cet opus, un retour aux sources, une renaissance et... la fin d'un temps. Ange ne sera plus le même et vient de clore la première page de son épopée. Merci. 

Commentaires
FranckyGoes74, le 13/11/2021 à 15:16
Merci pour cette belle critique Jules. Fan de la 1ère heure (je suis de 64), votre analyse me donne grande envie de renouer avec le plus grand groupe de rock théâtral prog français. Pour la petite anecdote, je suis sorti de l'église au bras de ma femme sur L'hymne à la vie en 95. Que de souvenirs ...